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COURNOT: Bornons-nous [...] a considerer les phenomenes naturels...

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Bornons-nous [...] à considérer les phénomènes naturels où les causes et les effets s'enchaînent, de l'aveu de tout le monde, d'après une nécessité rigoureuse ; alors il sera certainement vrai de dire que le présent est gros de l'avenir, et de tout l'avenir, en ce sens que toutes les phases subséquentes sont implicitement déterminées par la phase actuelle, sous l'action des lois permanentes ou des décrets éternels auxquels la nature obéit ; mais on ne pourra pas dire sans restriction que le présent est de même gros du passé, car il y a eu dans le passé des phases dont l'état actuel n'offre plus de traces, et auxquelles l'intelligence la plus puissante ne saurait remonter, d'après la connaissance théorique des lois permanentes et l'observation de l'état actuel ; tandis que cela suffirait à une intelligence pourvue de facultés analogues à celles de l'homme, quoique plus puissantes, pour lire dans l'état actuel la série de tous les phénomènes futurs, ou du moins pour embrasser une portion de cette série d'autant plus grande que ses facultés iraient en se perfectionnant davantage. Ainsi, quelque bizarre que l'assertion puisse paraître au premier coup d'oeil, la raison est plus apte à connaître scientifiquement l'avenir que le passé. COURNOT

L'enjeu du texte est multiple. L'auteur oppose de manière directe la connaissance du passé et la connaissance de l'avenir. Et pour cela il pose dès la première phrase le savoir scientifique comme un savoir relevant de l'universel et de la nécessité, tel que Kant l'a posé.  Cela ne veut pourtant pas dire qu'il y adhère, en effet, les deux premiers mots "bornons-nous" laissent en effet à penser qu'il ne partage pas totalement cette conception des choses.  Si les phénomènes sont détermines par une loi de causalité nécessaire, l'avenir est-il alors plus facilement connaissable que le passé?

Il est possible de décomposer le texte en trois grandes parties( séparées par les tirets rouges). La première partie pose le déterminisme du monde, la deuxième partie porte sur l'impossibilité de la certitude du savoir historique et la troisième avance la supériorité du savoir scientifique au savoir historique.

 

« Bornons-nous [...] à considérer les phénomènes naturels où les causes et les effets s'enchaînent, de l'aveu de tout le monde, d'après une nécessité rigoureuse ; alors il sera certainement vrai de dire que le présent est gros de l'avenir, et de tout l'avenir, en ce sens que toutes les phases subséquentes sont implicitement déterminées par la phase actuelle, sous l'action des lois permanentes ou des décrets éternels auxquels la nature obéit ; / mais on ne pourra pas dire sans restriction que le présent est de même gros du passé, car il y a eu dans le passé des phases dont l'état actuel n'offre plus de traces, et auxquelles l'intelligence la plus puissante ne saurait remonter, d'après la connaissance théorique des lois permanentes et l'observation de l'état actuel ; / tandis que cela suffirait à une intelligence pourvue de facultés analogues à celles de l'homme, quoique plus puissantes, pour lire dans l'état actuel la série de tous les phénomènes futurs, ou du moins pour embrasser une portion de cette série d'autant plus grande que ses facultés iraient en se perfectionnant davantage.

Ainsi, quelque bizarre que l'assertion puisse paraître au premier coup d'œil, la raison est plus apte à connaître scientifiquement l'avenir que le passé.

COURNOT L'enjeu du texte est multiple.

L'auteur oppose de manière directe la connaissance du passé et la connaissance de l'avenir.

Et pour cela il pose dès la première phrase le savoir scientifique comme un savoir relevant de l'universel et de la nécessité, tel que Kant l'a posé.

Cela ne veut pourtant pas dire qu'il y adhère, en effet, les deux premiers mots "bornons-nous" laissent en effet à penser qu'il ne partage pas totalement cette conception des choses.

Si les phénomènes sont détermines par une loi de causalité nécessaire, l'avenir est-il alors plus facilement connaissable que le passé? Il est possible de décomposer le texte en trois grandes parties( séparées par les tirets rouges).

La première partie pose le déterminisme du monde, la deuxième partie porte sur l'impossibilité de la certitude du savoir historique et la troisième avance la supériorité du savoir scientifique au savoir historique. Le présent contient le germe de l'avenir Le déterminisme se définit donc par une relation nécessaire entre une cause et un effet.

Cette notion est au fondement même de celle de loi physique.

Le déterminisme puisqu'il postule que "les causes et les effets s'enchaînent [...] d'après une nécessité rigoureuse" s'oppose au hasard. Comme le dit Kant, connaître ce n'est pas constater, c'est utiliser des mots comme "nécessairement", "tous", "toujours", qui ne dérivent pas de l'expérience, c'est savoir qu'un phénomène se produira de telle manière à telle moment de manière exacte. Ce qui veut dire que si l'on connaît l'état d'un système à un moment donné, on peut prévoir comment il va se comporter dans le futur selon les lois que l'on a établies.

C'est par exemple, l'astronomie, le fait de savoir que le soleil se lèvera demain ou la physique, la loi de la gravitation. Le passé ne peut plus se voir dans le présent Il n'est pourtant pas possible par les mêmes lois de remonter dans le passé.

Cela peut paraître paradoxal.

En effet, la causalité postule que tout arrive telle qu'une loi l'ordonne.

Ainsi la police scientifique peut aujourd'hui déterminer de où un projectile a été lancé selon la force et la direction d'un impact.

Et pourtant il est possible qu'un événement ait influencé le phénomène en question sans qu'il soit possible de le savoir.

Imaginons au moment où le projectile a été lancé, une bourrasque de vent en a détourné de très peu la trajectoire.

Il sera très compliqué d'en avoir la trace. Il s'agit donc en étudiant le passé de faire preuve de réserve et de modestie dans la mesure où notre connaissance n'en sera jamais certaine. L'avenir est donc prévisible? Cournot reprend ici l'idée de Laplace, à savoir qu'une intelligence qui aurait en ses connaissances toutes les forces présentes dans la nature pourrait connaître de façon certaine l'avenir. Il est pourtant possible de douter de cette idée.

Laplace affirme en effet qu'une telle intelligence connaîtrait aussi bien le passé que le présent.

Si le monde n'est qu'un vaste système où tout est déterminé selon des lois, alors il n'y a que peut de différence entre passé et avenir.

(Nous parlons ici des phénomènes physiques, il n'est pas question des actes humains) Si un mobile tombe d'un arbre un jour avant mon propos ou un jour après, il sera toujours soumis aux mêmes lois et aux mêmes conditions.

La bourrasque de vent dont on parlait en deuxième partie soit peut être prévue par les règles de la météorologie et dans ce cas si les conditions météorologiques ont été enregistrées, on pourra postuler son existence a posteriori ou alors elle n'est pas prévisible et dans ce cas, il y a place au hasard dans notre monde. L'auteur ici postule donc que si tout phénomène est déterminé par un état antérieur et est fixé par des lois, alors le présent contient forcément l'avenir.

Selon lui la réciproque n'est pas vraie puisque le présent n'a pas gardé les traces de tous les événements.

La certitude concernant les faits passés ne serait alors pas aussi grande que celle portant sur les phénomènes à venir.

Il semble pourtant que cette affirmation mette à mal l'hypothèse même de détermination physique du monde.

Ce déterminisme sera d'ailleurs remis en question par la physique du XXème siècle par la découverte de certains phénomènes indéterminés, appréhendables uniquement au moyen de statistique ou de probabilité.. »

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