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Dans quelle mesure peut-on dire que "je" est un autre ?

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« Cette expression est de Rimbaud, dans la Lettre du Voyant (1871).

"Je est un autre", s'écrie le poète, qui s'est pris comme sujet d'étude, en s'appliquant à dérégler méthodiquement tous ses sens pour faire surgir en lui de l'inconnu.

En plaçant l'être humain dans des conditions de tension (physique ou intellectuelle) excessive, des phénomènes inconnus peuvent surgir.

En vivant dans des conditions dites "normales", l'homme n'expérimente qu'une partie infime de ses possibilités, possibilités qui trouvent à s'exprimer dans des conditions dites "anormales" (ivresse en tous genres).

À première vue, il semble impossible que l'on puisse à la fois être soi-même et autre.

Le sujet est une unité, que seules la maladie ou des substances étrangères sont capables de casser.

Mais dans quelle mesure sommes-nous étrangers à nous-mêmes ? N'y a-t-il pas une part de dépersonnalisation en chacun de nous ? Comme le suggère Stevenson dans Dr Jekill et Mr Hyde, n'y a-t-il pas toujours une part de monstre en nous, que l'on refuse de reconnaître, que l'on ignore, consciemment ou inconsciemment ? La découverte de l'inconscient ne détruit-elle pas toutes les certitudes que l'on pouvait avoir sur nous-mêmes ? Mais cette part inconnue fait-elle nécessairement de "je" un autre ? Le sujet n'est-il pas composé de plusieurs facettes, qui même si elles se contredisent, n'en appartiennent pas moins à la même personne ? Références utiles : Nietzsche, Par-delà bien et mal, 1re partie, paragraphes 16 à 19 ; Freud, Métapsychologie. « Je est un autre.

Si le cuivre devient clairon, il n'y a rien de sa faute.

» Ce mot de Rimbaud, dans sa lettre à Paul Demeny (15 mai 1871), caractérise l'inspiration du poète qui se fait « voyant ».

N'a-t-elle pas une portée générale ? 1. Autrui est nécessaire à la constitution de la conscience de soi. A ~ La conscience de soi se différencie du monde naturel. q Comme le remarque Hegel, l'être conscience possède une double existence : d'une part, l'existence qu'il partage avec toutes les choses qui existent naturellement et, d'autre part, la représentation de sa propre existence, qu'il acquiert par sa capacité à penser, mais aussi par son activité pratique. q La conscience de soi se construit donc dans un rapport au monde externe, dont elle se différencie par un mouvement de négation : je ne suis pas cela ! B ~ L'autre conscience opère la même négation. q Or, parmi les phénomènes, il en est qui opèrent la même différenciation entre eux-mêmes et le monde extérieur : d'autres consciences de soi ne se contentent pas d'exister, mais se vivent et se reconnaissent ellesmêmes dans un mouvement de différenciation active (négativité) par rapport aux choses naturelles. q Hegel souligne que la conscience de soi ne trouve sa pleine satisfaction que dans cette rencontre d'une autre conscience de soi ; celle-ci permet à la conscience de se confronter à une image d'elle-même, dans laquelle elle puisse se (re)connaître, mais aussi de faire l'expérience de sa liberté. C ~ Reconnaissance et conflit. q Le souhait de la conscience est en effet d'être reconnue par l'autre dans sa singularité et dans sa liberté ; on sait combien l'enfant a besoin de trouver chez sqes parents ou dans son entourage une reconnaissance de sa propre valeur. q Mais cette attente se heurte au même désir de reconnaissance venu de l'autre, ou se trouver en contradiction avec le désir de celui dont j'attends pourtant d'être reconnu : reconnaissance et affirmation de sa liberté deviennent contradictoires. q Mais Hegel montre également que celui impose son pouvoir peut devenir dépendant de ceux qu'il asservit, et que l'esclave devient par son travail même indépendant du maître : conflits et contradictions ne sont pas figés, ce sont les moteurs mêmes des transformations de la conscience et de celles de l'histoire... 2. Qui suis-je ? A ~ Ambiguïté du terme même d'identité. q Il n'est donc pas évident de définir l'identité de celui qui change au cours du temps, et qui n'est lui-même qu'à partir de sa relation avec autrui. q Le terme d' « identité » porte d'ailleurs en français la trace de cette faculté, puisque le mot signifie à la fois. »

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