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Autrui est-il pour moi objet ou sujet ?

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Autrui est-il pour moi objet ou sujet ?

« Autrui n'est pas moi.

Il est hors de moi et extérieur à moi.

En ce sens, n’étant pas moi, il est pour moi avant tout un objet, c'est-à-dire littéralement un être placé devant moi.

Or, peut-on dire qu’autrui n’est qu’un objet ? Affirmer qu’autrui est un objet, cela ne signifie pas qu’il un objet comme les autres.

En effet, s’il est autre que moi, il n’en n’est pas moins un autre moi-même.

Par définition, autrui est mon semblable, un autre moi que moi-même, c'està-dire un sujet tout comme moi.

Comment peut-il alors être un objet pour moi ? Est-ce moi qui le réifie ou se réifiet-il lui-même pour m’apparaître sur le mode d’un objet ? I) Autrui n’est qu’un objet pour moi a) Autrui n’est pour moi qu’un objet de perception parmi d’autres.

Autrui est, en tant qu’il se tient devant moi, un ob-jet.

C’est du moins ainsi que je le perçois.

Il est objet de ma perception et ne se distingue pas, pour le coup, de toutes les choses auxquelles je suis en mesure de me rapporter à l’occasion d’un acte perceptif.

Ainsi Paul existe pour moi de la même façon que cette table sur laquelle je m’appuie : il peut être, au même titre que tout objet, objet d’une analyse ou d’une intervention comme c’est le cas dans le domaine médical où le chirurgien répare le corps comme un mécanicien répare une voiture. b) C’est du reste ce que nous fait remarquer Descartes dans sa lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646.

Ainsi affirme-t-il : « Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui puisse assurer ceux qui les examinent, que notre corps n'est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu'il y a aussi en lui une âme qui a des pensées ».

Autrement dit, rien ne m’indique qu’autrui est sujet tout comme moi.

Ce qui le fait être sujet relève d’une intériorité à laquelle je ne suis pas en mesure d’accéder. c) Non seulement, autrui est pour moi objet de ma perception mais il est aussi un moyen que je suis en mesure d’utiliser pour parvenir à mes fins.

Il est, en effet, celui dont je me sert pour satisfaire mes désirs.

Ainsi en va-t-il de l’échange où autrui n’est qu’un moyen pour obtenir ce qui me manque (ce qui ne va pas sans réciprocité) mais aussi de la production des marchandises où autrui est utilisé comme simple force de travail.

Mais non seulement autrui est une chose mais il peut devenir aussi ma chose (dans un rapport de domination sociale, économique, ou encore sexuel, c'est-à-dire un être que j’assujettis, domine et soumets à mon pouvoir. Transition : Cependant, comme l’affirme Descartes lui-même, autrui s’il est pour moi un objet, il est aussi un être qui se révèle être par l’exercice de la parole un alter ego.

Ainsi affirme-t-il : « Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures […] excepté les paroles, ou autres signes faits à propos des sujets qui se présentent, sans se rapporter à aucune passion.

» De là, autrui ne peut être un objet pour moi. II) Autrui ne peut être un objet pour moi a) Autrui cesse d’être un objet pour moi dès lors que j’éprouve de la compassion pour lui.

C’est la compassion ou empathie que j’éprouve pour un autre qui me fait prendre conscience que cet autre n’est pas un simple objet mais un sujet.

Aussi, lorsque je compatis (cum patum signifiant souffrir avec) à la souffrance d’autrui ou que je partage sa joie qui fait que je ne le perçois plus comme un objet mais plutôt comme un sujet identique à moi (je ressens sa souffrance ou sa joie comme si elles étaient les miennes, comme si j’étais lui-même. b) Cette reconnaissance en un autre d’un autre moi-même est particulièrement prégnante lorsque l’on se rend attentif à son visage.

En effet, ce que je vois d’autrui c’est son visage, non pas entre autres choses à voir de lui, mais ce qu’il y a d’expressif en lui, expressivité qui ne se laisse pas enfermer dans une forme plastique. »

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