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Avons-nous seulement des préjugés ?

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« Remarque préliminaire : le sujet me paraît mal formulé, il serait préférable de se demander "N'avons-nous que des préjugés ?".

La formulation "avons-nous seulement" comporte en effet une ambiguïté : lorsque je dis "Mais sais-tu seulement ce qu'est...

[la philosophie, par exemple]", ou "Avons-nous seulement le temps de faire ceci ou cela", je veux dire le contraire de ce qui est suggéré ici, à savoir que tu ne sais pas ce qu'est la philosophie ou que nous n'avons pas le temps de faire ceci ou cela. Cela étant dit, nous traiterons le sujet tel qu'il est proposé, car il n'est pas exclu de "tomber" sur un sujet mal formulé. Analyse du sujet : - Il faut d'abord insister sur "seulement".

Ce mot indique 1) que le sujet présuppose que nous ayons des préjugés, 2) que nous devons nous demander si nous avons autre chose que des préjugés (des connaissances, des croyances fondées, des hypothèses à vérifier, etc.). - Il faut définir ce qu'est un préjugé.

Pré-juger, c'est "juger avant".

Avant quoi ? Avant d'être en mesure de juger, de connaître ? C'est donc soit 1) se précipiter à juger avant d'avoir tous les éléments pour le faire, soit 2) juger d'après ce qu'on nous a dit/appris au lieu de chercher à se faire une idée par soi-même.

Il peut être bon, à ce niveau de l'analyse, de chercher des exemples concrets pour mieux cerner le sujet. - On peut, grâce à des exemples, comprendre que l'emploi que l'on fait généralement du mot "préjugé" est péjoratif. Le préjugé est considéré comme une croyance non seulement fausse, mais non fondée.

Je peux, en effet, avoir une croyance fausse pour de bonnes raisons, tandis que, si j'ai des préjugés, c'est toujours de ma faute, faute justement, d'avoir pris la peine d'exercer mon jugement. Une fois cette analyse faite, il est possible de formuler une problématique.

Il est à noter que ce n'est pas parce que l'analyse nous est nécessaire pour trouver une problématique qu'elle doit apparaître telle quelle en introduction.

Il peut même être judicieux de commencer la première partie par une (première) définition de ce qu'est un préjugé. C'est ce que nous nous proposerons de faire ici. Élements de problématisation : Si nous n'avons que des préjugés, nous sommes en droit de nous demander d'où ils peuvent venir.

On peut, en effet, comprendre qu'un préjugé vienne, par exemple, d'une généralisation hâtive (exemple : je suis allé deux fois sur la Côte d'Azur, il a plu les deux fois, j'en déduis qu'il y fait toujours mauvais, c'est un préjugé), mais ne faut-il pas toujours qu'il y ait, au départ, une part de connaissance, pour pouvoir, à partir de cela, forger des préjugés ? Si nous n'avons que des préjugés, sur quoi peuvent-ils se fonder ? Ne sont-ils le fruit que d'une pure imagination entièrement libre de penser ce qu'elle veut ? On voit que le problème que pose le sujet est celui du rapport du préjugé à la connaissance : si nous ne savons rien, mais n'avons que des préjugés, quel rapport pouvons-nous avoir à la réalité ? Sommes-nous responsables de ne pas faire correctement usage de notre jugement, et, dans ce cas, le problème serait remédiable, ou est-ce dû à un défaut de nos capacités de jugement auquel nous ne pouvons rien ? Mais, même dans le cas où nos préjugés seraient le fruit de notre mauvais usage de notre capacité de juger, si nous n'avons que des préjugés, et aucune connaissance, si nous ne savons rien, comment pouvons-nous acquérir des connaissances ? Pouvons-nous vraiment n'avoir que des préjugés ? Proposition de plan : I Nous avons des préjugés et nous ne pouvons garantir leur véracité. 1) Nous avons effectivement des préjugés, c'est indéniable. Il faut commencer par définir ce qu'est un préjugé (une idée préconçue, "toute faite", un jugement hâtif) en s'appuyant sur un ou deux exemples simples.

Par exemple : que signifie avoir des préjugés sur quelqu'un ? 2) Le problème des préjugés n'est pas forcément, comme nous le supposons souvent, qu'ils sont négatifs (ex : je pense du mal de quelqu'un alors que je ne le connais pas), car il peut exister des préjugés positifs, mais qu'ils sont douteux.

Pourquoi sont-ils douteux ? À cause de leur origine, parce que nous avons "reçu en notre créance", comme dirait Descartes, certaines choses sans prendre la peine d'exercer notre jugement, notre esprit critique. Texte : Descartes, Discours de la méthode, 4e partie. "J'avais dès longtemps remarqué que, pour les moeurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables, ainsi qu'il a été dit ci-dessus ; mais pouce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fut indubitable.

Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer.

Et pouce qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes [raisonnements qui vont à l'encontre de la logique], jugeant que j'étais sujet à faillir, autant qu'un autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations.

Et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées, que nous avons étant éveillés, nous peuvent. »

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