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Alain

Extrait du document

Chacun sent bien que la force ne peut rien contre le droit ; mais beaucoup sont disposés à reconnaître que la force peut quelque chose pour le droit [...]. Je suis bien loin de mépriser cet ordre ancien et vénérable que l'agent' au carrefour représente si bien. Et je veux remarquer d'abord ceci, c'est que l'autorité de l'agent est reconnue plutôt que subie. Je suis pressé ; le bâton levé produit en moi un mouvement d'impatience et même de colère ; mais enfin je veux cet ordre au carrefour et non pas une lutte de force entre les voitures ; et le bâton de l'agent me rappelle cette volonté mienne, que la passion allait me faire oublier. Ce que j'exprime en disant qu'il y a un ordre de droit entre l'agent et moi, entre les autres voyageurs et moi ; ou bien, si l'on veut dire autrement, un état de paix véritable. Si cet ordre n'est point reconnu et voulu par moi, si je cède seulement à une force évidemment supérieure, il n'y a ni paix ni droit, mais seulement un vainqueur, qui est l'agent, et un vaincu, qui est moi. Alain

« Chacun sent bien que la force ne peut rien contre le droit ; mais beaucoup sont disposés à reconnaître que la force peut quelque chose pour le droit [...].

Je suis bien loin de mépriser cet ordre ancien et vénérable que l'agent' au carrefour représente si bien.

Et je veux remarquer d'abord ceci, c'est que l'autorité de l'agent est reconnue plutôt que subie.

Je suis pressé ; le bâton levé produit en moi un mouvement d'impatience et même de colère ; mais enfin je veux cet ordre au carrefour et non pas une lutte de force entre les voitures ; et le bâton de l'agent me rappelle cette volonté mienne, que la passion allait me faire oublier.

Ce que j'exprime en disant qu'il y a un ordre de droit entre l'agent et moi, entre les autres voyageurs et moi ; ou bien, si l'on veut dire autrement, un état de paix véritable.

Si cet ordre n'est point reconnu et voulu par moi, si je cède seulement à une force évidemment supérieure, il n'y a ni paix ni droit, mais seulement un vainqueur, qui est l'agent, et un vaincu, qui est moi. Questions 1.

Dégagez la thèse du texte et les étapes du raisonnement. 2.

Expliquez : a.

« Et je veux remarquer d'abord ceci, c'est que l'autorité de l'agent est reconnue plutôt que subie » ; b.

« Ce que j'exprime en disant qu'il y a un ordre de droit entre l'agent et moi, entre les autres voyageurs et moi ». 3.

N'obéit-on à la loi que par peur de la sanction ? Les enjeux du sujet L'ordre est une des notions cardinales de la vie humaine car aucune société ne saurait s'en passer.

Aussi les réflexions sur ce thème ont-elles commencé dès les récits mythiques.

Cet extrait d'Alain présente l'intérêt de distinguer, à partir d'un exemple courant, (l'agent de police), deux façons de commander, et, de ce fait, deux types d'obéissance.

L'ordre implique un rapport entre des forces.

Mais cette généralité ne suffit pas.

Que l'un commande et l'autre obéisse ne nous dit encore rien d'essentiel.

En effet, il s'agit de savoir si cette relation est conforme ou non au droit.

L'agent qui règne au carrefour est-il vainqueur lorsqu'il provoque l'arrêt de l'automobiliste ? Ce dernier s'incline-t-il comme un vaincu face à son maître au terme d'un combat ? Comment obéir à une loi sans abdiquer sa volonté ? Le texte permet de répondre à ces sujets essentiels. Question 1 La thèse d'Alain est que la force est l'auxiliaire du droit quand elle prend la forme d'une autorité reconnue.

Le droit crée un ordre commun qui pacifie les relations entres les désirs humains.

Ainsi les manifestations de sa puissance peuvent être agréées par tous même si elles contrarient des envies immédiates. Le texte se divise en trois parties de grandeur inégale.

La première phrase expose l'idée directrice, non sans recourir au paradoxe.

La force est déclarée impuissante face au droit, alors que l'expérience semble prouver le contraire.

En revanche, Alain soutient qu'elle peut le seconder dans ses applications et n'hésite pas à affirmer que « beaucoup » le croient.

La deuxième partie, (de « Je suis bien loin » jusqu'à « paix véritable ») est la plus étendue.

Elle développe l'argumentation d'Alain et fait intervenir la notion-clé de volonté pour expliquer que l'obéissance à la force représentée par l'agent exprime l'ordre juridique.

Enfin, la dernière phrase conforte l'idée directrice en mentionnant l'hypothèse inverse.

L'absence de reconnaissance du bien-fondé du commandement brise la relation légale et précipite les rapports humains dans l'injustice.

Dès lors, une guerre larvée remplace la paix que le droit institue. Question 2 a) La compréhension de cette phrase est capitale pour la bonne intelligence du texte.

Alain veut dire que l'agent possède la capacité d'exercer un pouvoir et de le faire respecter, sans être pour autant violent.

L'autorité n'est pas la contrainte par force qui relève de la domination.

Elle implique une adhésion librement consentie de la part de ceux qui y obéissent.

Dans le cas présent, celui qui obtempère au signe de l'agent le fait parce qu'il le veut.

Alain est très clair sur ce point.

L'automobiliste n'est pas victime de l'arbitraire d'un homme qui arrêterait son véhicule par caprice et pour montrer vaniteusement son pouvoir.

Le conducteur sait que le bras levé signifie l'existence d'un ordre commun qui doit régner dans l'intérêt de tous.

C'est cette intelligence de la situation qui permet à l'autorité d'être suivie sans que son représentant ait besoin de faire de grands efforts.

Un geste du bras suffit pour provoquer l'arrêt de la voiture. b) Cet extrait de phrase apparaît comme le résumé de l'exemple illustrant la thèse.

L'idée d'un « ordre de droit » implique que les relations entre les individus soient médiatisées par des lois.

Alain fait sentir la nécessité de ces. »

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