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Choisissons-nous nos passions ?

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« Etymologiquement le terme passion vient du latin passio, qui signifie supporter, subir ou souffrir.

Comme le dit Descartes au tout début des Passions de l'âme, la passion renvoie donc à ce qui n'est pas choisi, mais qui s'impose à l'homme de l'extérieur et provoque un effet sur son âme.

En ce sens on peut dire que par définition la passion en tant que telle n'est pas choisie.

Pourtant l'homme est un être rationnel, qui a le choix de suivre certaines passions plutôt que d'autres.

Dans ce sens on peut considérer que si la passion s'impose à l'homme, l'homme choisit les passions qu'il acceptera de poursuivre et celles dont il s'efforcera de se détourner.

Mais les passions n'échappentelles pas à la prise de la raison ? Si tel était le cas les passions s'imposeraient doublement à l'homme, puisqu'il ne pourrait choisir ni leur apparition, ni le fait de succomber à certaines mais pas à d'autres.

Mais on peut aussi considérer que si un certain mode de connaissance inadéquat ne permet pas à l'homme de diriger ses passions, un mode de connaissance approprié devrait lui permettre de les maîtriser en les transformant en actions. I.

Les passions importantes pour notre vies sont en notre pouvoir, et relèvent d'un choix On peut envisager les passions comme l'ensemble des perceptions ou sentiments de l'âme qui sont causés par des éléments extérieurs à l'âme. Dans les Passions de l'âme, Descartes les envisage comme un effet du corps (qui est alors actif) sur l'âme, à laquelle il communique son état.

La passion est alors passive et non choisie, et ce dès le début de la vie, puisque Descartes explique à l'article 110 que le fait que le corps communique à l'âme ses réactions et sa disposition interne vient de la vie prénatale, dans laquelle l'alimentation de la chaleur cardiaque par les sucs du corps de la mère donne lieu à nos premières passions (amour, haine, tristesse), selon que l'aliment satisfait ou pas les besoins du fœtus.

Mais Descartes distingue entre les passions comme l'amour et la haine, causées directement par le corps, et les émotions intérieures (intellectuelles), qui ne sont excitées en l'âme que par l'âme elle-même et la porte à se joindre ou se séparer des choses qu'elle estime bonnes ou mauvaises.

Il y a donc des émotions sensitives et d'autres purement intellectuelles, or notre bien et notre mal ne dépendent que des secondes, qui sont au pouvoir de l'âme qui suit la vertu.

Il faut donc comprendre que si l'on subit les passions sensitives, l'âme choisit ses passions intellectuelles, qui sont les plus importantes pour la conduite de la vie. Descartes trouve les passions presque toutes bonnes, et tellement utiles à cette vie que « notre âme n'aurait pas sujet de vouloir demeurer jointe à son corps un seul moment, si elle ne pouvait les ressentir » (Lettre à Chanut du 1er Novembre 1646).

A condition toutefois que l'âme s'en rende maître.

Or les âmes les plus faibles, n'ayant pas une volonté éclairée par des « jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal », se laissent emporter aux passions présentes, lesquelles « étant souvent contraires les unes aux autres », mettent l'âme « au plus déplorable état qu'elle puisse être ». Descartes donne à «passion » son sens étymologique : ce qui est subi par ».

Les passions sont des affections de l'âme causées par le corps.

Toutes les passions ont leur point de départ dans les objets qui « meuvent les sens ». Partant de là, Descartes distingue six passions fondamentales : l'admiration, l'amour, la haine, le désir, la joie, la tristesse.

On remarquera que par « passions », Descartes entend, en fait, ce qui relève de l'affectivité (sentiments). Mais, Descartes l'affirme : « Il n'y a point d'âme si faible, qu'elle ne puisse étant bien conduite acquérir un pouvoir absolu sur ses passions ».

Comment? En corrigeant, selon les cas, une association désagréable par une association agréable, ou une association agréable par une association désagréable.

Exemple : si, en présence d'un danger, je suis toujours envahi par un sentiment de peur et si je prends la fuite, je peux, grâce à l'habitude, associer à la fuite la représentation de la lâcheté ou de la honte.

Mon âme fortement imprimée par cette représentation me disposera à affronter le danger avec courage.

L'âme n'est donc pas impuissante. Elle peut réagir et opposer aux passions qui sont nuisibles une pensée ou une volonté contraires. Pour les maîtriser, il faut comprendre en quoi les passions sont utiles Il faut, lorsque c'est possible, corriger les passions par la raison.

Pour cela, il faut comprendre en quoi elles sont utiles.

Elles incitent d'abord l'âme « à consentir et contribuer aux actions qui peuvent servir à conserver le corps ou à le rendre en quelque façon plus parfait ».

C'est ainsi que généralement la douleur nous avertit de ce qui est nuisible au corps et le plaisir de ce qui est utile au corps.

Mais surtout, « elles fortifient et font durer en l'âme des pensées, lesquelles il est bon qu'elle conserve, et qui pourraient facilement sans cela en être effacées » (art.

74). Ainsi, par exemple, l'admiration « fait que nous apprenons et retenons en notre mémoire les choses que nous avons auparavant ignorées; car nous n'admirons que ce qui nous paraît rare et extraordinaire...

» (art.

75). II.

Nous ne choisissons pas nos passions, car elles s'imposent inconsciemment à notre volonté. Descartes considère au fond que l'on choisit en dernier ressort ses passions, parce que la raison peut exercer un contrôle sur elles.

Mais on peut mettre en question ce présupposé, notamment si l'on examine le cas de la faiblesse de la volonté.

Dans les Nouveaux essais sur l'entendement humain, II, 21, Leibniz explique que ce qui. »

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