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Ce qui est vrai est-il flagrant ?

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« VOCABULAIRE: VRAI: * Se dit d'une affirmation conforme à la réalité ou qui n'implique pas contradiction et à laquelle l'esprit ne peut que souscrire : Il n'y a pas grand-chose de vrai dans son récit. * Qui appartient à la réalité et n'est pas une création de l'esprit : Rechercher les vraies causes d'un phénomène. * Qui est bien conforme à son apparence : Une vraie rousse. * Se dit, dans le domaine artistique et littéraire, des êtres et des choses créés qui donnent l'impression de la vie, du naturel, de la sincérité : Un romancier qui peint des personnages vrais. * Se dit d'un élément qui, parmi d'autres semblables, apparaît comme le seul important ou le seul déterminant : On ignore le vrai motif de sa démission. * Qui convient le mieux à quelqu'un ou à quelque chose, est le plus approprié à une fin, à une destination : Croyezmoi, c'est le vrai moyen de leur venir en aide. « Falsa pro veris admiserim » (J'avais admis le faux pour le vrai).

C'est ainsi que commencent les Méditations de Descartes.

Je me suis aperçu que, dès mon enfance, j'avais admis quantité de fausses opinions pour véritables. Comment distinguer le vrai du faux, si le faux peut prendre l'apparence du vrai ? Telle est la question que se pose Descartes. Question de méthode, répond-il.

La première règle est de « ne jamais recevoir une chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ».

Le critère de la vérité, c'est donc l'évidence.

Soit, mais comment distinguer l'évidence de la fausse évidence ? N'y a-t-il pas des choses qui paraissent évidentes et qui sont fausses ? N'en estil pas ainsi, en particulier, des évidences sensibles ? Cette tour carrée vue de loin ne me paraît-elle pas évidemment ronde ? L'évidence, répond Descartes, c'est ce dont je ne peux absolument pas douter.

Mais n'est-ce pas là une affirmation tautologique ? Une chose ne me paraît-elle pas évidente lorsque, précisément, je n'ai aucune raison d'en douter ? Mais comment puis-je avoir la certitude que je n'ai pas omis quelque raison de douter ? La seule solution, c'est un doute totalitaire, radical.

L'évidence, c'est l'idée qui résiste à tous les doutes possibles.

Aussi Descartes, pour rendre son doute totalitaire, invoque-t-il l'argument du rêve et l'hypothèse du Dieu trompeur.

Je crois spontanément que cette table sur laquelle je travaille existe, que j'ai un corps que je peux toucher, voir.

Mais si je suspends mon jugement et interdis à ma croyance de s'affirmer, je peux alors songer aux erreurs des sens, aux délire des fous, au rêve.

Qui sait si la vie n'est pas un songe ? Certes, il est fort probable qu'elle ne l'est pas.

Mais le probable est-il toujours vrai ? La séduction du probable n'est-elle pas le plus grand danger pour un esprit en quête de vérité ? La moindre raison de douter suffira donc pour me faire considérer comme provisoirement fausses les choses ainsi frappées de doute.

Je considérerai donc comme provisoirement fausse l'affirmation que les corps existent.

Se trouvent ainsi invalidées la connaissance fondée sur les sens mais aussi toutes les sciences qui, comme la physique, l'astronomie, la médecine, se rapportent aux corps. Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses; Je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; Je pense n'avoir aucun sens ; Je crois que le corps, la figure, l'étendue, le mouvement, et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit ; qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? peut-être rien autre chose sinon qu'il n'y a rien au monde de certain. Mais que sais-je s'il n'y a point quelque autre chose différente de celles que je viens de juger incertaines, de laquelle on ne puisse avoir le moindre doute? N'y a-t-il point quelque Dieu, ou quelque autre puissance qui me met en l'esprit ces pensées? cela n'est pas nécessaire, car peut-être que je suis capable de les produire de moi-même.

Moi donc à tout le moins ne suis-je pas quelque chose? Mais j'ai déjà nié que j'eusse aucun sens ni aucun corps ; j'hésite néanmoins : car que s'ensuit-il de là? suis-je tellement dépendant du corps et des sens, que je ne puisse être sans eux? Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucun esprit ni aucuns corps, ne suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point? Non certes, j'étais sans doute si je me suis persuadé, ou si seulement j'ai pensé quelque chose ; mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie son industrie à me tromper toujours ; il n'y a donc point de doute que je suis, s'il me trompe ; et qu'il me trompe tant qu'il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose ; de sorte qu'après y avoir bien pensé et avoir soigneusement examiné toutes choses : enfin il faut conclure, et tenir pour constant, que cette proposition, Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. Mais je ne connais pas encore assez clairement ce que je suis, moi qui suis certain que je suis : de sorte que désormais il faut que je prenne soigneusement garde de ne prendre pas imprudemment quelque autre chose pour moi, et ainsi de ne me point méprendre dans cette connaissance, que je. »

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