Aristote: Sujet, morale et politique
Extrait du document
«
En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement
responsables d'être devenus eux-mêmes relâchés, ou d'être devenus
injustes ou intempérants, dans le premier cas en agissant avec perfidie et
dans le second en passant leur vie à boire ou à commettre des excès
analogues.
En effet, c'est par l'exercice des actions particulières qu'ils acquièrent un
caractère du même genre qu'elles.
On peut s'en rendre compte en observant ceux qui s'entraînent en vue
d'une compétition ou d'une activité quelconque : tout leur temps se passe
en exercices.
Aussi, se refuser à reconnaître que c'est à l'exercice de telles actions
particulières que sont dues les dispositions de notre caractère est le fait
d'un esprit singulièrement étroit.
En outre, il est absurde de supposer que l'homme qui commet des actes
d'injustice ou d'intempérance ne souhaite pas être injuste ou
intempérant.
Et si, sans avoir l'ignorance pour excuse, on accomplit des
actions qui auront pour conséquence de nous rendre injuste, c'est
volontairement qu'on sera injuste.
ARISTOTE.
I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?
Le texte d'Aristote évoque la question de la responsabilité de l'homme à l'égard de ses actes et de sa propre
constitution psychologique.
Il fait intervenir les notions de volonté, de caractère et de justice pour évaluer précisément le degré de liberté et
d'implication de l'individu dans la praxis et la formation de son intériorité.
II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.
La décomposition du texte fait apparaître trois parties :
A - Du début jusqu'à "même genre qu'elles", on trouve ici l'énoncé de la thèse centrale qui affirme la responsabilité
entière de l'homme vis-à-vis de sa façon d'agir, c'est-à-dire, de ses actes et de ses tendances personnelles.
Le caractère n'est pas défini ici comme cet ensemble de données innées qui pré-organiseraient notre vie, mais comme
le résultat même d'actes qui engendrent progressivement des habitudes à mesure qu'ils se répètent.
B - La deuxième partie est faite d'une illustration de la thèse par un exemple : le sportif acquiert ses capacités par la
pratique.
Elles ne seraient rien sans un entraînement qui les fait surgir graduellement pour les inscrire dans le corps.
De même sur le plan moral, nous sommes créés par nos actes dont notre âme finit par devenir le reflet et la résultante.
Les qualités morales dérivent de l'exercice au bout duquel elles imprègnent notre caractère à titre de dispositions
constantes.
L'auteur met donc l'accent sur la nature acquise du caractère, celui-ci étant forgé par nos actes et leur réitération.
C - La troisième partie "en outre ...
injuste" élargit la thèse initiale, la complétant par l'introduction explicite du thème
de la volonté.
En effet, si je suis injuste ou immoral, c'est parce que je l'ai décidé.
Ainsi je suis libre de choisir mon caractère, ce qui
relativise l'aspect mécanique de la production de la personnalité par les actions accomplies.
III - LES REFERENCES UTILES.
PLATON, Nul n'est méchant volontairement..
»
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