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COURNOT

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S'il n'y a pas d'histoire proprement dite, là où les événements dérivent nécessairement et régulièrement les uns des autres en vertu de lois constantes', il n'y a pas non plus d'histoire, dans le vrai sens du mot, pour une suite d'événements qui seraient sans aucune liaison entre eux. Ainsi les registres d'une loterie publique pourraient offrir une succession de coups singuliers, quelquefois piquants pour la curiosité, mais ne constitueraient pas une histoire : car les coups se succèdent sans s'enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent, à peu près comme dans ces annales où les prêtres de l'Antiquité avaient soin de consigner' les monstruosités et les prodiges à mesure qu'ils venaient à leur connaissance. Tous ces événements merveilleux, sans liaison les uns avec les autres, ne peuvent former une histoire, dans le vrai sens du mot, quoiqu'ils se succèdent suivant un certain ordre chronologique. COURNOT

« S'il n'y a pas d'histoire proprement dite, là où les événements dérivent nécessairement et régulièrement les uns des autres en vertu de lois constantes', il n'y a pas non plus d'histoire, dans le vrai sens du mot, pour une suite d'événements qui seraient sans aucune liaison entre eux.

Ainsi les registres d'une loterie publique pourraient offrir une succession de coups singuliers, quelquefois piquants pour la curiosité, mais ne constitueraient pas une histoire : car les coups se succèdent sans s'enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent, à peu près comme dans ces annales où les prêtres de l'Antiquité avaient soin de consigner' les monstruosités et les prodiges à mesure qu'ils venaient à leur connaissance.

Tous ces événements merveilleux, sans liaison les uns avec les autres, ne peuvent former une histoire, dans le vrai sens du mot, quoiqu'ils se succèdent suivant un certain ordre chronologique. > QUESTIONS 1.

Énoncez l'idée centrale et la structure du texte. 2.

Expliquez : a.

« car les coups se succèdent sans s'enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent » ; b.

pourquoi « les registres d'une loterie publique » ne forment pas un récit. 3.

En quoi l'histoire n'est-elle pas seulement une succession d'événements ? > QUESTION 1 Cournot soutient que les événements en tant que tels ne suffisent pas à former une histoire.

Il faut en outre de la « liaison » entre eux.

Mais cette « liaison » ne doit pas être une loi nécessaire, une loi physique par exemple.

L'histoire doit donc à la fois comporter du « liant », et laisser de la place au hasard et à l'initiative humaine. Le texte de Cournot commence par l'énoncé de sa thèse, à savoir de la définition de l'histoire « proprement dite » ou « dans le vrai sens du mot » : elle n'est ni une suite nécessaire ni une succession aléatoire d'événements, mais des événements « liés » entre eux, par une logique qu'on présume être celle du sens et de la liberté humaines.

Puis Cournot prend deux exemples : les registres d'une loterie publique et les annales des prêtres de l'Antiquité.

Ces deux exemples concernent la seconde définition rejetée par Cournot, la première ayant apparemment fait l'objet d'un examen préalable au texte.

La dernière phrase conclut sur l'exemple des annales en reprenant la thèse du texte : ils ne constituent pas une histoire car ils sont dépourvus de toute « liaison ». > QUESTION 2 a.

« car les coups se succèdent sans s'enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent » L'exemple de la loterie intervient pour illustrer la seconde conception de l'histoire rejetée par Cournot : l'histoire comme succession aléatoire d'événements.

Les différents tirages de la loterie n'ont en effet aucun rapport entre eux.

Il n'y a aucune loi de causalité, ni même d'« influence », de l'un à l'autre : ce n'est pas parce qu'un numéro est déjà sorti qu'il ne sortira pas une seconde fois, et ce n'est pas parce qu'un individu joue toujours qu'Il a plus de chances de gagner qu'un autre jouant pour la première fois.

La loterie est le pur règne du hasard.

Or l'histoire n'est pas une loterie.

Les événements qui la composent sont porteurs de sens, et exercent une influence les uns sur les autres, même à long terme : la république aurait-elle pu advenir sans la Révolution ? b.

« les registres d'une loterie publique » ne forment pas un récit parce qu'ils consignent les noms et éventuellement les gains des gagnants, sans qu'aucune liaison ne soit repérable de l'un à l'autre.

Ces personnes n'ont d'autre point commun que d'avoir gagné au même jeu.

Mais aucune n'a exercé d'influence sur le gain de l'autre.

Ce registre ne constitue donc pas une « histoire » ou un « récit » au sens rigoureux du terme. > QUESTION 3 [Introduction] On se représente généralement l'histoire comme une succession d'événements, rythmée par des batailles et des grands hommes.

C'est l'histoire comprise comme chronologie, telle qu'elle nous est par exemple enseignée à l'école élémentaire, ou telle qu'on l'appréhende lorsqu'on veut connaître la biographie rapide d'un individu ou les faits marquants d'une époque, d'un pays. Mais comment définir exactement l'événement ? La naissance d'un enfant en est un pour une famille, mais laisse la majeure partie des autres indifférente.

Et à trop insister sur des faits ponctuels, on en oublie la structure qui les a portés et permet de les comprendre : peut-on vraiment étudier le siècle de Louis XIV sans s'intéresser à son peuple et à ses mentalités ? L'enjeu de ce questionnement réside bien sûr dans une définition satisfaisante de l'histoire.

Mais il engage surtout le sens qu'elle peut avoir pour l'homme qui la fait et l'étudie. [I.

L'événement n'est pas un critère satisfaisant pour définir l'histoire] [1.

Les apories de la définition de l'événement] Pour définir un événement, on peut recourir à deux critères : le hasard et l'importance des conséquences.

Un. »

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