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Comment expliquez vous le paradoxe de la solitude dans une société ?

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« Introduction : Robinson apparaît comme le paradigme de la solitude : seul, sur une île, isolé de tous.

La solitude est donc un isolement ; un isolement face au reste de la société ou face au monde.

Or si l'isolement, la solitude de Robinson s'explique parce un concours de circonstance, il n'en reste pas moins que dans une société, c'est-à-dire au sein d'une multitude, il apparaît paradoxal de penser la possibilité d'une solitude, c'est-à-dire une personne ressentant l'absence de lien avec les autres, au milieu d'une foule, d'une multitude.

Or justement il s'agit d'un paradoxe.

Un paradoxe est bien un étonnement, un énoncé et une proposition qui choque ou heurte notre sens commun.

Et bien ce que nous propose cette articulation de la solitude au sein d'une société, c'est-à-dire d'un être seul au sein d'une multitude.

Pourtant, il semble bien que ce soit une situation plus qu'actuelle si l'on comprend l'émergence de l'individualisme, la remise en cause des échanges etc.

Dès lors comment expliquer le paradoxe de la solitude dans une société ? Et c'est bien ce que nous allons tenter de faire en essayant de dégager trois facteurs majeurs d'explication. I – Anthropologie & individualisme a) Effectivement on peut penser qu'il y a véritablement un paradoxe à pouvoir ressentir la solitude au sein d'une société.

La Société est bien le lieu du groupe c'est-à-dire de la multitude qui constitue le tissu social.

Or la solitude est bien le contraire.

Et c'est bien ce passage de la solitude à la multitude que l'on peut comprendre à travers celui du passage de l'état de nature et de l'état civil tel qu'on peut le comprendre chez Rousseau dans le Second discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.

En effet, l'homme seul est l'homme est qui à l'état de nature tandis que dans la société il est constamment en lien avec le reste des hommes : il n'est jamais seul ; toujours dans l'agitation sociale.

Pourtant, ce qui semble expliquer la possibilité de ressentir la solitude c'est bien que dans le passage de l'état de nature à l'état civil, l'homme ne subit pas une transformation fondamentale de son être.

En effet, il reste cet individu qui rêve d'une certaine manière de sa solitude qu'il a perdu, c'est-à-dire cet état de simplicité, ce moment de plénitude, de bonheur.

Et c'est sans doute bien ce que l'on peut voir à travers les Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau.

Dans ce cas, il semble que la solitude soit d'une certaine manière un désir : celui de se retrouver avec soi, pour soi et avec seulement, sans la pression sociale etc. b) Or si nous pouvons expliquer cette solitude par la nature de l'homme c'est qu'il y a effectivement une raison anthropologique à ce fait de la solitude au sein même de la société qui est inhérent.

Il s'agit d'un autre paradoxe que Kant a exprimé dans l'Idée d'une histoire universelle d'un point cosmopolitique dans le concept « d'insociable sociabilité ».

Qu'est-ce que cela signifie ? L'homme est cet individu qui veut conserver sa liberté naturelle et autrui est pour lui un obstacle et pourtant il lui est nécessaire pour vivre dans la mesure où il ne peut survivre sans l'aide et l'entraide.

Et c'est pour cela qu'il peut y avoir une solitude dans la société justement parce que l'homme n'est pas pleinement cet être absolument sociale.

Et d'une certaine manière c'est bien ce que dit Sartre dans Huis clos « l'enfer c'est les autres ».

Schopenhauer dans Parerga & paralipomena à propos de la politesse nous permet justement de comprendre cette solitude nécessaire et pourtant la vie en société : l'insociable sociabilité est cette contradiction inhérente à la nature humaine qui est la nécessité de vivre avec autrui et le fait qu'autrui nous est insupportable ou freine nos désirs et nos instincts de liberté.

Et c'est en ce sens que l'on peut comprendre la fable des porcs-épics.

En hiver, à cause du froid ils essayent de se rapprocher mais à cause des piquants ils doivent trouver une distance moyenne.

Le besoin de société vient du vide et la monotonie de leur propre intérieur.

La distance moyenne qu'ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c'est la politesse et les bonnes manières. c) Et cela est d'autant plus visible dans le développement de l'individualisme tel qu'on peut le voir chez Tocqueville dans De la démocratie en Amérique.

En effet, la société ne devient plus le lieu de la communauté mais la possibilité même de réaliser ses propres intérêts même si le bien de la communauté doit en pâtir.

La société n'est plus le but de l'individu mais simplement un moyen.

Dès lors même au sein d'une multitude, l'individualisme social fait en sorte que les réseaux de solidarité ne réduisent à néant.

La solitude est alors la reconnaissance même de cette absence de but commun, d'une structure supérieure organisatrice.

Et c'est bien ce que met en exergue Mac Pherson dans son ouvrage La théorie politique de l'individualisme possessif. Transition : Ainsi y a-t-il des raisons anthropologiques, c'est-à-dire inhérente à la condition de l'homme, qui peuvent expliquer pourquoi l'homme peut être seul ou ressentir ou vouloir la solitude malgré sa nécessaire intégration au sein d'une société, c'est-à-dire d'une multiplicité.

Mais comme nous le laisse envisager l'essor de l'individualisme, il semble que l'éclatement du lien social moderne puisse expliquer ce paradoxe ou au moins en rendre compte. II – L'éclatement du lien social a) La solitude s'explique aussi par la remise en cause du lien au travail qui se comprend non seulement au niveau de la fonction intégrante du travail que de celle de la peur du chômage.

Le travail est à la base de la société, comme dépendance pour sa survie, mais donc aussi dans le nivellement hiérarchique des individus.

Le travail est donc le facteur primordiale d'intégration sociale parce qu'il donne une place à l'individu : il le rend nécessaire au bon fonctionnement de la société ; il fait corps avec elle et lui donne alors un pouvoir d'agir.

Le travail se comprend comme fonction sociale ; il est donc un acteur essentiel dans l'intégration sociale de l'homme, de l'individu dans le tissu social et lui permet de créer des relations avec autrui.

Il arrache l'homme à sa condition de solitude pour. »

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