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Arthur Sshopenhauer: L'histoire est-elle une science ?

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Seule l'histoire ne peut vraiment pas prendre rang au milieu des autres sciences, car elle ne peut pas se prévaloir du même avantage que les autres : ce qui lui manque en effet, c'est le caractère fondamental de la science, la subordination des faits connus dont elle ne peut nous offrir que la simple coordination. Il n'y a donc pas de système en histoire, comme dans toute autre science. L'histoire est une connaissance, sans être une science, car nulle part elle ne connaît le particulier par le moyen de l'universel, mais elle doit saisir immédiatement le fait individuel et, pour ainsi dire, elle est condamnée à ramper sur le terrain de l'expérience. [...] Il s'ensuit encore que les sciences parlent toutes de ce qui est toujours, tandis que l'histoire rapporte ce qui a été une seule fois et n'existe plus jamais ensuite.

« Seule l'histoire ne peut vraiment pas prendre rang au milieu des autres sciences, car elle ne peut pas se prévaloir du même avantage que les autres : ce qui lui manque en effet, c'est le caractère fondamental de la science, la subordination des faits connus dont elle ne peut nous offrir que la simple coordination.

Il n'y a donc pas de système en histoire, comme dans toute autre science.

L'histoire est une connaissance, sans être une science, car nulle part elle ne connaît le particulier par le moyen de l'universel, mais elle doit saisir immédiatement le fait individuel et, pour ainsi dire, elle est condamnée à ramper sur le terrain de l'expérience.

[...] Il s'ensuit encore que les sciences parlent toutes de ce qui est toujours, tandis que l'histoire rapporte ce qui a été une seule fois et n'existe plus jamais ensuite. Arthur Sshopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation Ce que défend ce texte: Ce texte de Schopenhauer a pour objet l'histoire et cherche à nous montrer pourquoi celleci ne peut pas, en tant que savoir organisé et discipline d'enseignement, prendre place au milieu des autres sciences. Ces autres sciences correspondent à celles que nous appelons aujourd'hui les « sciences exactes », comme la physique ou la chimie.

Pourquoi l'histoire ne pourrait-elle pas prétendre au statut de science, alors qu'elle se présente elle-même comme la « science du passé » ? En quoi le savoir qu'elle nous apporte est-il moins certain et moins exact que celui que nous offrent les lois de la physique ? S'agit-il de dénoncer le manque de témoignages liés au passé, l'imprécision des documents que nous avons pu conserver ? Pour Schopenhauer, il ne s'agit pas de cela.

L'histoire explore le plus souvent un ensemble de faits suffisamment connus et bien documentés, mais elle ne peut nous en offrir que la simple coordination, la simple compilation.

Or les sciences exactes ne se contentent pas d'égrener la description de faits naturels, de les entasser comme on enfile les perles d'un collier, mais elles les « subordonnent », c'est-à-dire qu'elles restituent leur causalité, l'ordre de leur enchaînement logique, grâce à la découverte de lois générales. Or l'historien ne peut en faire autant, et c'est pourquoi l'auteur écrit que « ce qui leur manque [...

], c'est le caractère fondamental de la science, la subordination dont elle ne peut nous offrir que la simple coordination ».

L'histoire, en effet, n'est pas « systématique », ce qui signifie que les divers événements dont elle retrace le déroulement ne sont pas intégrés dans des systèmes de causalité à valeur générale.

Il n'y a pas de lois en histoire, comme il peut y en avoir en physique. L'historien se contente donc de saisir le fait individuel (tel ou tel événement particulier), sans pouvoir ni l'anticiper ni le restituer dans un enchaînement causal cohérent qui nous montrerait la nécessité interne de son déroulement.

C'est pourquoi il est entièrement tributaire des faits et condamné « à ramper sur le terrain de l'expérience.

» Ce à quoi s'oppose cet extrait: L'opposition si nette que l'auteur instaure entre l'histoire et les sciences est-elle justifiée ? Il est vrai que ces dernières nous parlent de « ce qui est toujours », à savoir la répétition de phénomènes naturels qui se produisent de manière cyclique et qu'étudient les sciences expérimentales.

Les sciences peuvent aussi, par leurs expériences, provoquer cette répétition, puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets. L'histoire, au contraire, se rapporte aux hommes que singularise leur liberté.

La particularité des contextes, l'aléatoire des situations et des rencontres qui constituent le fait historique, ne nous offrent que ce qui a été une seule fois et ne sera plus tel qu'il a été.

L'histoire porte donc sur le domaine de l'inédit absolu et les événements sont par définition totalement « originaux », c'est-à-dire particuliers. Cette conception s'oppose toutefois à celle qui prédomine à la fin du xx siècle.

Les travaux de grands historiens, tels que Fernand Braudel, ont tenté de dépasser le niveau concret de l'événement et la soumission au « terrain de l'expérience ».

Braudel a distingué, en effet, trois niveaux du temps historique, correspondant à trois approches différentes et complémentaires : l'histoire minérale et immuable qui mesure les rapports de l'homme avec son environnement naturel ; l'histoire sociale qui rythme la vie des groupes économiques, des sociétés paysannes et urbaines ; et, enfin, une histoire rapide, bruyante, événementielle, « qui ride la surface des choses ». Or Schopenhauer n'a pris en compte, pour définir l'histoire, que ce dernier aspect, le moins essentiel.

Avec des nouvelles méthodes mais aussi un nouveau découpage de son objet, l'histoire a donc cherché à s'éloigner de cette pure surface de l'événement afin d'entrer dans le domaine des sciences.

Mais son modèle spécifique de scientificité n'est pas comparable à celui, mathématique, des sciences exactes. C'est pourquoi l'histoire est rangée parmi les sciences humaines, au même titre que la psychologie ou la sociologie.

Ce titre n'indique pas qu'elle soit « moins vraie » que les sciences exactes mais que la nature de sa vérité est d'un autre type, qui prend en compte l'imprévisible humain tout autant que la nécessité de certains mécanismes.. »

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