Caractères de la technique ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
CARACTÈRE (n.
m.) 1.
— Signe distinctif servant à reconnaître un objet.
2.
— (Lato) Propriété (FREGE distingue
les caractères du concept et les propriétés de l'objet).
3.
— (Psycho.) Ensemble des propriétés d'un individu.
4.
—
Caractérologie : classification ou étude des caractères au sens 2.
5.
— Caractéristique : a) Art de bien représenter
les pensées par des signes ; pour LEIBNIZ, la caractéristique universelle est une écriture servant au raisonnement
(— algèbre universelle).
b) Caractère spécifique.
TECHNIQUE
Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.
La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle
s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à
produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas.
La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un
pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.
Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis,
et non des dons ou capacités innées.
1.
Corps et instruments
On croit reconnaître la technique à la fabrication et à l'usage d'outils qui garantissent l'efficacité de notre action,
mais ces objets ou procédés qui donnent forme à notre action supposent un instrument préalable, la main, qui est la
possibilité d'une multitude d'outils.
Aristote, qui en fait l'attribut de l'intelligence, la qualifie d'instrument
d'instruments, dans la mesure où elle est capable de tout saisir et tenir, selon une polyvalence inconnue de l'animal.
Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent
des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains.
En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien
utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non
pas un outil, mais plusieurs.
Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient
lieu des autres.
C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand
nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile,
la main.
Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et
qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est
sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pour combattre), sont
dans l'erreur.
Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de
défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre, mais
ils sont forcés, pour ainsi dire, de garder leurs chaussures pour dormir
et pour faire n'importe quoi d'autre, et ne doivent jamais déposer
l'armure qu'ils ont autour de leur corps ni changer l'arme qu'ils ont
reçue en partage.
L'homme, au contraire, possède de nombreux
moyens de défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même
d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.
Car la main devient griffe,
serre, corne, ou lance ou épée ou toute autre arme ou outil.
Elle peut
être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir.
Aristote.
Ce que défend ce texte:
Ce texte a donc pour objet de montrer que non seulement l'homme n'est pas le moins bien pourvu des animaux, mais
même qu'il est celui qui a été pourvu d'un organe tout à fait spécial, qui peut remplir la fonction de tous les autres
moyens qui ont été donnés aux autres animaux : la main.
En effet, « les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer
pour un autre ».
Ils ne peuvent pas même s'en séparer momentanément.
Le lion doit garder ses griffes et l'aigle ses
serres.
Le renversement de perspective par rapport au mythe de Prométhée est donc radical : l'homme est en
réalité le mieux pourvu car il possède la main qui représente, virtuellement, tous les autres outils naturels donnés
aux êtres vivants.
Avec cette main, il possède de « nombreux moyens de défense » et il lui est toujours loisible d'en changer, de sorte
qu'il possède l'arme qu'il veut, quand il veut.
Car la main peut devenir «griffe, serre, corne [...] ou toute autre arme
ou outil ».
La main est donc un outil naturel qui « tient lieu des autres » et c'est là toute sa spécificité.
Pourquoi, alors, la
nature a-t-elle donné à l'homme seul cet outil « de loin le plus utile » ?
C'est que la nature ne fait rien en vain, selon Aristote, et si elle a doté l'homme de la main, c'est parce qu'il est seul
capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques.
Seule, en effet, l'activité humaine est véritablement inventive.
La technè est chez l'homme une disposition tournée
vers la création, et « accompagnée de raison », ce qui l'oppose de ce fait, aux autres animaux.
La nature a donc donné à l'homme des mains à la mesure de ce que peut lui permettre de faire son intelligence.
L'outil, en effet, n'est pas seulement le prolongement naturel de la main, il est la traduction matérielle de son
intelligence.
C'est pourquoi Aristote peut affirmer que « ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent.
»
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