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BERGSON : L'Homo Faber

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Dans des milliers d'années, quand le recul du passé n'en laissera plus apercevoir que les grandes lignes, nos guerres et nos révolutions compteront pour peu de chose, à supposer qu'on s'en souvienne encore ; mais de la machine à vapeur, avec les inventions de tout genre qui lui font cortège, on parlera peut-être comme nous parlons du bronze ou de la pierre taillée ; elle servira à définir un âge. Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens*, mais Homo faber**. En définitive, l'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. Henri BERGSON, L'Évolution créatrice
Dans ce texte, il s’interroge sur les liens entre la technique et l’intelligence humaine. Les philosophes ont toujours assuré une interrogation sur l’activité technique et cette interrogation s’est accentuée ces dernières années avec les nouvelles menaces que le progrès technique fait peser sur l’homme et sur le monde. Le premier but de la technique est la transformer de la nature par l’homme et la technique fait donc partie du monde de la culture, la manifestation de l’esprit humain dans le monde. La pensée grecque distingue ce qui est naturel de ce qui artificiel. Elle met ainsi en valeur le principe qui est à l’origine des objets. Ainsi, les choses produites par nature le sont par elles-mêmes ( la graine devient une plante à partir d’elle-même), tandis que les choses produites par technique le sont par la médiation d’un agent extérieur. L’objet technique est le résultat d’une fabrication et ne peut exister sans une intervention humaine. Qu’est-ce qui sous-tend cette fabrication. Bergson dans ce texte se penche sur l’activité même de l’intelligence. Pour ce faire, il commence donc sur une réflexion historique : il s’agit de savoir ce qui restera dans l’histoire, les événements qui marquent. Ce qui lui permet par la suite de s’interroger sur la caractéristique « constante » de l’homme qui accompagne l’évolution historique. Bergson se place en effet toujours sur le plan évolutif de la vie. Il ne s’agit plus de voir dans la raison humaine, un don divin mais bien d’essayer de comprendre comment l’intelligence est apparue et pourquoi elle est apparue ? Peut-on dire que la technique est proprement humaine et qu’elle est la caractéristique de l’homme ? Quelles conséquences a cette identification de la technique et de l’intelligence ?

« Dans des milliers d'années, quand le recul du passé n'en laissera plus apercevoir que les grandes lignes, nos guerres et nos révolutions compteront pour peu de chose, à supposer qu'on s'en souvienne encore ; mais de la machine à vapeur, avec les inventions de tout genre qui lui font cortège, on parlera peut-être comme nous parlons du bronze ou de la pierre taillée ; elle servira à définir un âge.

Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens*, mais Homo faber**.

En définitive, l'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. Henri BERGSON, L'Évolution créatrice Henri Bergson est un philosophe français du XXème siècle connu notamment pour ses travaux sur la durée. L'introduction de ce concept en philosophie a bouleversé la philosophie traditionnelle sur le temps.

A partir de ce travail, Bergson va approfondir et élargir ses travaux sur l'esprit humain.

En ce sens, on parle généralement de Bergson comme d'un philosophe spiritualiste.

Dans ce texte, il s'interroge sur les liens entre la technique et l'intelligence humaine.

Les philosophes ont toujours assuré une interrogation sur l'activité technique et cette interrogation s'est accentuée ces dernières années avec les nouvelles menaces que le progrès technique fait peser sur l'homme et sur le monde.

Le premier but de la technique est la transformer de la nature par l'homme et la technique fait donc partie du monde de la culture, la manifestation de l'esprit humain dans le monde.

La pensée grecque distingue ce qui est naturel de ce qui artificiel.

Elle met ainsi en valeur le principe qui est à l'origine des objets.

Ainsi, les choses produites par nature le sont par elles-mêmes ( la graine devient une plante à partir d'ellemême), tandis que les choses produites par technique le sont par la médiation d'un agent extérieur.

L'objet technique est le résultat d'une fabrication et ne peut exister sans une intervention humaine.

Qu'est-ce qui soustend cette fabrication.

Bergson dans ce texte se penche sur l'activité même de l'intelligence.

Pour ce faire, il commence donc sur une réflexion historique : il s'agit de savoir ce qui restera dans l'histoire, les événements qui marquent.

Ce qui lui permet par la suite de s'interroger sur la caractéristique « constante » de l'homme qui accompagne l'évolution historique.

Bergson se place en effet toujours sur le plan évolutif de la vie.

Il ne s'agit plus de voir dans la raison humaine, un don divin mais bien d'essayer de comprendre comment l'intelligence est apparue et pourquoi elle est apparue ? Peut-on dire que la technique est proprement humaine et qu'elle est la caractéristique de l'homme ? Quelles conséquences a cette identification de la technique et de l'intelligence ? L'histoire ne retient que les inventions techniques - Dans la première partie du texte, Bergson s'interroge sur les évènements qui marquent l'histoire.

Il réfléchit ainsi à ce qu'il restera dans l'esprit des gens dans « des milliers d'années ».

Pour établir le point de départ de son raisonnement, Bergson utilise une hypothèse imaginaire, un raisonnement hypothétique qui est en partie invérifiable : nous nous retrouvons projeté dans le futur, dans plus de 2000 ans.

Bien entendu, les gens n'auront plus connaissance des détails de nos actualités et des différents petits faits qui composent notre quotidien.

De fait, il ne restera que « les grandes lignes », les orientations de nos sociétés.

Bergson, ici, développe une idée qui peut sembler paradoxale au regard des différents travaux historiques : les « guerres » et les « révolutions » ne seront pas les choses les plus importantes.

Le philosophe laisse même entendre que les gens ne s'en souviendrons même pas. On peut se dire que la révolution française est encore dans l'esprit des gens et est toujours enseignée dans nos écoles.

Pourtant, le temps qui nous sépare de cet événement est plus court, il n'y a que quelques siècles.

Alors que Bergson parle d'intervalles de temps de milliers d'années, comme nous l'apprend l'exemple de la préhistoire. - La seconde partie de la première phrase, marquée par le point virgule et la conjonction de coordination « mais » présente donc ce qui va rester dans l'histoire.

Selon lui, c'est de la « machine à vapeur » et les « inventions » qui continuera à exister dans les esprits des gens.

Il parle donc des inventions techniques proprement dites.

Pourquoi l'évocation des âges et le choix de la machine à vapeur Jusqu'au XVIIème siècle, que ce soit dans l'atelier de l'artisan ou dans les manufactures, les hommes produisent en utilisant des outils.

Au XIXème siècle, avec la révolution industrielle, apparaît la fabrique où les machines sont entraînées par un moteur ( comme la machine à vapeur) et fonctionnent automatiquement.

L'apparition de la machine à vapeur marque donc le commencement d'une période et à ce titre, peut-être sera-t-elle l'emblème telle la pierre taillée pour définir un âge.

George Simondon dans son ouvrage Du mode d'existence des objets techniques, insiste d'ailleurs sur la rupture qu'introduit dans le travail et chez les ouvriers l'apparition des machines.

Il oppose ainsi le progrès du XVIIIème siècle et celui du XIXème : il écrit ainsi « Ce n'est pas seulement par la dimension que la fabrique se distingue de l'atelier de l'artisan, mais par le changement du rapport entre l'objet technique et de l'être humain : la fabrique est un ensemble technique qui comporte des machines automatiques, dont l'activité est parallèle à l'activité humaine.

» Il y a donc une véritable différence entre les deux périodes.

On peut comprendre alors pourquoi Bergson rapproche la machine à vapeur des inventions de la préhistoire. La préhistoire est un effet la période la plus éloignée de l'histoire de l'humanité, or, nous ne nous souvenons pas des guerres de clans ou autres.

Ce qui nous reste ce sont bien les différentes évolutions techniques : l'apparition des outils tels que l'arc ou la lance, l'utilisation de la pierre taillée pour améliorer ces armes, puis le fer, etc… - Pourquoi ces inventions restent-elles dans l'histoire ? Bergson ne nous l'indique pas dans ce texte mais cela est assez facile à comprendre.

D'ailleurs, l'auteur l'évoque dans le même ouvrage.

Les inventions techniques influencent le mode de vie des individus.

Cela implique de nouveaux comportements : la découverte des techniques d'agriculture permet à l'homme de se sédentariser, le développement des automobiles aujourd'hui a bouleversé les modes de transport individuel.

Même si, nous dit Bergson, l'influence de ces inventions est plus long à se faire sentir sur les. »

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