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Comment définir l'injustice ?

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« Définition des termes du sujet La question « comment » porte sur des moyens de réalisation, des processus, non sur des causes.

Définir, c'est poser les éléments d'une chose, en fixer et limiter le sens, en dire la nature.

Il s'agit donc ici de définir le moyen par lequel on peut définir l'injustice : l'enjeu est à la fois philosophique et, en un sens, épistémologique : il faudra mettre l'accent sur les manières et les méthodes par lesquelles on peut penser l'injustice. La première remarque, c'est que le concept d'« injustice » est négatif, il est le contraire du concept de « justice », il se définit donc étymologiquement en rapport à son positif.

L'injustice pourrait donc se définir comme ce qui est contraire à la justice – et sa définition dépendrait donc de celle que l'on attribue à la justice.

Alors, l'injustice serat-elle ce qui caractérise les actes qui sont contraires à la justice ? Mais ces actes sont-ils les actes qui n'ont pas explicitement la justice comme motivation (je commets tel acte parce que je tiens à aller contre la justice, parce que mes motivations, ou même mon caractère, est injuste) ? Ou sont-ils ceux qui, involontairement, causent du tort à la justice (je commets tel acte sans vraiment en connaître toutes les conséquences, or il se trouvent que ces conséquences sont injustes) ? Se pose ici un problème : l'injustice est-elle consciente, est-elle une opposition délibérée à la justice, ou est-elle le résultat d'une ignorance de ce qu'est la justice ? Autrement dit, l'injustice peut-elle ou non avoir un contenu positif et actif ? La manière dont on définira l'injustice dépendra en premier lieu de la branche que l'on choisira dans cette alternative. L'injustice est un concept négatif, au sens où il ne se comprend que par opposition à la justice.

On dira que ce qui est injuste, c'est ce qui ne respecte pas la justice.

Pour déterminer ce qu'est une injustice, il faut donc envisager en quels sens on peut ne pas respecter la justice.

La justice peut s'entendre d'abord comme conformité à la loi.

En effet pour qu'une action puisse être dite juste ou injuste, il faut pouvoir l'évaluer par rapport à un critère. Or en l'absence de loi on n'aurait aucun critère pour évaluer l'action.

Dans cette perspective, l'injustice se comprendra alors comme le fait de ne pas respecter la loi.

Si le fait de ne pas respecter la loi est injuste, c'est que la loi est censée être la même pour tous, et qu'elle est donc censée garantir à chacun les mêmes droits, mais impose également à chacun les mêmes devoirs.

Donc celui qui ne respecte pas la loi rompt l'égalité devant la loi est se comporte donc de manière injuste, puisqu'il n'assume pas la part de devoirs qui lui revient.

On peut pourtant faire remarquer que la légitimité ne se confond pas avec la légalité.

Il se peut en effet que la loi elle-même ne soit pas juste.

Dans cette mesure il peut être injuste de respecter la loi, et juste de la transgresser.

L'injustice sera alors non plus de ne pas respecter la loi positive, édictée par les hommes, mais de contrevenir à une norme de justice inscrite dans la nature même des choses.

Mais il se peut aussi qu'une loi juste donne lieu à des applications injustes de la loi.

En effet la loi étant par essence générale, elle ne peut anticiper sur les cas particuliers qui se présentent. Il se peut alors que la loi soit juste dans son principe, mais donne lieu à des applications injustes.

L'injustice est alors manque de jugement, c'est-à-dire incapacité à appliquer la loi avec discernement. I.

L'injustice c'est de ne pas respecter la loi, qui doit être la même pour tous. Pour déterminer si une action est juste ou injuste, il faut disposer d'un critère pour le faire.

Or le critère qui permet d'effectuer ce jugement, c'est une loi, qui détermine clairement ce qui est permis et ce qui est proscrit. C'est la raison pour laquelle, dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau, note qu'à l'état de nature, les hommes ignorent ce qu'est le juste et l'injuste.

Rousseau ne prétend pas qu'un tel état a réellement existé, mais le propose comme une expérience de pensée qui doit permettre de déterminer d'où vient l'inégalité parmi les hommes.

Il s'agit de se demander si cette inégalité est naturelle ou bien provient de la société.

Rousseau montre que cette inégalité vient de la société, parce que l'homme à l'état de nature vivant isolé, et n'entretenant que peu de rapports avec ses semblables, les inégalités naturelles sont très faibles (en effet chacun parvient à subvenir à ses besoins, qui se réduisent à l'alimentation).

Lorsque les hommes se mettent en société, ils instituent des lois pour régler leurs rapports, et ce n'est qu'à partir de ce moment qu'une action peut être dite injuste.

Il faut insister sur le fait qu'il ne s'agit pas ici que d'un problème logique (qui est que l'on ne peut décréter une action injuste sans critère pour le faire).

En effet une loi juste est une loi qui respecte l'égalité, c'est-à-dire qui garantit à chacun les mêmes droits et impose de même des devoirs identiques.

Or celui qui ne respecte pas la loi ne prend pas sa part de devoir, et rompt donc le principe d'égalité, qui est à la base de la justice.

Il faut donc dire que l'action injuste est celle qui transgresse la loi parce qu'elle rompt le principe d'égalité.. »

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