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ANALYSE DE « LA MONADOLOGIE » DE LEIBNIZ ?

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La Monadologie fut composée, en 1714, sur la demande du prince Eugène de Savoie, qui avait témoigné à Leibniz le désir d'avoir un résumé de ses principales doctrines. Cet ouvrage a été écrit en français.

Toutes les questions que renferme la Monadologie nous semblent pouvoir être rangées sous les titres suivants

 

I. Nature des monades. — Les monades sont des substances simples servant à former les composés; elles n'ont ni étendue, ni figure, ni divisibilité; elles sont les véritables éléments des choses. Elles ne peuvent commencer autrement que par création, ni périr autrement que par annihilation. « N'ayant point de fenêtres par lesquelles quelque chose puisse entrer ou sortir », elles ne peuvent pas être altérées par quelque autre créature. (1-7.)

« ANALYSE DE « LA MONADOLOGIE » DE LEIBNIZ La Monadologie fut composée, en 1714, sur la demande du prince Eugène de Savoie, qui avait témoigné à Leibniz le désir d'avoir un résumé de ses principales doctrines.

C et ouvrage a été écrit en français. Toutes les questions que renferme la Monadologie nous semblent pouvoir être rangées sous les titres suivants I.

Nature des monades.

— Les monades sont des substances simples servant à former les composés; elles n'ont ni étendue, ni figure, ni divisibilité; elles sont les véritables éléments des choses.

Elles ne peuvent commencer autrement que par création, ni périr autrement que par annihilation.

« N'ayant point de fenêtres par lesquelles quelque chose puisse entrer ou sortir », elles ne peuvent pas être altérées par quelque autre créature.

(1-7.) II.

Qualités des monades.

-- Cependant, il faut que les monades aient quelques qualités par lesquelles elles diffèrent et se distinguent les unes des autres ; « car il n'y a jamais dans la nature deux êtres qui soient parfaitement l'un comme l'autre.

» La monade, comme tous les êtres créés, est soumise au changement, et ce changement est continuel dans chacune.

Le changement de la monade s'accomplit en vertu d'un principe interne, et il se fait par degrés, quelque chose changeant et quelque chose restant. La monade est douée de perception et d'appétition.

La perception est la représentation du multiple dans le simple, c'est-à-dire la représentation qui se fait dans chaque monade, des manières d'être de toutes les substances avec lesquelles elle se trouve en relation.

C'est ainsi que chacune de nos pensées embrasse, dans sa simplicité, une multitude d'objets.

L'appétition est la tendance qu'a une monade à passer d'une perception à une autre perception. Les perceptions et les changements sont tout ce que l'on peut trouver dans la substance simple ; il n'y faut chercher ni mécanique ni mouvement, car jamais le mouvement n'expliquera la perception.

(8-18.) III.

Diverses espèces de monades.

— Toutes les monades créées sont des entéléchies, parce que chacune se suffit à elle-même et est la source de ses actions internes.

Elles sont de diverses sortes Il y a : 1° les monades proprement dites, ou monades toutes nues, comme les appelle Leibniz, qui n'ont aucune perception distincte.

Leur état ressemble à celui dans lequel nous nous trouvons dans la défaillance ou dans le sommeil.

Alors nous avons des perceptions; ces perceptions sont inconscientes, mais réelles, car, si elles n'existaient pas, nous n'aurions pas de perceptions conscientes à notre réveil, puisque, dit Leibniz, une perception ne saurait venir naturellement que d'une autre perception. 2° Les monades des animaux, qui ont des perceptions plus relevées.

Elles possèdent, en outre, la mémoire, qui leur fournit une espèce de consécution imitant la raison, et l'imagination, qui provient de la grandeur ou de la multitude des perceptions. 3° Les monades ou âmes raisonnables, qui diffèrent des bêtes, en ce qu'elles connaissent les vérités éternelles et nécessaires.

(19-29.) IV.

Théorie de la raison.

— L'homme agit souvent en empirique, à la manière des animaux, mais la connaissance qui lui est propre est celle des vérités nécessaires.

C'est par la connaissance de ces vérités et par leurs abstractions qu'il s'élève à la considération du moi, de l'être, de la substance, de Dieu même. Les deux principes sur lesquels sont fondés tous nos raisonnements sont : le principe de contradiction et le principe de raison suffisante.

Il y a aussi deux sortes de vérités : les vérités de raisonnement, qui sont nécessaires, et les vérités de fait, qui sont contingentes.

Les vérités nécessaires ont leur raison dans des vérités primitives et plus simples; les vérités contingentes ont leur raison suffisante clans le détail sans bornes des choses qui les précèdent, dans leurs causes.

(30-36.) V.

Existence et attributs de Dieu.

— Leibniz donne ici trois preuves de l'existence de Dieu : 1° la raison suffisante et dernière de toutes choses doit se trouver dans une substance nécessaire qui est Dieu; 2° Dieu est la raison des essences et des possibilités; il n'y aurait rien de possible s'il n'existait pas. Mais ce n'est pas à dire qu'il soit la cause des vérités éternelles, comme le voulait Descartes; 3° si Dieu est possible, il existe ; car, étant l'Être parfait, il ne peut être à l'état de simple possibilité. Dieu est unique, universel et parfait.

Il est distinct des créatures en ce que celles-ci sont imparfaites et tirent leurs imperfections d'elles-mêmes.

Dieu possède la puissance, la connaissance et la volonté d'une manière infinie.

(37-48.) VI.

Harmonie préétablie et optimisme.

— « La créature est dite agir au dehors, en tant qu'elle a de la perfection, et pâtir d'une autre, en tant qu'elle est imparfaite.

» Une créature est plus parfaite qu'une autre, si elle a de quoi rendre raison de ce qui se passe dans l'autre ; c'est ce qui fait dire qu'elle agit sur l'autre. Mais aucune monade créée n'ayant d'influence sur l'intérieur de l'autre, il n'existe entre deux monades qu'une influence idéale, laquelle « ne peut avoir son effet que par l'intervention de Dieu, en tant que, dans les idées de Dieu, une monade demande avec raison que Dieu, en réglant les autres dès le commencement des choses, ait égard à elle ».

Il n'y a pas d'autre manière d'expliquer comment les actions et les passions sont mutuelles entre les créatures. Parmi tous les univers possibles qui étaient dans les idées de Dieu, le meilleur a dû être réalisé, parce que, s'il en eût été autrement, le choix divin n'eût pas eu de raison suffisante.

Car, de même que chaque monade demande à Dieu d'avoir égard à elle, de même le meilleur monde se présente à la pensée divine, comme ayant droit à être reconnu par sa sagesse, choisi par sa bonté et réalisé par sa puissance.

(49-55.) VII.

Effets de l'harmonie préétablie.

— C hoque monade représente toutes les autres.

En effet, chaque monade est en rapport avec toutes les autres monades; elle est donc un miroir vivant perpétuel de tout l'univers.

« Mais cette représentation n'est distincte que dans une petite partie des choses, c'està-dire dans celles qui sont ou les plus prochaines ou les plus grandes par rapport à chacune des monades.

» Comme tout est plein, « tout corps se ressent de tout ce qui se fait dans l'univers, tellement que celui qui voit tout pourrait lire dans chacun ce qui se fait partout, et même ce qui s'est fait ou se fera » ; mais une âme ne peut lire en elle-même que ce qui y est représenté distinctement.

Voilà pourquoi chaque monade représente plus distinctement le corps qui lui est affecté, quoiqu'elle représente aussi, par le moyen de ce corps, tout le reste de l'univers.

(56-62.) VIII.

La vie universelle produite dans le monde par les monades.

— L'union d'une monade avec un corps constitue un vivant, et l'union d'une âme et d'un corps, un animal.

Mais chaque corps est organique et forme une espèce de machine divine ou d'automate naturel; bien plus, la moindre partie des corps vivants est une machine.

Il y a donc tout « un monde de créatures, de vivants, d'animaux, d'entéléchies, d'âmes, dans la moindre partie de la matière ». Toutefois, chaque corps vivant a une, monade dominante, et, lorsque le corps se renoue relie par parties, cette monade dominante survit au changement. L'âme n'est même jamais dépouillée tout d'un coup de la matière; car il n'y a pas d'âmes tout à fait séparées, ni de génies sans corps; Dieu seul en est détaché entièrement.

De même le germe d'un corps est toujours uni à une âme avant sa naissance. En résumé, il y a de la vie partout et elle dure continuellement; aussi l'animal lui-même est-il indestructible, (65-78.) IX.

Les trois règnes.

— Les âmes agissent selon les lois des causes finales, c'est-à-dire pour un but; les corps agissent selon les lois des causes efficientes ou des mouvements.

De là deux règnes, celui des causes efficientes et celui des causes finales, qui sont harmoniques entre eux.

Les âmes agissent comme s'il n'y avait point de corps, et les corps agissent comme s'il n'y avait point d'âmes, et le corps et l'âme agissent comme si l'un influait sur l'autre. Les esprits diffèrent des âmes ordinaires, en ce qu'ils sont des images de la Divinité.

Ils sont capables d'entrer en société avec Dieu.

Leur réunion doit composer la cité de Dieu, gouvernée surtout par la bonté.

Ce règne de la grâce, comme l'appelle Leibniz, est en harmonie avec le règne de la nature, en ce sens que les choses conduisent à la grâce par les voies mêmes de la nature, et que Dieu, architecte de l'univers, contente en tout Dieu législateur.

Sous ce gouvernement de la grâce, il n'y aura pas une bonne action sans récompense, et pas une mauvaise sans châtiment.

« Tout doit réussir au bien des bons.

» c'est-à-dire de ceux qui se soumettent à la volonté divine.

(79-fin.). »

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