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Commenter : « Agis toujours de telle sorte que la maxime de ta volonté, c'est-à-dire la règle à laquelle tu obéis, puisse revêtir la forme d'un principe de législation universelle » ?

Extrait du document

« Observation.

— On reconnaît ici le premier principe de la Raison pratique dans la Morale de Kant.

Mais le texte est quelque peu altéré.

Le texte authentique est le suivant : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir qu'elle devienne une loi universelle.

» Un peu plus bas, Kant donne- cette autre version de la formule : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature » (Fondement de la Métaphysique des Moeurs, 2e section, trad.

Delbos p.

137).

On remarquera que les deux formules mettent en relief la volonté d'universalité dans l'action, ce que ne fait pas suffisamment le texte proposé.

D'autre part, il y a lieu de noter que Kant distingue soigneusement la maxime qui est, dit-il, « le principe subjectif » de l'action, de la loi pratique qui en est « le principe objectif », c'est-à-dire celui « qui servirait aussi subjectivement de principe pratique à tous les êtres raisonnables si la raison avait plein pouvoir sur la faculté de désirer » (Ibid., 1er section, p.

101). Introduction.

KANT a posé comme principe fondamental de sa Morale la volonté d'universalisation de la règle prise pour maxime, c'est-à-dire pour principe subjectif, de l'action.

Nous expliquerons d'abord le sens et la portée de cette formule; nous nous interrogerons ensuite sur sa valeur. I.

Le sens de la formule kantienne. A.

— L'impératif moral — le Devoir — se distingue de tous les autres, les impératifs de la « prudence » ou de l'« habileté », par exemple, en ce que ceux-ci ne sont que des impératifs hypothétiques, c'est-à-dire soumis à une condition — « si tu veux obtenir tel résultat, tu dois employer tel ou tel moyen » — en ce que cet impératif moral est catégorique : le Devoir commande sans condition, ainsi que l'exprime le proverbe : « Fais ce que dois, advienne que pourra.

» Il en résulte, dit KANT, puisque « la loi ne contient aucune condition à laquelle elle soit astreinte », qu'il « ne reste rien que l'universalité d'une loi en général, à laquelle la maxime de l'action doit être conforme...

Il n'y a donc qu'un impératif catégorique, et c'est celui-ci : Agis uniquement...

a, etc. KANT : le devoir comme impératif catégorique Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans ce cas la raison exerce une contrainte sur la volonté.

Cette contrainte s'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes : — les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions considérées non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-àdire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendre ce médicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifs hypothétiques se rattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ; — les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, mais pour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté sait qu'elle doit s'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifs catégoriques s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.

Ils se caractérisent donc par leur universalité.

C'est pourquoi il n'y a au fond qu'un seul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».

De cette formule, Kant en déduit trois autres : • « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

» • « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» • « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne des fins rendu possible par la liberté de la volonté.

» B.

— KANT donne quatre exemples de l'application de cette règle.

— 1° Le premier est emprunté aux devoirs envers soi-même.

Un homme, désespéré à la suite de maux qu'il a subis, est tenté de se donner la mort.

Mais la maxime de son action ne peut devenir une loi universelle de la nature.

Car ce serait une contradiction que la disposition à vivre qui est en nous fût employée par notre volonté à détruire cette vie elle-même.

— 2° Les devoirs envers autrui peuvent fournir un deuxième exemple.

Un homme, qui a besoin d'argent, promet de rendre ce qu'on lui prêtera, tout en sachant qu'il lui sera impossible de s'acquitter de sa dette.

Il est évident qu'une telle conduite devient, elle aussi, contradictoire dès qu'on en universalise la maxime.

Car le fait même de promettre deviendrait impossible si personne ne tenait ses engagements, ce qui détruirait toute confiance dans les promesses.

— 3° Le troisième et le quatrième exemples sont empruntés à ce que KANT appelle les « devoirs imparfaits » ou devoirs larges.

Un homme, qui a des talents naturels, les laisse sans culture parce qu'il se trouve dans une situation aisée et n'éprouve pas le besoin de les développer.

Certes, ici, on conçoit qu'une nature puisse subsister selon cette loi universelle de laisser ses dons sans culture.

Mais on ne peut vouloir raisonnablement que cela devienne une loi universelle : car tout être raisonnable veut nécessairement que toutes ses facultés,, qui lui sont données pour toutes sortes de fins possibles, se développent.

— 4° Supposons enfin un homme juste qui ne fait de tort à personne, qui respecte scrupuleusement les droits de ses semblables, mais qui, voyant d'autres hommes aux prises avec de grandes difficultés, s'abstient de leur venir en aide, alors que ses moyens lui permettraient de le faire.

Ici encore, on peut concevoir que cette façon. »

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