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Attention et choix

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« Attention et choix La vie toute entière n'est qu'une série d'options. Si l'homme est projet, la conscience est sélection, et l'esprit choix.

C'est là une des constantes de la pensée moderne.

Dès lors qu'y a-t-il d'étrange è accoupler ces deux mots, dont on pourrait peut-être chercher vainement le lien si l'on ne se pénétrait d'emblée de cette idée directrice : l'attention, comme toute opération mentale, est sélection.

On a même pu parler d'une « sélection attentionnelle » (Revault d'Allonnes) qui se produirait à tous, les niveaux du psychisme. Ainsi donc il s'agira de dégager d'abord les analogies essentielles qui unissent les deux termes.

Puis 'l'on se demandera s'il ne peut point y avoir d'attention sans choix.

Et l'on terminera cette esquisse par une sorte de dépassement de ;attention elle-même par la liberté humaine; car le choix authentique est liberté. I.

RAPPORTS ANALOGIQUES 1.

« On désigne ce phénomène de choix de par l'expression étroitesse de conscience » ou d'un terme beaucoup plus général, attention de l'esprit à l'égard des contenus qui, en lui, prennent une prévalence sur d'autres, — et distraction à l'égard de tous ceux qui ne le peuvent. 2.

L'attention est un choix qui subit l'attirance de l'intérêt sentimental (cf.

Ribot). 3.

C'est un déchiffrement, ou une prévalence, c'est-à-dire que l'attention intervient pour mieux comprendre, pour mieux sentir, pour mieux juger.

L'attention met l'accent sur l'activité mentale de l'homme qui préfère, qui exclut ou qui incline pour ou contre.

L'attention choisit l'odeur des lilas dans un jardin odorant qui exhale vingt parfums divers, ou le tic-tac de la pendule au milieu du bruit des machines è écrire, du clapotement de l'eau sur les vitres et des hurlements du nourrisson d'à côté. 4.

Enfin tout choix est attentif.

Réciproquement, l'on ne saurait choisir sans prêter attention, sans se référer au schématisme attentionnel. II.

RAPPORTS ANTINOMIQUES 1.

'L'attention involontaire ne se choisit pas.

A tous les niveaux de l'attention spontanée, il est évident qu'aucun choix ne se fait sentir. 2.

Le choix peut lui-même avoir lieu à un niveau tel que l'attention ne soit pas en cause. 3.

L'attention, en tant qu'elle représente essentiellement une activité musculaire et nerveuse (la formule de Ribot est connue de tous « l'action de muscles sur des muscles ») est en deçà du choix.

Brève analyse phénoménologique de l'attention ; l'attention s'impose à la conscience sans pouvoir être choisie par le sujet qui l'applique : cas de l'attention expectante.

L'homme assis à la terrasse d'un café et qui « fait attention », qui prête intensément attention à l'arrivée des consommateurs, des habitués, ne choisit pas forcément sa perception.

Il demeure attentif sans avoir à opérer un tri, un choix quelconque, parmi ses représentations variées : il attend et de l'attente naît l'attention.

Il tend vers l'arrivée des clients.

Il « espère » au sens méridional du terme.

Mais cette tension de l'esprit est déjà intention, donc attention. 4.

Même dans les formes les plus élevées de l'attention réfléchie, il ne peut y avoir de choix authentique en ce sens que le but, l'objet de l'attention est toujours extérieur à elle.

L'ob-jectum est ce qui est jeté devant, ce qui se pose et s'oppose à la conscience.

L'attention interne est un nom déguisé de la conscience de soi. III.

L'ATTENTION LIBÉRATRICE 1.

Si l'attention véritable est un mode commun à tous les processus, ou, pour mieux dire, la « conscience d'une conscience » — selon la formule de Janet, elle ne sera ni dans la simple option, ni dans une conduite dirigée. Elle sera foncièrement opératoire. 2.

Ce mode opératoire universel nous permet de dépasser l'antagonisme du physiologique et du psychique par une sorte de tension. 3.

Ainsi la liberté est aussi bien le fait de l'attention spontanée que de l'attention réfléchie, Il ne paraît pas nécessaire à l'attention d'être réfléchie pour agir comme un mode libératoire.

Même au niveau de l'attention spontanée il y a libération du monde amorphe ou physiologique à l'état pur, voire une évasion hors du corporel. L'attention se situe donc au confluent de la personne et de l'activité.

Elle permet au je de se manifester, au moi de s'épanouir, ou à l'esprit de se réaliser dans l'existence. CONCLUSION.

L'attention est, pour parler comme Piéron « un processus d'orientation unifiée de la conduite» (psychologie expérimentale, p.

165).

Elle se caractérise par son efficience et son allure éminemment synthétique : c'est une synthèse libératoire.

Bien plus : l'attention est intention.

Elle ne s'arrête pas au niveau d'une conduite réflexe.

D'emblée elle devient réflexive pour se transformer en une attitude réfléchie.

L'attention est le critère de la pensée.. »

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