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Aristote dit: L'homme est l'ami de l'homme. Hobbes a dit: L'homme est un loup pour l'homme. Lequel des deux philosophes s'est approché le plus de la vérité ?

Extrait du document

« Introduction C es deux thèses divergentes portent s ur l'essence de la nature humaine.

L'une affirme la s ociabilité naturelle de l'homme qui cherche à s ympathiser avec ses semblables .

L'autre, par la métaphore du loup, affirme l'inimitié naturelle qui règne entre les hommes et l'agress ivité latente ou explicite qui fait le cœur de leurs relations.

Pour pouvoir c onnaître la thèse qui s'approcherait le plus de la vérité, il faudrait avoir accès à l'essence humaine.

O r cette essence humaine qui es t en jeu dans notre problème est en elle-même inaccess ible, on ne peut faire des hypothèses s ur elle qu'à partir de ces manifes tations que sont les c onduites des hommes les uns avec les autres.

A insi pour connaître le degré de vérité de chaque thèse, il s'agit d'observer le phénomènes humains pris c omme des manifes tations de cette essenc e.

O r plus on c onstate une fréquence dans une série de phénomènes, plus on pourra affirmer la vérité d'une thèse.

En revanche, plus on c onstatera des phénomènes divergents, plus on doutera de la vérité d'une thèse.

Nous sommes alors confrontés à ce problème : si l'étude des manifestations permet d'accéder à l'ess ence de la nature humaine, faut-il nécessairement choisir entre l'une de ses thès es contradictoires ou bien existe-t-il une trois ième voie ? I L'homme est l'ami de l'homme _ L'amitié la philia, dont parle A ristote doit être entendue au s ens large.

Elle ne se réduit pas en la relation privée de deux individus éprouvant une affection l'autre et se distinguant de l'amour, mais elle englobe tous les types de relations qui lient les hommes entre eux.

O r on peut observer que les individus ont une tendance naturelle à sympathiser les uns avec l e s autres, à se rassembler pour former des groupes.

C ette tendance s pontanée à rechercher la compagnie de ses semblables afin de cons truire un vivre ensemble parait devoir s'ancrer dans la nature humaine.

C 'est e que l'o pourrait soutenir avec A ristote au chapitre II du livre I de ses Politiques.

: « l'homme es t un zoo politikon » « un animal politique ou sociable ».

Il exis te une raison factuelle à ce désir de rassemblement : chaque individu ne peut s ubvenir seul à ses besoins.

Nous avons en effet besoin des autres pour survivre.

Mais au-delà de la survie, nous recherchons à bien vivre, c'est-à-dire une forme de relation à l'autre qui soit bénéfique pour chaque partie. _ Si l'homme est naturellement l'ami de l'homme, c ela explique que les individus qui ne sont pas eux-mêmes gouvernés par c ette amitié naturelle soit rejetée aux marges de l'humanité.

L'être ui vit hors des relations d'amitié entre les hommes est soit une bête, soit un dieu.

Et l'on peut alors s e référer au chant IX de l'Odyssée où l'inhumanité des C yclopes est démontrée par l'absenc e chez eux d'agora, lieu public néc essaire pour faire les rencontres ente amis et organiser la cité.

M ais en tant que l'homme est homme, il es t l'ami de l'homme.

C e qui le prouve à nouveau, c'est que l'homme est le seul animal à être pourvu de parole.

La parole permet à l'homme de produire un disc ours qui exprime le juste et l'injuste objet des débats politiques entre les hommes.

O r selon A ristote, « la Nature ne fait rien en vain ».

A utrement dit , si l'homme a la parole, c'est ue la parole a une fonction essentielle en corrélation avec sa nature.

P ar conséquent, si l'homme a la parole, c'est pour pouvoir réaliser l'amitié politique avec d'autres hommes et organiser ses relations sur le plan juridique. Néanmoins si les phénomènes convergent pour affirmer la thèse d'une nature humaine comme amitié de l'autre homme, il s'agit de ne pas négliger une autre série de phénomènes, toute aussi importante qui montre bien plutôt l'inimitié que les hommes éprouvent les uns pour les autres. II L'homme est un loup pour l'homme _ Le loup est un animal réputé solitaire et impitoyable envers ses semblables.

Il se s itue à l'extrême opposé de l'abeille organisée en « société » autour d'une reine.

P ar la métaphore du loup, Hobbes cherche à exprimer ce qu'il écrit en une seule phrase au chapitre XIII du Leviathan : « la nature dissoc ie les humains ».

A vant la vie civile où les relations sont pacifiées, la vie naturelle est une vie misérable, et brève où règne sans cesse la peur de la mort.

En effet chaque homme a un droit égal de nature à s'approprier toutes choses , et cela même au détriment de la vie d'autrui.

A insi tant qu'i n'existe pas une institution pour contraindre l e s h o m m e s à res pecter les lois , les individus s'attaquent l e s u n s l e s a u t r e s soit en antic ipant l'attaque que l'autre est susceptible de mener contre eux, soit par vanité pour obliger l'autre à reconnaître que je vaux plus que lui.

Il y aurait ainsi à la racine des guerres entre les peuples ou des rixes ente les individus un tempérament humai naturellement belliqueux.

Selon Hobbes, les hommes n'éprouvent que du déplaisir à se voir car il soupçonnent justement l'autre de ne pas le respec ter à sa juste valeur.

Dans les films de gangster , on voit bien comment le chef doit sans ces s e prouver aux autres qu'il vaut plus qu'eux tous par l'exercice de sa force.

Mais ce défi permanent ne c oncerne pas que les gangsters : nous tous autant que nous sommes, nous ne cessons de produire des stratégies de dominations tâchant de faire reconnaître aux autres que nous valons autant qu'eux sinon plus. L'exercice de la forc e qui rend explicite la rivalité implicite entre les hommes ne fait que confirmer ce qui est là depuis toujours . _ Si la compétition et la rivalité font le fond des relations humaines , on peut pens er les relations entre ami proches comme une c ompétition plus ou moins avouée.

Les amis s ont en effet souvent intéressés par un domaine identique où ils sont rivaux et où ils cherchent mutuellement à se dépas ser afin de faire reconnaître à l'autre sa supériorité.

O n pourrait d'ailleurs se demander l'utilité des institutions judiciaires et même de la police si l'homme était vraiment l'ami de l'homme.

En effet la police a pour t$ache d'assu un ordre social de cœxistence entre les individus que les individus auraient naturellement tendance à ne pas respecter.

C omme le précise Hobbes contre ceux qui ne voudraient pas reconnaître l'inimitié naturelle, si ses contradicteurs s'observent eux mêmes, leur comportement réfute leur propre thèse : en allant s e coucher, ils bouc lent leur porte à clef, ils verrouillent leur coffre, au besoin ils s e munissent d'une arme pour être plus en sécurité… Tous ces comportements traduiraient une vérité que l'on ne veut pas s'avouer : « n'accuse t-il pas autant la genre humain par ses actes que je le fais par ms mots ? ». Il existe donc des s éries de phénomènes divergents qui permettent à la foi de soutenir que l'homme est un ami de l'homme et qu'il est un loup pour l'homme. Face à cette contradiction, il semble impossible de trancher. III L'homme a-t-il vraiment une nature ? _ Si l'on peut à la fois affirmer une thèse e t s on contraire, c 'est sans doute qu'il faut reconnaître l'échec de notre méthode.

P ourquoi l'observation de phénomènes ne permet-elle pas d'accéder à l ' e s s e n c e de la nature humaine ? I l n ' y a p a s d'observation neutre de l'homme.

A ussi c e n'est pas en observant des phénomènes que l'on pourra tranc her pour l'une ou l'autre thèse.

En effet l'observation elle-même es t informée par une position de valeur ou une thèse préliminaire qui fausse l'objectivité des observations.

O n peut ainsi se référer à la seconde section de la Métaphysique des mœurs de Kant pour expliquer ce point.

Kant critique le moraliste La Roche Foucault qui ne voit, dans toutes les actions humaines et même dans celles qui semblent absolument pure de tout intérêt individuel , que de ‘amour propre plus ou moins mas qué.

A ins i ce n'est pas parc e que le moraliste a observé des actions gouverné par l'amour propre u'il peut en tirer cette conclusion.

C 'est parce qu'il ne veut voir que l'amour propre qu'il pense que l'amour propre es t le princ ipe de toutes les actions.

A insi c 'est par le pos tulat pes simis te qu'il a posé à l'égard de l'homme qu'il en déduit une essenc e.

Or si l'on peut à la fois affirmer une thèse et s on contraire à propos d la nature humaine, c'est que cette nature est inaccessible et qu'il faut renoncer à la c hercher. _ P l u s encore que de renoncer à s e prononcer en dernière instance sur la nature humaine, la possibilité d'avancer une thèse et son contraire nous apprendrait l'inexis tence de cette nature qui n'est après tout qu'une hypothèse que nous avions faite au début de notre réflexion.

L'homme n'aurait pas de nature, pas d'essence et c'es t la raison pour laquelle on pourrait dire simultanément qu'il est l'ami et le loup de l'homme sans nécessairement se contredire. C 'est ce que l'on pourrait soutenir avec Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme lorsqu'il dit que l'homme n'es t pas un coupe-papier.

Q u'es t-ce à dire ? Le coupe papier est un objet tec hnique dont l'essence fonctionnelle précède l'existence : c'est par ce que l'on veut découper des choses que l'on produit des c oupes papiers .

Par opposition, l'homme n'est pas produit après avoir été conçu pour une fonction : son existence précède son es sence.

L'homme commence par vivre sans être déterminé par une nature que Dieu lui aurait donné : « l'homme exis te d'abord, se rencontre, surgit dans le monde et il se définit pas « .

A insi si l'homme n'a pas de nature, on ne peut dire qu'il est amical ou inamical envers son semblable, il est seulement ce qu'il fait, ce qu'il décide de faire.

C 'est ce que l'on peut dire en affirmant avec Sartre que l'homme est condamné à être libre.

C ela signifie qu'il se fait lui-même, en l'absence de toute justific ation que pourrait lui apporter l'idée de nature humaine. Conclusion : Nous avons montré que l'on ne pouvait décidé lequel de s es auteurs s'es le plis approché de la vérité dans la mes ure où il n'est pas certaine que l'homme s oit pourvu d'une nature.

En l'absence de c ette nature, nous devons faire dans nos relations avec les hommes ce que nous jugeons être le meilleur.. »

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