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Civilisé, sauvage, barbare

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« Introduction.

— A mesure que se développent les moyens de communication et qu'un plus grand nombre d'hommes participe à la culture, se lèvent les barrières qui séparent les peuples et les classes sociales.

Cette évolution se manifeste en particulier dans le sens que les nations civilisées donnent aux mots qui expriment un état inférieur : sauvage et barbare. 1.

— CIVILISÉ A.

Etymologiquement, la civilisation est le propre des groupes humains constituant une cité (civitas) ce qui suppose organisation stable, traditions morales et religieuses, vie publique avec manifestations dans lesquelles apparaît la culture des élites. B.

Mais de nos jours dans l'idée de civilisation tend à prédominer le progrès technique : est dit civilisé un peuple qui s'instruit et qui par là même est capable d'organiser la vie commune, d'aménager son territoire, de rationaliser sa production et son existence de manière à augmenter son bien-être. « Civilisé » se dit donc des peuples plutôt que des individus.

D'un individu en qui se manifestent particulièrement les effets de l'action civilisatrice de son milieu je dirai qu'il est cultivé, poli, distingué...

; je ne dirai pas qu'il est civilisé. Toutefois de quelqu'un qui manque de savoir-vivre, on dira qu'il est pas civilisé, ou encore que c'est un sauvage. II.

— SAUVAGE A.

Le mot est une déformation du latin « silvaticus » (dérivé de « silva » : forêt, bois).

Il sert à qualifier les animaux et les végétaux plus que les hommes : les animaux sauvages vivent dans les bois et s'opposent aux animaux domestiques qui habitent dans les maisons (latin « domus ») des hommes ou non loin d'elles ; les plantes sauvages s'opposent aux plantes cultivées par l'homme. B.

Mais, appliqué à l'homme — qu'on le prenne individuellement ou en groupe —, le mot reçoit une signification qui est bien illustrée par l'étymologie : le sauvage est un homme des bois ; il vit dans la solitude et manque par suite des qualités qui s'acquièrent dans les relations citadines. a) Sauvage » n'est donc pas toujours péjoratif : ce mot peut dire seulement « non-civilisé ».

Bien plus, la civilisation pervertissant dans une certaine mesure ceux qui y accèdent, on parle du « bon sauvage » : se rappeler Rousseau, et aussi de braves gens qui fuient la société de leurs semblables mais sont en fait plus humains que bien des habitués des salons. b) Toutefois l'acception nettement péjorative est plus courante : on qualifie de sauvage des êtres grossiers et brutaux ou même cruels et féroces.

En ce dernier sens, le mot est aujourd'hui synonyme de « barbare ». III.

— BARBARE A.

Dans l'Antiquité on appelait barbare quiconque n'était pas grec ou latin.

Le mot était synonyme d'étranger. Mais la civilisation occidentale nous venant de la Grèce et de Rome, il s'y ajouta par la suite la nuance de noncivilisé. B.

De nos jours la nuance défavorable s'est notablement accentuée : « bon barbare » impliquerait une contradiction dans les termes. Dans certains cas « barbare » suggère seulement : qui contrevient au bon usage, aux règles de l'art, à la correction du langage (d'où « barbarisme »)... Mais le plus souvent le mot est synonyme de « féroce », « farouche », « cruel »...

Le barbare, au sens actuel du mot, est inhumain. Conclusion.

— « Sauvage » et « barbare » se disent de moins en moins des peuples.

Il s'en faut toutefois que la civilisation ait éliminé du comportement des hommes et surtout de leurs pulsions instinctives la sauvagerie et la barbarie.

Il y a beaucoup à faire encore pour parvenir à un sens de l'humain qui constitue la fleur de la civilisation et dont l'aménagement matériel du monde ne devrait être que le soubassement.. »

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