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Comment empêcher qu'un Prince devienne un maître ?

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« Un maître est une personne qui exerce le pouvoir dans l'État en imposant sa volonté personnelle.

C'est le despote qui impose sa loi, auquel tous sont soumis. Un prince.

Ici, le mot ne peut avoir le sens qu'on lui donne aujourd'hui.

Rousseau (à travers la citation) nomme prince celui qui exerce le pouvoir non en imposant sa volonté, mais en faisant respecter la loi que le peuple a choisie et qui est l'expression de sa volonté libre.

Le prince est alors soumis à la loi commune et chargé de la faire respecter (pouvoir exécutif). Remarque Cette distinction est au coeur de la philosophie politique de Rousseau.

Pour lui, un État idéal est celui dans lequel existence sociale et liberté sont convenablement liées .

Les individus, en effet, ne peuvent plus vivre indépendamment les uns des autres, ils doivent s'associer pour se développer.

Mais cette vie sociale ne doit pas anéantir notre liberté, car perdre sa liberté serait perdre son humanité.

Le problème politique est donc ainsi défini : «Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant» (Contrat social, I, 6). Conséquences Si la vie sociale est rendue possible par l'obéissance de tous à des lois qu'impose un maître absolu, cette obéissance nous soumet à une volonté qui n'est pas la nôtre, qui peut être capricieuse et injuste.

Elle nous asservit et humilie notre humanité.

Rousseau refuse toutes les philosophies politiques qui sacrifieraient ainsi la liberté à l'ordre social, à la sécurité.

Il existe en effet une politique possible, dans laquelle liberté et sécurité ne sont pas opposées : Un état idéal repose sur la subordination du pouvoir exécutif au pouvoir législatif, ce dernier étant détenu par le peuple et par lui seul. Le peuple fait la loi, il est le Souverain.

Sa volonté définit le bien commun sous la forme de lois.

Dès lors, lorsqu'un citoyen obéit à la volonté générale, dans cette «démocratie» idéale, il obéit à la fois à sa volonté et à celle des autres citoyens ; mais obéir à sa propre volonté, faire ce que l'on veut vraiment, ce n'est aucunement être esclave, mais au contraire être libre ou autonome. Le pouvoir exécutif, ou gouvernement du prince, est juste s'il fait appliquer la loi commune, s'il gouverne sans légiférer, s'il est assez fort pour faire respecter les lois et assurer l'ordre social qu'elles définissent, mais reste luimême le serviteur des lois («ministre» vient de minister, qui signifie serviteur) On comprend alors le danger majeur : parce qu'il possède le pouvoir de contraindre, sans lequel l'État serait impuissant face à ceux qui refusent de vouloir le bien commun, le gouvernement est tenté d'accaparer le pouvoir législatif et finalement tous les pouvoirs.

Ainsi le prince devient un maître despotique et l'État est injuste. D'où le problème : [...] Qu'est-ce qui permet, selon vous, à un peuple d'éviter que le prince ne devienne un maître ? Remarque Les références qui suivent proposent des directions de recherche classiques, que la réflexion personnelle peut naturellement examiner de manière «critique». Solution de Rousseau Le peuple devrait pouvoir «établir et destituer quand il lui plaît» les dépositaires du pouvoir exécutif. Pour cela, il faudrait que le peuple souverain s'assemble périodiquement, ce qui suppose de petites Cités, et que soit clairement posée et respectée la règle suivante : «À l'instant que le peuple est légitimement assemblé en corps souverain, toute juridiction du gouvernement cesse, la puissance exécutive est suspendue, et la personne du dernier citoyen est aussi sacrée et inviolable que celle du premier magistrat» (Contrat Social, III, 14). Mais Rousseau a conscience des difficultés peut-être insurmontables que rencontre ici la pensée politique : «Le gouvernement (au sens de pouvoir exécutif) fait un effort continuel contre la souveraineté.

[...] Comme il n'y a point ici d'autre volonté de corps qui, résistant à celle du prince, fasse équilibre avec elle, il doit arriver tôt ou tard que le prince opprime enfin le souverain et rompe le traité social.

C'est là le vice inhérent et inévitable qui dès la naissance du corps politique tend sans relâche à le détruire» (id., III, 10). Solution de Montesquieu : la théorie dite de la séparation des pouvoirs «Tout serait perdu si le même homme [...] [exerçait] ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d'exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers» (De l'esprit des Lois, 1748, XI, 6). Pour éviter l'abus du pouvoir, qui détruit la liberté des citoyens, il est donc nécessaire que les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire soient bien distincts, indépendants les uns des autres et capables de s'équilibrer. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 On peut y lire : «Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme.

Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression» (art.

2).

Et la Constitution de 1793 est encore plus explicite : «La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l'oppression de ceux qui gouvernent» (art.

9). «Tout acte exercé contre un homme hors des cas et sans les formes que la loi détermine est arbitraire et tyrannique : celui contre lequel on voudrait l'exécuter par la violence a le droit de le repousser par la force» (art.

11).. »

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