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Ce qui est vraiment normal, est-ce ce qui est naturel ?

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« Quelle stratégie à adopter ? Pourquoi faudrait-il penser à la mort ? telle est la question qui s'impose pour pouvoir commencer la réflexion.

La premier réponse à cette question est penser à la mort pour s'y préparer.

On peut ici songer à Pascal, qui, dans la pensée 194 (édition Brunschvicg), critique l'imprévoyance de l'athée.

Il ne serait pas non plus malvenu de parler de la mort des autres.

Pourquoi garder le souvenir des morts ? Il est évident que c'est en vue du bien des vivants avant tout qu'ont lieu les funérailles, et que les cimetières sont entretenus.

La pensée de la mort sert ainsi à l'édification des mortels, et l'on peut se demander quel enseignement nous espérons en tirer.

Toujours est-il qu'une certaine réprobation s'attacherait à qui prétendrait rire et profiter de la vie quand le temps du deuil est venu. Ainsi penser à la mort apparaît-il comme un devoir.

Mais s'agit-il vraiment de morale ? La pensée de la mort ne traduirait-elle pas plutôt une certaine fragilité psychologique, certes naturelle, mais que le sage doit pouvoir surmonter ? C 'est, ici, en seconde partie, que peut être développée la référence à Épicure (cf.

suite).

On pourrait aussi évoquer Spinoza, pour qui "un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie".

Ce serait dommage, face à un tel sujet, de n'envisager l'indifférence à la mort que sous la forme de la stupidité de l'animal qui n'en a pas conscience.

L'amour de la vie ne justifie-t-il pas à lui seul l'existence ? Ce changement de perspective doit conduire à envisager la question de la mort par rapport à la vie présente.

En troisième partie, il restera à se demander ce qu'apporte à la vie la prise de conscience de son caractère limité dans le temps.

En effet, la mort n'est pas seulement un événement futur, c'est par elle que chaque instant de la vie devient unique et par conséquent précieux.

Et même peut-on avancer l'idée que c'est la considération de la mort qui permet de mesurer l'importance de tout ce qui peut nous affecter durant la vie.

C'est en pensant lucidement à sa propre mort, qui est sa possibilité la plus personnelle, que le Dasein peut ressaisir l'ensemble de son existence, et se l'approprier, en s'arrachant à la déchéance de l'impersonnalité.

La mort doit être le revers de toute action, la possibilité qui hante chacun de nos actes, pour qu'il soit effectué à chaque fois comme s'il était le dernier. Quelques références à utiliser: Épicure: la mort n'est rien pour nous. Épicure pense que le but de la vie humaine est d'obtenir le bonheur.

Le moyen de parvenir au bonheur est le plaisir né de la satisfaction des désirs.

Il faut rechercher le plaisir, car c'est son accumulation qui constitue le bonheur.

Cette doctrine s'appelle l'hédonisme (du grec « hêdonê », le plaisir).

Il faut donc se mettre en état de goûter du plaisir dans la vie, de profiter des bons moments, et même de chaque jour, de chaque instant, ce que dit la maxime latine qui reflète l'enseignement d'Epicure : « C arpe diem », « C ueille le jour ».

Pour cela il faut éliminer les soucis et les angoisses. Le matérialisme contre les angoisses religieuses. Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Epicure, l'inquiétude religieuse et la superstition.

Bien des hommes vivent dans la crainte des dieux.

Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pas aux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants envers leurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en les écrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.

Ils pensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leur adresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de se concilier leurs bonnes grâces.

Car les dieux sont susceptibles, se vexent pour un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.

Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Epicure. Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissance métaphysique, cad une science de la totalité du monde.

Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses est la matière, que tout ce qui existe est matériel.

Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tous les phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant de mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.

Par exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeance divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes à votre devenir.

C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explications possibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause du phénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.

C'est en effet cela seul qui importe à notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses. La mort n'est rien pour nous. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation.

» En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste.. »

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