Ce dont ne peut parler, il faut l'écrire. ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et problématisation
Cette formule va à l'encontre du précepte Wittgensteinien du Tractatus logico-philosophicus : « Ce dont on ne peut
parler, il faut le taire ».
Quelques définitions s'imposent pour appréhender ce sujet .
Le verbe « parler » fait référence à la parole, c'est-à-dire à une forme de langage incarné, singulier, transmis de
façon orale, dans une situation de communication directe avec un ou plusieurs interlocuteurs.
Le verbe « écrire » suggère au contraire une transmission d'un message par l'écriture : la situation de
communication est donc indirecte puisque la réception du message écrit est différée.
On traite, bien sûr, dans ce
sujet de l'écriture littéraire uniquement !
L'expression « ce dont on ne peut parler » pose la question à la fois de l'indicible et de l'ineffable en littérature.
Ce
qui ne peut pas ou ne doit pas, pour des raisons prédominantes, être exprimé avec des mots peut-il être dit par
l'écriture littéraire.
Ces catégories d'ineffable et d'indicible peuvent recouvrir des réalités différentes : il peut s'agir de choses qu'on ne
doit pas dire car elles sont choquantes, amorales, ou subversives ; mais il peut s'agir de choses qu'on ne peut pas
dire, car il s'agit de vérités trop élevés échappant au langage de la raison : tel un sentiment, un concept ou un
aspect de l'existence qui est trop grand pour être décrit de façon adéquate par des mots, ou qui ne peut
inhéremment pas être exprimé dans un langage humain.
Le verbe « falloir » peut revêtir différentes acception : il peut interroger ici la nécessité de chercher, malgré tout à
exprimer l'ineffable ou bien seulement émettre une hypothèse sur la possibilité de dire l'indicible à travers l'écriture
littéraire.
Problématique : L'écriture littéraire a-t-elle le pouvoir de dire l'ineffable ?
I)
L'écriture a le pouvoir de dire ce qui « ne se dit pas », ce qu'il ne faut pas dire.
Par l'écriture, les auteurs peuvent transmettre des propos choquants, amoraux et subversif, qui ne peuvent être
émis, de façon directe par la parole.
P a r l'écriture littéraire, certains auteurs ont pu émettre des idées politiques subversives, idées qu'ils
n'auraient pu dire autrement, notamment par la parole orale, sous peine d'être écroués.
La vertu de l'écriture
littéraire est ici de permettre une stratégie de détournement du message : la littérature permet de masquer et en
quelque sorte de coder le message politique afin de le faire passer d'une manière oblique .
Ex :
La littérature du siècle des Lumières use beaucoup de l'écriture littéraire pour transmettre des messages
politiques subversifs qui ne devaient pas être dits car ils étaient considérés comme dangereux pour le pouvoir
en place.
Cf.
Voltaire ( dans ses contes philosophiques, mais aussi dans Les Lettres Philosophiques, où
l'écriture permet, sous le récit par lettres de son voyage en Angleterre, de critiquer l'appareil politique français
et de proposer des idées nouvelles) ou Montesquieu ( Lettres Persanes).
Le maître et Marguerite de Boulgakov, roman critiquant le stalinisme et son entrave à la liberté d'expression
artistique.
L'écriture littéraire permet aussi d'émettre des propos et des idées amorales et choquantes, qu'on ne peut
dire par la parole sous peine d'indignation des interlocuteurs.
Elle permet de traiter certains sujets tabous en
société.
Ex :
La littérature sadienne traitant de la sexualité sous le mode de la perversion.
Les œuvres de Jean Genet évoquant la possibilité de fonder une morale du Mal (œuvres fondées sur la
violence, la perversion sexuelle, et l'exaltation du crime)
Le récit de Marguerite Yourcenar : Alexis ou le traité du vain combat, récit qui a une double valeur pour notre
sujet, puisque, d'une part, il traite de l'homosexualité, sujet encore tabou dans les années 1970, et, d'autre
part, il se présente sous la forme d'une lettre qu'Alexis adresse à sa femme.
( la lettre, qui est la forme par.
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