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Condillac, La statue sentante

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« Indications générales Étienne Bonnot de Condillac (1715-1780) est un représentant de la psychologie des Lumières.

S'inspirant de Locke* pour critiquer la théorie des idées innées de Descartes, il développe la théorie du sensualisme selon laquelle la sensation est la source de toutes nos idées et de toute connaissance.

Pour le montrer, il imagine une statue «organisée à l'intérieur comme nous et animée d'un esprit privé de toute espèce d'idée».

Comment les idées lui viendront-elles? Citation «Les connaissances de notre statue bornée au sens de l'odorat ne peuvent s'étendre qu'à des odeurs.

Elle ne peut pas plus avoir les idées d'étendue, de figure, ni de rien qui soit hors d'elle, ou hors de ses sensations, que celle de couleur, de son, de saveur.

Si nous lui présentons une rose, elle sera par rapport à nous une statue qui sent une rose; mais par rapport à elle, elle ne sera que l'odeur même de cette fleur.

Elle sera donc odeur de rose, d'oeillet, de jasmin, de violette suivant les objets qui agiront sur son organe.

» (Traité des sensations, 1755.) Explication Par la fiction de cette statue vide de toute expérience mais capable de sensations, Condillac retrace une genèse de la formation de nos idées.

Ce qu'il met en évidence, c'est que ce sont les stimuli du monde extérieur qui façonnent ce qui se passe dans notre esprit.

Si on lui présente une fleur, elle «sera l'odeur même de cette fleur», c'est-à-dire que toute son expérience se réduira à cette odeur, sans point de comparaison, et sans inscription de la singularité de cette expérience dans le cadre d'une idée générale de fleur ou d'odeur (ou de matière).

Condillac va ainsi encore plus loin que Locke*, pour qui nos idées avaient une double origine (sensation et réflexion).

Pour lui, c'est la sensation qui est la seule source de la connaissance, et qui détermine ensuite les différents contenus de conscience: attention, souvenir, désir... Exemple d'utilisation La doctrine de la sensation de Condillac est un exemple classique d'empirisme qui peut être mis en regard du rationalisme de Descartes.

Il faut bien voir aussi comment ce sensualisme va de pair avec une critique de l'idée de substance, qui débouche, chez Condillac, sur une critique du langage.

Pour lui, les mots ne désignent pas des substances, mais des opérations concrètes: ainsi «penser» veut d'abord dire «peser», «comparer»: c'est en comptant leurs doigts que les hommes ont inventé le calcul.

Condillac montre donc le lien entre le langage et la pensée.

D'où la phrase: «Toute science n'est qu'une langue bien faite», qui correspond à l'idée que le progrès de la science consiste à remplacer des mots au sens vague par des symboles d'un maniement plus rapide et plus efficace, comme en mathématiques. SUJET TYPE: La science va-t-elle au-delà des apparences? Contresens à ne pas commettre Dire que toute connaissance nous vient des sensations ne signifie pas que Condillac considère l'esprit comme un récepteur purement passif.

Ce serait considérer le «moi» comme une substance qui serait progressivement remplie.

Mais justement, pour Condillac, il n'y a pas de «substances».

Le sentiment du «moi» vient de la rencontre entre les sensations présentes et celles du souvenir.

C'est dire que la réceptivité est déjà une activité.. »

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