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Alain: Ces temps de destruction mécanique

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Ces temps de destruction mécanique ont offert des exemples tragiques de cette détermination par les causes sur lesquels des millions d'hommes ont réfléchi inévitablement. Un peu moins de poudre dans la charge, l'obus allait moins loin, j'étais mort. L'accident le plus ordinaire donne lieu à des remarques du même genre ; si ce passant avait trébuché, cette ardoise ne l'aurait point tué. Ainsi se forme l'idée déterministe populaire, moins rigoureuse que la scientifique, mais tout aussi raisonnable. Seulement l'idée fataliste s'y mêle, on voit bien pourquoi, à cause des actions et des passions qui sont toujours mêlées aux événements que l'on remarque. On conclut que cet homme devait mourir là, que c'était sa destinée, ramenant ainsi en scène cette opinion de sauvage que les précautions ne servent pas contre le dieu, ni contre le mauvais sort. Cette confusion est cause que les hommes peu instruits acceptent volontiers l'idée déterministe ; elle répond au fatalisme, superstition bien forte et bien naturelle comme on l'a vu. Ce sont pourtant des doctrines opposées ; l'une chasserait l'autre si l'on regardait bien. L'idée fataliste, c'est que ce qui est écrit ou prédit se réalisera quelles que soient les causes... Au lieu que, selon le déterminisme, le plus petit changement écarte de grands malheurs, ce qui fait qu'un malheur bien clairement prédit n'arriverait point. ALAIN, Elements de philosophie.

Quelle serait la part de vrai dans l’idée déterministe populaire ? Puisque par définition elle s’écarte rationnellement de l’idée déterministe scientifique, Alain, s’interroge sur sa fiabilité. Si l’idée scientifique est rationnelle et s’appuie sur une réalité concrète et matérielle, l’idée populaire s’en éloigne. Cette dernière se laisse influencer par des éléments peu rigoureux et irrationnels : « Seulement l'idée fataliste s'y mêle, on voit bien pourquoi, à cause des actions et des passions qui sont toujours mêlées aux événements que l'on remarque ». Les Passions des hommes sont la source même du dérangement de l’idée déterministe. Car si le scientifique s’appuie sur des théories, l’idée populaire s’appuie sur des croyances. Ainsi par peur de devoir affronter une réalité trop difficile on ajoute à la réalité d’un accident une part de superstition.

« Ces temps de destruction mécanique ont offert des exemples tragiques de cette détermination par les causes sur lesquels des millions d'hommes ont réfléchi inévitablement.

Un peu moins de poudre dans la charge, l'obus allait moins loin, j'étais mort.

L'accident le plus ordinaire donne lieu à des remarques du même genre ; si ce passant avait trébuché, cette ardoise ne l'aurait point tué.

Ainsi se forme l'idée déterministe populaire, moins rigoureuse que la scientifique, mais tout aussi raisonnable.

Seulement l'idée fataliste s'y mêle, on voit bien pourquoi, à cause des actions et des passions qui sont toujours mêlées aux événements que l'on remarque.

On conclut que cet homme devait mourir là, que c'était sa destinée, ramenant ainsi en scène cette opinion de sauvage que les précautions ne servent pas contre le dieu, ni contre le mauvais sort.

Cette confusion est cause que les hommes peu instruits acceptent volontiers l'idée déterministe ; elle répond au fatalisme, superstition bien forte et bien naturelle comme on l'a vu. Ce sont pourtant des doctrines opposées ; l'une chasserait l'autre si l'on regardait bien.

L'idée fataliste, c'est que ce qui est écrit ou prédit se réalisera quelles que soient les causes...

Au lieu que, selon le déterminisme, le plus petit changement écarte de grands malheurs, ce qui fait qu'un malheur bien clairement prédit n'arriverait point. ALAIN, Éléments de philosophie. Commentaire : Quelle serait la part de vrai dans l'idée déterministe populaire ? Puisque par définition elle s'écarte rationnellement d e l'idée déterministe scientifique, Alain, s'interroge sur sa fiabilité.

Si l'idée scientifique est rationnelle et s'appuie sur une réalité concrète et matérielle, l'idée populaire s'en éloigne.

Cette dernière se laisse influencer par des éléments peu rigoureux et irrationnels : « Seulement l'idée fataliste s'y mêle, on voit bien pourquoi, à cause des actions et des passions qui sont toujours mêlées aux événements que l'on remarque ».

Les Passions des hommes sont la source même du dérangement de l'idée déterministe.

Car si le scientifique s'appuie sur des théories, l'idée populaire s'appuie sur des croyances.

Ainsi par peur de devoir affronter une réalité trop difficile on ajoute à la réalité d'un accident une part de superstition.

Ainsi l'accident n'ayant aucun autre sens que le hasard devient tout à fait justifié dans l'esprit des hommes.

Le fait de mettre une cause imaginaire à l'explication d'un accident permet d'échapper à l'angoisse que peuvent être le hasard ou la coïncidence dans la vie des hommes.

On se souviendra du roman de Diderot, Jacques le fataliste et de la façon avec laquelle son auteur ironise sur la satisfaction docile et paresseuse de Jacques, répétant inlassablement que c'est « écrit là-haut », manière de dire qu'il n'est besoin de lutter ni de s'échiner puisque quoi qu'on fasse le résultat sera le même.

Il est plus rassurant de savoir qu'il existe une raison bien concrète pour chaque événement et que rien n'arrive sans une cause.

C'est ce qu'on pourrait nommer la relation de cause à effet.

« On conclut que cet homme devait mourir là, que c'était sa destinée, ramenant ainsi en scène cette opinion de sauvage que les précautions ne servent pas contre le dieu, ni contre le mauvais sort ».

On ne peut donc rien faire contre une réalité qui nous dépasse, en l'occurrence Dieu.

Seulement si l'on accepte que tous les événements viennent de Dieu et qu'ils sont donc indépendants de notre volonté et de notre contrôle alors c'est en quelque sorte abandonner son existence à une force supérieure.

Et c'est aussi donner à ses peurs un sens concret et refuser l'angoisse de la vie et du hasard. « Cette confusion est cause que les hommes peu instruits acceptent volontiers l'idée déterministe ; elle répond au fatalisme, superstition bien forte et bien naturelle comme on l'a vu ».

Seulement si l'on cherche à trouver une cohérence ou une rationalité dans l'esprit des hommes superstitieux on s'aperçoit que la fatalité comme le déterminisme populaire font totalement abstraction de toute logique.

Il ne peut pas exister de science du fatalisme.

Car les causes étant toujours subjectives à chaque individu, elles entraînent des conséquences tout aussi irrationnelles.

Par conséquent si chacun décide de ses propres règles et des propres causes à effets sur tout événement alors il n'y a plus de vrai.

De plus si la superstition est une réponse à la peur, alors on il est d'autant plus difficile de raisonner tout en étant conduit par cette dernière.

Si même on conçoit que Dieu existe, et qu'il agit dans un but et par des raisons bien précises, comment les hommes, pourraient-ils les déterminer ? On ne pourrait que les deviner, ou les interpréter, mais personne ne pourrait jamais savoir précisément de quoi elles sont faites, ni ce qui a pu pousser Dieu à cet effet. « Ce sont pourtant des doctrines opposées ; l'une chasserait l'autre si l'on regardait bien.

L'idée fataliste, c'est que ce qui est écrit ou prédit se réalisera quelles que soient les causes...

Au lieu que, selon le déterminisme, le plus petit changement écarte de grands malheurs, ce qui fait qu'un malheur bien clairement prédit n'arriverait point.

» Pourquoi la fatalité et le déterminisme seraient-ils en contradiction ? Si la fatalité, c'est de croire que tout est déjà fait avant même que l'on agisse, c'est-à-dire que nos actes sont en quelque sorte des agissements déjà prédits et que chaque homme avance dans une histoire déjà écrite, alors elle ne laisse plus de place au déterminisme.

Car ce qui est « fatal » est par définition inchangeable et surtout incontournable.

Personne ne peut échapper à la fatalité.

Le héros de la tragédie grecque est l'exemple même de l'homme qui ne peut échapper à son destin et qui est pris par une suite d'événements qui le dépasse.

Il ne peut pas agir contre la fatalité, il s'aperçoit clairement du cours que prennent les choses mais il ne peut rien faire contre son destin.

Il est comme une marionnette dont les actes seraient dirigés par une volonté supérieure. C'est en ce sens que la fatalité s'oppose au déterminisme.

Car dans la croyance populaire au déterminisme, on peut contrer son avenir, un acte peut faire changer le déroulement des choses.

Le déterminisme laisse donc la possibilité à l'homme d'agir et de réagir contre les événements de sa vie.

On constate donc bien que le déterminisme s'il laisse une place à l'anticipation de l'homme sur son avenir ne peut pas être confondu avec la fatalité.

Cependant dans les croyances populaires ils sont toujours entremêlés.

On les utilise de la même façon sans les différencier.

Cette confusion prouve l'irrationalité des hommes et la volonté de chacun de voir en la réalité ce qui lui plaît.

Ainsi l'existence de Dieu reposerait uniquement sur la peur des hommes. >>> Second corrigé de ce même texte: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup-themes-5017b.html. »

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