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Claude Debussy

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Il serait agréable et de bon profit de vivre davantage avec les grands hommes, selon la vérité de leur personnalité. Il serait bon de pouvoir se les représenter tels qu'ils ont été en réalité. Or, nous ne pouvons toujours accepter en bloc les récits et les descriptions qui paraissent sur eux. Nous ne pouvons croire aveuglément certaines biographies, cependant détaillées et bien intentionnées. En connaissant, en pénétrant les Oeuvres, nous arrivons à une espèce de divination de l'homme tel qu'il fut, et nous sentons mieux, alors, le moment où le biographe a touché juste, lorsqu'il a saisi, dans son sujet, un trait caractéristique, évocateur, ou lorsque au contraire il a glissé dans une interprétation erronée. Les "vies romancées" sont un attrait et un danger. A vouloir mettre trop d'émotion dans le récit que l'on fait d'une existence passée, à vouloir envelopper ce récit d'un halo de poésie, on risque de s'écarter de la vérité initiale du personnage et des circonstances, pour ne suivre que l'appel secret et passionné de ce qui nous plaît en lui ou dans son Oeuvre. Nous le voyons d'après nous-mêmes et il n'est plus là pour nous prouver notre erreur. Ce sont souvent les petites anecdotes rapportées sur les grands disparus par ceux qui les ont connus qui, comme autant de touches de couleur, nous les rendent vivants, proches, qui nous les donnent avec une voix, des gestes, un visage, une apparence humaine et sympathique.

« Claude Debussy Il serait agréable et de bon profit de vivre davantage avec les grands hommes, selon la vérité de leur personnalité.

Il serait bon de pouvoir se les représenter tels qu'ils ont été en réalité.

Or, nous ne pouvons toujours accepter en bloc les récits et les descriptions qui paraissent sur eux.

Nous ne pouvons croire aveuglément certaines biographies, cependant détaillées et bien intentionnées.

En connaissant, en pénétrant les Oeuvres, nous arrivons à une espèce de divination de l'homme tel qu'il fut, et nous sentons mieux, alors, le moment où le biographe a touché juste, lorsqu'il a saisi, dans son sujet, un trait caractéristique, évocateur, ou lorsque au contraire il a glissé dans une interprétation erronée.

Les "vies romancées" sont un attrait et un danger.

A vouloir mettre trop d'émotion dans le récit que l'on fait d'une existence passée, à vouloir envelopper ce récit d'un halo de poésie, on risque de s'écarter de la vérité initiale du personnage et des circonstances, pour ne suivre que l'appel secret et passionné de ce qui nous plaît en lui ou dans son Oeuvre.

Nous le voyons d'après nous-mêmes et il n'est plus là pour nous prouver notre erreur.

Ce sont souvent les petites anecdotes rapportées sur les grands disparus par ceux qui les ont connus qui, comme autant de touches de couleur, nous les rendent vivants, proches, qui nous les donnent avec une voix, des gestes, un visage, une apparence humaine et sympathique. Penchons-nous sur les photographies que nous possédons de Debussy, et scrutons son visage.

Chez lui, la sensibilité à haute dose, la somme outrepassée de sensibilité nécessaire au génie, se cachait, comme à l'affût, sous la profonde arcade sourcilière, sous le masque rude et barbu, dans une sorte de silence profond qui semble immobiliser pesamment son visage, comme s'il entendait, sous son front exagéré et puissant, clamer les flots de la Mer où se plaindre l'amour de Pelléas.

Je ne connais pas de visage de musicien où se lise d'une manière plus éloquente combien l'attention est portée tout entière vers les voix intérieures. C'est dans une petite rue de Saint-Germain-en-Laye, au 38 de la rue du Pain, que naquit Claude Debussy, le 22 août 1862.

Ses parents ont tenu là pendant deux années une boutique de faïencerie.

Ensuite, ils se fixèrent à Paris, où le père obtint un poste dans la Compagnie de Fives-Lille.

Claude Debussy est d'ascendance purement française. Lorsqu'on fait des recherches dans sa généalogie, on ne trouve qu'artisans, cultivateurs, ouvriers français, sans aucun mélange de race.

Son instruction première fut des plus négligées.

Et c'est ainsi que, même parvenu à la pleine possession de ce style inimitable qui atteste le maître écrivain dans ses articles et dans ses lettres, il émaillera parfois celles-ci de fautes d'orthographe quand le temps lui manquera de se relire. Le petit Claude adorait collectionner des papillons.

Il les chassait lui-même, les attrapait et les arrangeait, dans des boîtes nombreuses, en files, en losanges, en dessins, sur les murs de sa chambre, et d'après les couleurs de leurs ailes.

Il remplissait également sa chambre de bibelots et de petites images très fines.

En ce temps, il rêvait d'être peintre, et son père voulait en faire un marin.

Tout enfant encore, il fit un séjour à Cannes, chez sa marraine, où il rencontra une amie de celle-ci, Mme Mauté de Fleurville, qui offrit de lui donner des leçons, dès qu'elle eût deviné ses dispositions musicales.

Elle les donna de telle sorte qu'elles le préparèrent à entrer au Conservatoire.

Ce que voyant, les parents abandonnèrent le projet de faire de leur fils un marin ; mais ils l'obligèrent à travailler durement son piano pour atteindre à la virtuosité. Au Conservatoire, Debussy suivit la filière régulière, jusqu'au premier Grand Prix de Rome, qu'il obtint en 1884.

Tout en se développant selon les règles strictes de l'École et en intéressant ses maîtres par ses dons remarquables, le futur auteur de Pelléas révéla immédiatement sa personnalité.

Il se permettait souvent, vis-à-vis de l'enseignement officiel, des libertés outrées qui n'étaient que le germe de tout ce qu'il apporta plus tard à la musique. A Rome, Debussy éprouva un singulier ennui, un malaise profond qui dura jusqu'à la fin de son séjour, écourté d'une année.

Ce Parisien ultrasensible ne se plaisait vraiment qu'à Paris.

Ce n'est que dans ses murs qu'il se sentait à l'aise pour travailler. On refusa d'exécuter publiquement, selon l'usage, le premier de ses deux envois de Rome, Printemps.

Le jury accepta le deuxième, La Damoiselle élue, mais l'auteur demandant l'exécution des deux ouvrages ou rien du tout, l'exécution n'eut pas lieu. Debussy se mêlait à des gens cultivés, au monde des artistes de l'époque.

C'est alors qu'il compléta son instruction que ses parents avaient si fâcheusement négligée.

Il raconta lui-même qu'il se mit à lire énormément, même le petit Dictionnaire Larousse, qu'il feuilletait pendant des heures. En 1892, il composa, d'après le poème de Stéphane Mallarmé, Le Prélude à l'Après-midi d'un Faune, celle de ses Oeuvres qui devint la plus populaire, après avoir été exécutée pour la première fois à la Société Nationale, en 1894. C'est à partir de cette époque que va s'affirmer la personnalité du musicien, qu'avaient nettement fait pressentir la Damoiselle élue, et aussi la Marche écossaise, écrite en 1891, et que Debussy ne devait entendre à l'orchestre que vingt-deux ans plus tard ! Au Conservatoire le jeune musicien n'avait pas échappé à l'influence massenétique, à la Villa Médicis, il subit l'envoûtement wagnérien.

Mais il sentait avec acuité, lui, natif d'Île-de-France, tout ce qu'il y a d'exagéré, de démesuré, de contraire à la sensibilité française dans l'édifice colossal de Wagner.

Dans ce Français cent pour cent, s'accomplit le triage subtil qui recevait dans notre art l'apport incontestable et magnifique du grand Germain, et repoussait tout ce que le génie de notre race est incapable de s'assimiler.

De ce travail profond, de cette lutte contre l'envoûtement que trop de Français subirent, oubliant leur âme, de cette élaboration profonde naquit Pelléas.

Face à l'Oeuvre gigantesque que l'Allemagne venait de construire dans le domaine de l'Art, Pelléas. »

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