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Choisissons-nous d'être ce que l'on est ?

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« Introduction Si nous sommes déterminés par un ensemble de facteurs psychologiques, sociaux et historiques, alors comment pouvons-nous prétendre au libre-arbitre et affirmer que nous choisissons d'être ce que l'on est? Quand bien même on accorderait la liberté comme idée nécessaire de la raison, et comme fondement de la dignité humaine, quelle est la nature véritable de ce choix? Que choisit-on quand nous choisissons d'être ce que l'on est? Peut-on choisir autre chose? Première partie - Les déterminismes psychologiques, sociaux, affectifs, historiques, etc., affectent notre être et compromettent ainsi notre capacité de choisir.

Comment concilier déterminisme et libre-arbitre? Ainsi, le tyran ne maîtrise pas ses passions, pas plus que le fou ne domine ses comportements. - Malgré ces facteurs externes qui nous déterminent (cf.

en particulier Freud et Marx), nous pouvons apprendre à nous maîtriser et à décider quelle vie nous voulons mener.

Selon Platon, l'homme doit apprendre à "libérer" la partie divine de son âme, en établissant la juste hiérarchie entre le désir, le courage et la tempérance (La République, 439a-440b, etc.) - S'il est impossible de démontrer que l'homme est libre et qu'il peut donc choisir d'être ce qu'il est, l'idée de liberté est une idée nécessaire de la raison, par laquelle seule la dignité de l'homme est sauvegardée (Kant, Fondation de la Métaphysique des Moeurs).

Si l'existence humaine est déterminée, au niveau empirique, par la chaîne de la causalité, l'individu reste capable d'autonomie morale.

Le sujet kantien est déterminé empiriquement mais libre en tant que sujet transcendantal (cf.

Critique de la raison pure, "Des antinomies de la raison pure").

Choisir d'être ce que l'on est, ce n'est donc pas échapper au déterminisme, mais assumer ses actes et s'en considérer moralement responsable. - Si nous ne choisissons donc pas ce que l'on est (bourgeois, prolétaire, tyran, "délinquant", etc.), nous pouvons cependant apprendre à choisir d'être ce que l'on est: l'homme peut apprendre à se libérer de ses passions et de son environnement social.

Les Lumières font le pari d'une pédagogie de l'autonomie et de la perfectibilité humaine: "Aude sapere!" (Ose penser par toi-même), devise de l'Aufklärung (cf.

Kant, Qu'est-ce que les Lumières?). Seconde partie - Dès lors, si l'individu doit répondre de ses actes, les considérer comme sien et s'identifier à ce qu'il est, à la fois pour luimême et aux yeux des autres, bref reconnaître que cet étant que nous sommes ("ce que l'on est", un objet soumis au déterminisme) est véritablement nous-mêmes (c'est-à-dire nous en tant que sujet actif, et non plus simplement objet passif), alors il peut aussi choisir de ne pas être "ce que l'on est".

J.-P.

Sartre prend ainsi l'exemple du garçon de café qui "surjoue" son rôle pour montrer que son être ne se réduit pas à ce rôle social.

"Etre ce que l'on est" n'est donc pas une simple tautologie: on peut ne pas être ce que l'on est, ce qui révèle ainsi une différence entre notre essence (l'être) et l'étant que nous sommes (ce que l'on est). - Nous pouvons donc choisir d'être autre que ce que nous sommes, liberté qui seule nous permet d'assumer notre responsabilité et donc de s'identifier à cette personne (du latin "personae", masque) que nous sommes aux yeux des autres.

Pour pouvoir se reconnaître soi-même en tant que sujet actif, il faut donc d'abord que les autres nous laissent la possibilité de refuser d'être ce que nous sommes à leurs yeux – qu'ils nous permettent de nous libérer de cette "morale d'état civil" qui nous empêche de changer de nom ou de devenir autre que ce que nous sommes (cf.

fin de l'introduction à l'Archéologie du savoir de M.

Foucault). - L'être que nous sommes n'est donc pas identique à cet étant que je suis à cet instant.

Si "ce que l'on est" est déterminé par des facteurs extérieurs, par ce que l'on a été et ce que l'on veut devenir, notre être ne se résume pas à cet étant présent.

Lorsque nous choisissons d'être ce que l'on est, et que nous nous reconnaissons donc nous-mêmes en tant que sujet raisonnable, nous devons donc aussi admettre l'ensemble des circonstances qui ont fait de nous cet étant-là, et admettre aussi que notre être ne se confond pas avec "ce que l'on est" maintenant.

Le Zarathoustra de Nietzsche enseigne ainsi la pensée de l'Eternel Retour, par laquelle nous voulons non seulement cet instant présent mais tout le passé qui le précède et tout l'avenir qui lui succède.

Choisir d'être ce que l'on est, pour Nietzsche, c'est affirmer le devenir, vouloir la fatalité ("amor fati") et être à soi-même un destin (cf.

Ecce Homo, "Pourquoi je suis un destin"). Conclusion Si nous ne choisissons donc pas toujours d'être ce que nous sommes, puisque l'étant que nous sommes ("ce que l'on est" maintenant) est déterminé par un ensemble de facteurs distincts que nous ne maîtrisons pas forcément, nous pouvons apprendre à nous libérer de cet assujettissement et devenir autonome, c'est-à-dire moralement responsable.

Nous nous reconnaissons alors comme auteurs de nos actes et reconnaissons dans cette personne sociale que nous sommes la vérité de notre essence.

Mais cette identification de soi à soi-même implique la possibilité d'un hiatus entre l'essence (notre être en tant que sujet actif) et l'étant que nous sommes: nous ne pouvons choisir d'être ce que l'on est qu'à condition de pouvoir aussi choisir d'être autre que ce que l'on est, c'est-à-dire de devenir autre.

Nous choisissons alors d'être ce que l'on est pas, en refusant que notre être se limite à cet étant que nous sommes à ce moment présent.. »

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