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David HUME

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Ce qu'on n'a jamais vu, ce dont on n'a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir ; et il n'y a rien au-dessus du pouvoir de la pensée, sauf ce qui implique une absolue contradiction. Mais, bien que notre pensée semble posséder cette liberté illimitée, nous trouverons, à l'examiner de plus près, qu'elle est réellement resserrée en de très étroites limites et que tout ce pouvoir créateur de l'esprit ne monte à rien de plus qu'à la faculté de composer, de transposer, d'accroître ou de diminuer les matériaux que nous apportent les sens et l'expérience. Quand nous pensons à une montagne d'or, nous joignons seulement deux idées compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant. Nous pouvons concevoir un cheval vertueux ; car le sentiment que nous avons de nous-mêmes nous permet de concevoir la vertu ; et nous pouvons unir celle-ci à la figure et à la forme d'un cheval, animal qui nous est familier. Bref, tous les matériaux de la pensée sont tirés de nos sens, externes ou internes ; c'est seulement leur mélange et leur composition qui dépendent de l'esprit et de la volonté. Ou, pour m'exprimer en langage philosophique, toutes nos idées ou perceptions plus faibles sont des copies de nos impressions, ou perceptions plus vives. David HUME

« Commentaire de texte Ce qu'on n'a jamais vu, ce dont on n'a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir ; et il n'y a rien au-dessus du pouvoir de la pensée, sauf ce qui implique une absolue contradiction.

Mais, bien que notre pensée semble posséder cette liberté illimitée, nous trouverons, a l'examiner de plus près, qu'elle est réellement resserrée en de très étroites limites et que tout ce pouvoir créateur de l'esprit ne monte a rien de plus qu'a la faculté de composer, de transposer, d'accroître ou de diminuer les matériaux que nous apportent les sens et l'expérience.

Quand nous pensons a une montagne d'or, nous joignons seulement deux idées compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant. Nous pouvons concevoir un cheval vertueux ; car le sentiment que nous avons de nous-mêmes nous permet de concevoir la vertu ; et nous pouvons unir celle-ci a la figure et a la forme d'un cheval, animal qui nous est familier. Bref, tous les matériaux de la pensée sont tires de nos sens, externes ou internes ; c'est seulement leur mélange et leur composition qui dépendent de l'esprit et de la volonté.

Ou, pour m'exprimer en langage philosophique, toutes nos idées ou perceptions plus faibles sont des copies de nos impressions, ou perceptions plus vives. David HUME Introduction : Ce texte est un extrait de David Hume, philosophe empiriste anglais du XVIIIeme siècle.

Dans cet extrait Hume traite du thème de la puissance de l’esprit, cela relève de la théorie de la connaissance et des questions philosophiques du type : « Quelle est la nature de l’esprit ? », « Que peut l’esprit ? », « Comment l’esprit fonctionne t-il ? ».

La position que prend Hume sur ce problème est typique de sa philosophie empiriste : l’esprit ne crée rien, il ne fait qu’associer des impressions venant des sens, autrement dit, tout ce qui est dans la pensée vient des sens. Problématique : La pensée ne crée pas ses objets, elle les compose à partir des données de l’expérience, mais comment l’esprit peut il penser au delà de l’expérience ? C’est à ce problème que répond le texte. On peut découper le texte en trois parties : La première partie qui va de « Ce qu'on n'a jamais vu » à « les matériaux que nous apportent les sens et l'expérience.» énonce la thèse empiriste contre la thèse idéaliste. La deuxième partie va de « Quand nous pensons a une montagne d'or » à « animal qui nous est familier ».

On y trouve des exemples qui illustrent la thèse et qui sont tout autant des expériences qui la démontrent. La troisième partie va de « Bref, tous les matériaux de la pensée sont tires de nos sens » à la fin et constitue une reprise synthétique et une thèse philosophique sur la nature de l’esprit et des idées. I : Les pouvoirs de l’esprit. 1) Critique d’une illusion .

Dans la première phrase, Hume énonce la thèse qu’il va critiquer : « il n'y a rien audessus du pouvoir de la pensée, sauf ce qui implique une absolue contradiction », autrement dit, la pensée est totalement libre et créatrice, on reconnaît ici la thèse de l’idéalisme.

Cette illusion naît du fait que nous sommes capables de penser au delà de l’expérience, à des choses que nous n’avons jamais vues ou qui n’existent pas, comme si la pensée créait son univers.

A regarder l’étendue possible de la pensée, on la trouve à juste titre « illimitée ».

Néanmoins, ce n’est que ce qu’elle « semble » être, et Hume nous invite à faire un retour critique sur l’esprit, en l’ « examinant de plus près » c’est à dire en regardant comment il fonctionne on observera ses limites. 2) Hume opère une distinction entre la « pensée » qui est illimitée et l’ « esprit » dont les limites sont très resserrées.

On peut définir la pensée comme l’ensemble des idées et l’esprit comme l’ensemble des « faculté[s] » opérant dans la pensée: bien que les contenus possibles de la pensée (toutes les idées imaginables) soient en droit illimités, les facultés, c’est à dire l’esprit lui même n’a le pouvoir de faire qu’un petit nombre d’opérations. 3) Quel est alors le pouvoir de l’esprit ? Dans la thèse critiquée, c’était un pouvoir sans limites, comme si la pensée créait ses objets.

En fait nous dit Hume l’esprit n’est capable de faire que quelques opérations : « composer, de transposer, d'accroître ou de diminuer les matériaux que nous apportent les sens et l'expérience ».

L’esprit n’a donc pas un pouvoir créateur, toute sa matière première lui vient de l’expérience, son pouvoir consiste à organiser cette matière pour bâtir la pensée intelligible. II : Les exemples. 1) La montagne d’or.

Nous n’avons jamais vu de montagne d’or et nous pouvons en concevoir une, doit on dire que l’esprit invente celle ci de toutes pièces ? Non, il ne fait qu’associer entre elles des impressions que nous avons effectivement eues, que nous « connaissions auparavant », autrement dit l’esprit ne peut dépasser l’expérience présente que par ce qu’il a conservé et accumulé des souvenirs de l’expérience passée.

Sans les données de l’expérience passée, l’esprit ne pourrait pas dépasser l’expérience présente, il ne crée donc rien au delà de l’expérience. 2) Le cheval vertueux.

Cet exemple est judicieux par ce qu’il montre à quel point ce que nous imaginons est en. »

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