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Croire a la morale, est-ce condamner la vie ?

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« [Croire en la morale et agir moralement, c'est renoncer à la plupart de nos penchants.

Le bien est l'exact opposé de ce qui nous procure du plaisir.

Nous sommes des êtres de désir. Pourtant, la morale condamne le désir.] La chair est corrompue La morale chrétienne se fonde sur l'idée de «chute initiale», dont Adam, le premier pécheur, est le responsable.

L'homme étant déchu, il ne peut espérer le salut qu'en se vouant entièrement à l'amour de Dieu. Cet amour s'oppose à tout ce qui rappelle sa nature déchue, c'est-à-dire son existence charnelle, ses penchants naturels, ses désirs. La morale est une négation de la vie Dans La Généalogie de la morale, Nietzsche montre comment la «morale des prêtres» en est venue à nier les instincts, à renverser les valeurs.

Le bien n'est pas ce qui vivifie l'instinct de vie, mais, au contraire, ce qui l'affaiblit.

L'amour de Dieu se transforme en une haine de soi.

L'amour du prochain n'est pas l'amour de l'humain en général, mais seulement du chrétien. Le christianisme, par le fait qu'il a placé au premier plan la doctrine du désintéressement et de l'amour, a été bien loin encore d'élever l'intérêt de l'espèce plus haut que l'intérêt de l'individu.

(...) Pour l'espèce il est nécessaire que le malvenu, le faible, le dégénéré périssent: mais c'est à ceux-là que le christianisme fait appel, en tant que force conservatrice, renforçant ainsi cet instinct déjà puissant chez les êtres faibles, de se ménager, de se conserver, de se soutenir mutuellement. Qu'est la «vertu» et la «charité» dans le christianisme, si ce n'est cette réciprocité dans la conservation, cette solidarité des faibles, cette entrave de la sélection? Qu'est l'altruisme chrétien, sinon l'égoïsme collectif des faibles qui devine que si tous veillent les uns pour les autres, chacun sera conservé le plus longtemps? ...

Si l'on ne considère pas un pareil état d'esprit comme le comble de l'immoralité, comme un attentat à la vie, on fait partie de ce ramassis de malades et on en a les instincts...

Le véritable amour des hommes exige le sacrifice au bien de l'espèce, – il est dur, il est fait de victoires sur soi-même, parce qu'il a besoin du sacrifice humain.

NIETZSCHE. Nietzsche consacra une grande partie de son oeuvre à tenter de briser l'échelle de valeurs chrétiennes.

Mais alors que Kant critiquait l'amour chrétien au nom des intérêts métaphysiques de la Raison pratique, Nietzsche critique férocement la charité en se référant aux droits supérieurs de la vie.

Dans cette optique, il voudra démontrer que l'exaltation des valeurs altruistes est le symptôme d'un appauvrissement de la vitalité. POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Dans ce texte violent, Nietzsche tente de révéler combien les valeurs chrétiennes sont contraires à leur prétention affichée.

En effet, le développement de ces principes, loin d'assurer le bonheur et la perfection de l'humanité, la conduisent à une déchéance progressive.

Le progrès véritable de l'espèce humaine suppose en effet le sacrifice de ses éléments les plus faibles.

Mais c'est précisément au nom de la survie de ceux-là que se prononcent les préceptes évangéliques.

L'amour chrétien dans sa prétention à l'universalité et à la gratuité totale, masque la défense d'un intérêt très particulier: la sauvegarde et la protection des faibles que les lois de la vie auraient autrement sacrifiés.

Sous l'auguste bannière de valeurs transcendantes, on affirme en fait sa volonté terrestre de survie.

Mais par là-même, c'est le développement de l'espèce humaine en son entier qui se trouve contrarié et menacé par cette conservation.

C'est donc au nom des valeurs de la Vie et d'un moralisme supérieur (intéressant l'espèce humaine toute entière) que Nietzsche prononce la condamnation de l'altruisme chrétien. Agir moralement, c'est se détourner du monde. »

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