Aide en Philo

Art et beauté ?

Extrait du document

« VOCABULAIRE: Art: 1) A u sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) A u sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'es t-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. O euvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. BEAU - BEAUTÉ (adj.

et n.

m.) 1.

— Norme permettant le jugement esthétique ; cf.

valeur.

2.

— Sens concret : objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre des proportions.

3.

— (P ar ext.) C e qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste).

4.

— P our K A NT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte toujours sur un cas particulier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ; c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin.

» La notion d'art, prise dans sa généralité, renvoie aussi bien à la pratique de l'artisan qu'à celle de l'artis te.

Dans les deux c as, il y a production (poiesis ) d'un objet artificiel.

C ependant des différences essentielles existent.

Un pont, ouvrage d'art, n'est pas une sculpture, oeuvre d'art.

Et nous distinguons « l'École des arts et métiers » et « l'École des beaux-arts ».

Dans la première, il s'agit de former des techniciens et ingénieurs.

Dans la s econde, en revanche, le lien entre art et beauté est essentiel.

Q u'en est-il de ce lien ? Il y a certes un aspect technique dans les beaux-arts : outils, travail, apprentissage, etc.

M ais la maîtrise d'une technique ne suffit pas à faire un artiste. Q u' y a-t-il de plus ou d'autre, que la beauté indique ? Par ailleurs, nous pouvons qualifier de beau un paysage naturel aussi bien qu'un paysage peint.

Es tce parce que nous portons sur les deux un regard d'artiste ? Le rapport complexe entre l'artiste, le monde, l'oeuvre et le spectateur doit être analysé.

Trois questions se posent : de quelle nature est l'expérience de l'artiste ? De quoi l'ouvre d'art est-elle la révélation ? Q u'exprime le spectateur lorsqu'il dit que l'oeuvre est belle ? Expérience de l'artiste. L'art n'es t ni une pratique qui aurait pour fin d'utiliser le monde en fonction des besoins ou des désirs ; ni une theoria (contemplation) du scientifique qui veut le connaître. P ourtant, l'artiste c ontemple le monde, et son art relève d'une pratique.

Mais sa contemplation est esthétique et l'objet qu'il crée se distingue des objets techniques par sa fin.

De plus , l'artiste montre, il ne démontre pas : dans Guerre et P aix, Tolstoï nous montre la guerre. L'artiste, quel que s oit son art, se caractérise tout d'abord par son regard.

Un coin de campagne, par exemple, sera vu différemment par un agriculteur qui prévoit d'y planter du blé, un botaniste qui prélève des plantes pour les répertorier, et un artiste pour qui c'est un paysage qui s'offre à lui.

Il goûte le paysage, le contemple librement, de façon désintéressée. C ependant, plus que cela, l'artiste pénètre par le regard ce qui fait que ce paysage est ce qu'il est dans son paraître, par ses formes, ses couleurs, s es nuages, ses ombres, etc.

P ar son regard, son esprit accueille, scrute, saisit ce qui demeure invisible au regard habituel, s ocialisé.

L'artiste voit et cette vision guide son acte créateur (Merleau-Ponty). La création de l'oeuvre contribue à rendre ce qui est saisi par l'esprit et révèle le génie artistique.

Don de la nature, le génie s ingularise celui qui en est doté. Distinct du talent, qui relève de l'habileté, le génie montre une puissance originale de création.

Le caractère mystérieux qui entoure la création de d'oeuvre, ne doit pas conduire à une mystification.

L'artiste ne peut certes pas dire ce qui se pas se en lui lors de la genèse de l'oeuvre.

Sa force créatrice au travail ne peut être conceptualisée, elle est, comme celle des dieux, intuitive, fulgurante, paraît aisée, par opposition au travail laborieux de celui qui peine et manque d'imagination.

M ais il ne faut pas oublier que les artistes géniaux travaillent beaucoup...

A insi, le génie renvoie à la nature de l'individu, mais sans travail il ne saurait se révéler pleinement dans une oeuvre. L'oeuvre d'art : création, expressivité, communication. En tant qu'objet fabriqué, l'oeuvre d'art se distingue d'un objet d'artisanat.

Dans les deux cas, il y a certes technique.

Une forme est donnée artificiellement à une matière : avec le même bois, on peut faire une chaise ou une statuette.

C ependant, causes efficiente et finale diffèrent (A ristote). L'ébéniste, en tant que cause efficiente, est avant tout artisan.

Il invente et produit l'objet suivant l'idée qu'il en a et les règles de son art.

Il peut le faire en série.

Le sculpteur, en revanche, crée l'oeuvre en même temps qu'il l'accomplit.

Elle est originale, unique.

P our une grande part, il la découvre en la faisant. Et la règle qui préside à la puissance esthétique est interne à l'oeuvre, elle lui est propre. De plus, un objet technique a une fin utilitaire, même si sa beauté peut intervenir une belle bicyclette doit avant tout bien remplir sa fonction.

En revanche, l'oeuvre d'art n'a pas une fin pratique utilitaire.

Les premiers objets d'art déc ouverts s ur des sites préhis toriques laissent apparaître une préoc cupation qui rompt avec le souci matériel et la rec herche d'un plus grand confort.

Inutile, d'une certaine faç on, l'objet d'art n'en a pas moins une fonction essentielle, symbolique, spirituelle.

Magie de l'image peinte, de la figurine rituelle représentant une d é e s s e ou un animal sacré.

A utour d e l'icône, l e s esprits communient.

L'oeuvre d'art contient et exprime des aspects essentiels du rapport de l'homme au monde.

M usique ou peinture, danse ou poésie, architecture ou sculpture manifestent l'esprit dans des objets que l'homme-artis te crée. A insi, l'oeuvre est l'objectivation du rapport entre l'artiste et le monde.

Elle révèle, par sa beauté, une vis ion originale du monde et le monde lui-même.

P ar exemple, un V an Gogh donne à voir un olivier peint qui dévoile l'es sence de cet olivier : l'universel est dans l'apparence d'un être singulier.

L'expressivité du tableau tient à ce qu'il rend visible l'originalité du regard et l'intimité de ce qui est saisi par et dans ce regard.

Et la beauté provoque une satisfaction esthétique chez celui qui la contemple. Jugement de goût et contemplation de l'oeuvre. La genèse du goût Face à une oeuvre d'art, ce qui nous arrive tient à la fois à l'objet et à nous-mêmes, sujets.

Lorsque nous disons qu'elle est belle, il nous semble la qualifier, alors que nous exprimons un sentiment qui nous est propre, subjectif.

C omment faire la part de l'objectif et du subjectif ? Est-ce parce qu'une oeuvre est belle que nous la jugeons telle ? Sa beauté serait alors à rapporter à l'objet seul.

Nous pouvons être frappés par la beauté d'un chef-d'oeuvre, comme si elle s'imposait d'elle-même, telle une évidence à laquelle chacun devrait se rendre.

M ais nous sommes étonnés de constater que d'autres n'y sont pas sensibles.

C ela veut-il dire que l'oeuvre est belle parce que nous la jugeons telle ? D a n s c e cas, on comprendrait l'opinion courante qui dit que les goûts et les c ouleurs ne se discutent pas...

Pourtant, cette position n'est pas satisfaisante.

En effet, le relativisme qu'elle semble justifier est superficiel.

Il is ole chacun, alors que l'art est un domaine où justement les hommes peuvent partager le plus.

Le rapport entre les aspec t s objectif et subjectif du jugement de goût est plus complexe et plus riche. Un chef-d'œuvre provoque en nous un sentiment esthétique.

La palette des sentiments humains exprimés et ress entis tient à la puissance évocatrice de l'oeuvre, plus ou moins géniale, et à la sensibilité du sujet, sa réceptivité.

En ce s ens, la culture joue un rôle essentiel.

La spontanéité évoquée pour légitimer telle prise de position face à une oeuvre d'art n'est au fond que le fruit d'une éducation et d'un travail de l'esprit.

Si l'on ne sait rien de l'esprit indien, de la civilisation indienne, comment peut-on être sensible à ce que son art contient d'essentiel ? C ertes, on peut être attiré, ou non, par sa forme, mais l'ouverture de l'esprit sur la culture indienne ne peut que renforcer, enrichir et affiner le s entiment esthétique.

C ela ne veut pas dire que l'on aimera nécessairement cet art.

Du moins sera-t-on plus réceptif à ce qu'il nous montre.

On pénètre mieux son sens.

Il y a donc une éducation de la sensibilité : l'oreille, le regard, etc., se forment et évoluent au cours de l'exis tence.

De plus, le goût a une histoire collective : il varie aussi selon les époques, les c l a s s e s s ociales, etc.

L'histoire de l'art nous en montre l'évolution, les mouvements.

P ourtant, nous sommes encore sensibles à des oeuvres du passé.

C ela indique bien que la relativité, ici encore, est plus complexe qu'il n'y paraît.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles