Aide en Philo

Comment se situer face au problème de la vérité ?

Extrait du document

« Termes du sujet: PROBLÈME: Toute difficulté théorique ou pratique dont la solution est incertaine.

Dans les sciences, question à résoudre à l'aide de la méthode appropriée et des connaissances déjà acquises. Vérité La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet luimême mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. C'est un préjugé auquel l'on n'échappe pas: nous attendons la vérité sous un certain jour.

Ce préjugé peut bien sûr varier au cours de l'existence; d'où vient-il? Vraisemblablement de notre caractère (qui évolue) et de nos diverses expériences.

Entre optimisme et pessimisme, entre espoir et désespoir, l'on peut décrire plusieurs situations typiques, mais il ne faut pas oublier, entre les deux extrêmes, les nombreuses étapes intermédiaires. QU'EST-CE QU'UN DOGMATIQUE? Le dogmatique se persuade qu'il peut percer tous les mystères du monde.

Il trouve des évidences, et sans l'ombre d'un doute en tire des vérités universelles et nécessaires.

Il prétend vaincre, par une nouvelle méthode, les erreurs, les fautes, et généralement toutes les misères du monde.

Il se pose en sauveur, rayant d'un trait l'oeuvre de ses prédécesseurs. QU'EST-CE QU'UN SCEPTIQUE ? Le sceptique déclare que tout homme est incapable de vérité.

Même cette affirmation n'a qu'une valeur négative.

Le sceptique doute, s'abstient, suspend tout jugement (exception faite dans la vie pratique où il existe des « préférables », par exemple tel aliment, ou tel chemin), et par là prétend atteindre la tranquillité ou le bonheur. QU'EST-CE QU'UN NIHILISTE ? Le nihiliste affirme qu'il n'y a « aucune conformation absolue des choses »; tout est en mouvement, or le langage trompeusement avec la pensée fixe des idées immobiles.

Selon lui, nos sciences sont aussi erronées que les mythologies : « Dieu est mort », et avec lui toute vérité; il ne reste qu'à l'homme ou au « surhomme » à inventer de quoi compenser cette vacance abominable. Le nihiliste nie toute finalité : il y a des chemins, mais aucun but, aucune destination.

Cette attitude conduit soit au suicide, violent, ou bien lent par divers poisons; par exemple les drogues, l'alcool, les crimes; soit à un consentement sans faille à tous les épisodes de l'existence, ce que l'on appelle amor fati, amour ou acquiescement à ce qui de toute façon arrive fatalement (car le nihiliste nie d'abord la liberté humaine), résignation appuyée 'envers tout ce qui survient comme si tout était bien.

La force qu'exige pareille attitude est proprement surhumaine, c'est pourquoi Nietzsche le nihiliste en appelait au « surhomme ». Qu'est-ce qu'un énigmatiste? « Il a bien plus de mystères, mon cher Horatio (dit à peu près Hamlet), sous le ciel et sur la terre que n'en peuvent rêver toutes tes sciences. L'énigmatiste est hypersensible aux secrets non révélés du monde.

Il vit dans une « horreur métaphysique », désespérant de trouver en cette vie les réponses à nos interrogations fondamentales.

L'énigmatiste n'est pas un sceptique; il ne doute nullement des vérités « moyennes pratiques et utilitaires, mais il est fortement conscient qu'elles ne lui apportent aucune quiétude. Voici deux textes qui situent très exactement la position de l'énigmatiste (auxquels il faudrait ajouter l'oeuvre entière de Franz Kafka) : « Les philosophes aspirent à "expliquer" le monde, de façon que tout devienne clair et transparent et que la vie ne recèle plus rien (ou le moins possible) de problématique, de mystérieux.

Ne faudrait-il pas, au contraire, s'attacher à montrer que cela même qui paraît aux hommes clair et compréhensible, est étrangement énigmatique et mystérieux ? » (Léon Chestov, Athènes et Jérusalem, paragr.

57). « Il est impossible d'y comprendre quelque chose.

Tous ceux qui s'imaginent qu'ils y comprennent quelque chose sont bornés.

Ce n'est que lorsque je vous dis que tout est incompréhensible que je suis le plus près possible de comprendre la seule chose qu'il nous soit donné de comprendre.

» (Ionesco, journal en miettes, p.

37). L'énigmatiste peut fort bien vivre selon de solides croyances, de vigoureux engagements, mais sans que ne le quitte jamais le sentiment d'incertitude.

Il peut affirmer avec détermination, s'engager sans regard en arrière, refuser avec force, entreprendre ou fonder avec ardeur, mais jamais il ne confond ses paroles et ses actes avec un état parfait de la connaissance, et sans prétendre aucune fois à entraîner autrui à sa suite. Trop conscient de la multiplicité et diversité des points de vue, l'énigmatiste vit dans une indécision théorique, mais entend construire pratiquement son existence et tracer son chemin décidément, tel un artiste qui constamment remet son oeuvre sur le métier et commence de nouvelles oeuvres sans autre ligne de conduite que de faire mieux et à sa tête.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles