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Cours sur la notion de DEVOIR.

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Certains fondent toute morale sur le devoir, tenu pour une obligation inconditionnée et absolue; d'autres sur un droit positif, défini à partir de la force  (Hobbes), ou d'une réalité donnée. Les uns et les autres aboutissent à des morales de l'obligation, où la conscience a surtout à se soumettre. On peut penser au contraire que le devoir et le droit n'ont de sens que par rapport au Bien, valeur que la conscience morale oppose à ce qui est, valeur qui lui paraît plus désirable que contraignante, et par laquelle elle affirme son pouvoir de juger et de dépasser tout ce qui s'impose à elle à titre de fait.

 

A. Contrainte sociale et obligation morale.

 

La morale courante accorde une place prépondérante à l'idée de devoir: être moral, c'est, avant tout, faire son devoir. Mais, le devoir se présente à nous sous deux aspects: l'un social et collectif, l'autre individuel et intérieur.

 

            Sous son aspect social, le devoir est fondé sur les lois de la société (impôts..). En ce sens, le devoir est l'obligation où se trouve l'individu d'accomplir certains actes sous peine de sanctions légales.

Mais souvent nous nous sentons obligés d'agir de telle ou telle manière sans que cette obligation puisse se réduire à la nécessité physique ou à la contrainte sociale. Au contraire, le sentiment de notre obligation morale est lié à l'idée de la contingence de notre acte (pour se sentir moralement obligé d'agir d'une certaine façon, il faut sentir que l'on pourrait agir autrement.

« Certains fondent toute morale sur le devoir, tenu pour une obligation inconditionnée et absolue; d'autres sur un droit positif, défini à partir de la force (Hobbes), ou d'une réalité donnée.

Les uns et les autres aboutissent à des morales de l'obligation, où la conscience a surtout à se soumettre.

On peut penser au contraire que le devoir et le droit n'ont de sens que par rapport au Bien, valeur que la conscience morale oppose à ce qui est, valeur qui lui paraît plus désirable que contraignante, et par laquelle elle affirme son pouvoir de juger et de dépasser tout ce qui s'impose à elle à titre de fait. A.

Contrainte sociale et obligation morale. La morale courante accorde une place prépondérante à l'idée de devoir: être moral, c'est, avant tout, faire son devoir.

Mais, le devoir se présente à nous sous deux aspects: l'un social et collectif, l'autre individuel et intérieur. Sous son aspect social, le devoir est fondé sur les lois de la société (impôts..).

En ce sens, le devoir est l'obligation où se trouve l'individu d'accomplir certains actes sous peine de sanctions légales. Mais souvent nous nous sentons obligés d'agir de telle ou telle manière sans que cette obligation puisse se réduire à la nécessité physique ou à la contrainte sociale.

Au contraire, le sentiment de notre obligation morale est lié à l'idée de la contingence de notre acte (pour se sentir moralement obligé d'agir d'une certaine façon, il faut sentir que l'on pourrait agir autrement. En certain cas, nulle contrainte, physique ou sociale, ne nous impose une conduite; nous sommes libres de faire ce qui nous plaît; et pourtant nous nous sentons intérieurement obligés d'accomplir tel ou tel acte.

Le devoir se présente donc comme une obligation purement morale: il se traduit par un sentiment de contrainte intérieure susceptible de déterminer notre action en faisant échec à nos craintes, à nos penchants. Le devoir social a sa source dans la loi établie par la société.

De même, le devoir moral peut être considéré comme l'expression de la loi morale présente en notre conscience.

On sait que cette loi nous semble à la fois noncontraignante et nécessaire, individuelle et universelle.

Ces caractère contradictoires se retrouvent dans le devoir: l'acte que le sentiment de l'obligation morale nous ordonne d'accomplir nous apparaît à la fois comme contingent (puisque nous pouvons l'accomplir ou non) et comme nécessaire (puisque nous devons l'accomplir).

En ce sens, on peut dire que nous sommes à la fois libres et contraints.

De même, le sentiment de l'obligation morale semble n'avoir son siège qu'en nous, et pourtant nous dépasser et se présenter comme universellement valable. B.

Interprétations du devoir. Toutes les interprétations que l'on a données du devoir se proposent de rendre compte de cette contradiction: il s'agit, pour cela, de découvrir un dualisme intérieur à l'homme, de montrer que, dans le devoir, l'homme social contraint l'homme individuel, ou que l'homme rationnel contraint l'homme affectif, ect. Les sociologues ont surtout insisté sur la contradiction existant entre le fait que le devoir semble émaner de nous et le fait qu'il nous contraigne.

Pour la résoudre, ils font appel à leur conception particulière des rapports de la conscience collective et de la conscience individuelle.

Le devoir proviendrait du sentiment que nous prenons de la contrainte que la société exerce sur nous.

Si un tel sentiment semble à la fois nous dépasser et émaner de nous, c'est que la conscience collective dépasse la conscience individuelle, et pourtant vit en elle. Cette thèse ne semble pas rendre exactement compte des caractère du devoir.

En faisant notre devoir, nous n'avons pas l'impression d'obéir à une contrainte sociale, mais au contraire d'accomplir une action que nous avons jugée bonne.

Le devoir semble émaner de notre conscience individuelle, qui le fonde et le justifie: il exprime notre liberté.

En outre, il arrive que la conscience ressente comme des devoirs des obligations non sociales.

Parfois même la conscience individuelle (à tort ou à raison, mais avec sincérité) critique les lois de la société, les juges: immorales et s'insurge contre elles.

Le sentiment du devoir ne paraît donc pas pouvoir être intégralement expliqué à partir de la conscience collective. Aussi, la plupart des moralistes ont-ils cherché l'explication du devoir dans la conscience individuelle.

C'est ainsi que, pour Kant, la loi morale émane de la raison.

Le sentiment d'obligation qui est le propre du devoir provient de ce qu'il y a en nous des obstacles à la détermination de la volonté par la loi morale.

Si, en effet, nous étions seulement des êtres raisonnables, nous obéirions sans contrainte aux ordres de la raison.

Mais nous sommes aussi des êtres sensibles, et nos inclinations contrecarrent souvent les décisions de notre volonté raisonnable.

La loi morale prend alors la forme d'un impératif, impératif catégorique nous commandant sans condition.

Un tel impératif émane de la raison: nos tendances n'y ont point de part. On peut trouver inexacte cette division radicale de l'homme en "nature sensible" et "en raison", et penser que le dualisme dont émane le sentiment du devoir peut, en bien des cas, être intérieur à notre sensibilité ellemême.

Si je me sens le devoir de rendre de l'argent que j'ai trouvé, sans doute est-ce aussi bien en considérant la peine qu'éprouvent ceux qui l'ont perdu, en étant ému de leur chagrin, que par une obligation rationnelle.

De façon plus générale, il semble difficile de séparer l'idée de devoir de celle de Bien, et de concevoir le Bien indépen damment d'une tendance, d'une inclination vers le Bien.

Le devoir ne se présente pas à nous sous la forme d'un impératif catégorique commandant sans condition: dans la délibération morale nous hésitons souvent pour savoir lequel, de deux actes, est le meilleur; nous pouvons refuser d'accomplir un devoir au nom d'un devoir plus impérieux.

En un mot, l'action que nous nous sentons moralement obligés d'accomplir meilleure". Il ne paraît donc pas possible de partir du devoir, conçu comme une obligation inconditionnée, pour reconstruire la moralité.

La vie morale ne saurait avoir pour base l'acceptation d'une obligation qui ne se justifie pas, que celle-ci. »

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