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Analyse psychologique du souci. ?

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Dans l'arc-en-ciel de notre vie affective, nous observons des tonalités et des nuances multiples. Le plaisir calme est satisfaction ou contentement. Intense, il devient joie. S'ii envahit toute l'âme et dure longtemps, c'est le bonheur. Quand il se manifeste sous forme de mouvements spontanés et incoercibles des membres et de tout le corps, on parle d'allégresse, d'exultation. Avec la douleur, la distinction entre le physique et le moral, qui vaut aussi pour le plaisir, est nécessaire. La douleur physique peut n'être qu'un léger malaise; plus vive, elle prend des formes fort diverses, que l'on désigne par des images : on la compare à une piqûre, à une brûlure, à une déchirure; lorsqu'elle en arrive à l'exaspération de la sensibilité, on dit que c'est une torture, un supplice, un enfer... La douleur morale est encore plus nuancée : l'absence même de toute impression affective nous donne de l'ennui; les événements qui trompent nos espérances nous déçoivent ou nous désenchantent, parfois nous font sombrer dans le désespoir; ceux qui nous touchent dans nos affections nous donnent du chagrin; par tristesse, on peut entendre toute douleur morale; la pensée du lendemain et de ses incertitudes nous laisse inquiets, préoccupés, soucieux... C'est de ce dernier état d'âme, le souci, que nous allons tenter de faire l'analyse psychologique.

« Analyse psychologique du souci. Dans l'arc-en-ciel de notre vie affective, nous observons des tonalités et des nuances multiples. Le plaisir calme est satisfaction ou contentement.

Intense, il devient joie.

S'ii envahit toute l'âme et dure longtemps, c'est le bonheur.

Quand il se manifeste sous forme de mouvements spontanés et incoercibles des membres et de tout le corps, on parle d'allégresse, d'exultation. Avec la douleur, la distinction entre le physique et le moral, qui vaut aussi pour le plaisir, est nécessaire.

La douleur physique peut n'être qu'un léger malaise; plus vive, elle prend des formes fort diverses, que l'on désigne par des images : on la compare à une piqûre, à une brûlure, à une déchirure; lorsqu'elle en arrive à l'exaspération de la sensibilité, on dit que c'est une torture, un supplice, un enfer...

La douleur morale est encore plus nuancée : l'absence même de toute impression affective nous donne de l'ennui; les événements qui trompent nos espérances nous déçoivent ou nous désenchantent, parfois nous font sombrer dans le désespoir; ceux qui nous touchent dans nos affections nous donnent du chagrin; par tristesse, on peut entendre toute douleur morale; la pensée du lendemain et de ses incertitudes nous laisse inquiets, préoccupés, soucieux... C'est de ce dernier état d'âme, le souci, que nous allons tenter de faire l'analyse psychologique. * * * Le souci, dit Littré, est un soin accompagné d'inquiétude.

L'inquiétude consiste dans l'impossibilité de rester tranquille et en repos (in-quietus) : nous pouvons nous inquiéter dans le vide et dans l'inaction.

L'inquiétude devient souci quand on ne peut se reposer avec confiance sur un moyen d'obtenir ce dont on s'inquiète.

La légèreté d'un enfant donne du souci à ses parents et à ses éducateurs, car ils ne savent pas trop comment s'y prendre pour le préparer à la vie. Le soin de personnes ou de choses ne devient vrai souci que lorsqu'il est accompagné d'inquiétude.

Le professeur ne néglige point ceux de ses élèves pour le succès desquels il n'a aucun souci.

Au contraire, c'est à eux qu'il serait porté à consacrer le meilleur de son temps.

S'il est soucieux, c'est de ceux-là seulement dont le succès est incertain : il n'est pas assuré de les conduire au résultat qu'on attend; il n'attend pas le jour de l'examen en toute tranquillité. Le souci porte donc sur l'avenir, non sur le passé.

L'échec d'un projet sur lequel on avait fondé de grands espoirs, des insuccès répétés aux examens peuvent bien nous donner des soucis, mais en tant qu'ils nous amènent à conjecturer l'avenir : même un échec fortuit nous porte à croire à notre malchance et nous fait douter de nos entreprises ultérieures; à plus forte raison, un insuccès que nous sentons résulter de notre faiblesse nous rend-il inquiets pour les épreuves du lendemain.

Mais en eux-mêmes les malheurs passés peuvent nous attrister, nous donner du chagrin : ils ne nous rendent pas soucieux. Enfin, tendu vers l'avenir, le souci comporte quelque chose d'actif. Sans doute, nous nous soucions parfois de choses pour lesquelles nous ne pouvons rien : ainsi, pendant que son fils passe un examen, la maman est toute soucieuse, et cependant, malgré ses désirs les plus vifs, que peut-elle pour son succès ? Mais nous acceptons difficilement ce sentiment d'impuissance.

Alors s'avive dans les âmes croyantes la confiance en la prière; les incroyants se livrent facilement à des pratiques superstitieuses dont ils se moquaient jusque-là; tous admettent implicitement une certaine communion des saints et se résolvent difficilement à reconnaître que leur bonne volonté n'aura aucun effet sur le dénouement attendu.

Ainsi, le souci provoque normalement l'action : parfois c'est l'imagination seule qui s'active pour découvrir les moyens d'éviter l'événement redouté ou bien s'épuise en conjectures; souvent aussi, ce sont les énergies qui se concentrent sur le but à atteindre.

Les soucis sont donc un facteur de vie plus intense. * * * Par suite, an point de vue affectif, le souci n'est pas, comme un premier aperçu aurait, pu le faire croire, un état d'âme purement douloureux. Sans doute, le souci implique bien un certain malaise et même une souffrance qu'on désirerait voir s'évanouir avec l'incertitude qui la provoque, mais cette souffrance n'est pas vive.

Lorsque la préoccupation de l'avenir porte sur des points vitaux, le mot souci n'est plus assez fort : on parle d'anxiété ou d'angoisse : le naufragé accroché à une épave interroge l'horizon avec un regard anxieux ou angoissé, et non pas simplement soucieux. On pourrait même ne voir dans le souci qu'une douleur négative, la privation d'un plaisir.

Voir l'avenir avec assurance, aller de l'avant avec la certitude du succès, donne à l'action une aisance bienheureuse : c'est ce bonheur accompagnant l'action aisée qui manque à l'homme soucieux.

Prescrire à un malade dont le mal a été diagnostiqué avec certitude le traitement qui doit le remettre sur pied en quelques jours est un agréable jeu.

Mais à soigner quelqu'un sans avoir pu bien déterminer la cause de sa maladie ou sa capacité de résistance et incertain de l'efficacité du traitement, on n'éprouve aucun plaisir.

En effet, les données.

de l'observation inviteraient plutôt à se tenir sur la réserve et détourneraient de l'action; on intervient pour faire quelque chose et ne pas avoir l'air de négliger son client; si on reste dans l'expectative, attendant que la nature du, mal se précise, cette inaction, alors que la maladie fait son oeuvre, laisse insatisfait : c'est alors que le souci est le plus poignant.

Et cependant, il semble bien n'être que la privation du plaisir auquel on aspire de, sauver son malade. Si le souci implique quelque désagrément, il est aussi accompagné de quelque chose d'agréable : le plaisir de vivre et le plaisir d'agir.

Aussi les soucis sont-ils recherchés plus souvent que fuis. Le ressort le plus puissant de l'activité humaine n'est pas, comme on l'a trop répété, le plaisir, du moins le plaisir vulgaire de la sensation agréable : c'est dans l'action elle-même que l'homme trouve la jouissance supérieure qui lui fait surmonter les plus grandes difficultés et renoncer au plaisir sensible.

Toute ascension dans la hiérarchie entraîne. »

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