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Alain

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Il y a un fond d'estime, et même quelquefois une secrète admiration, pour des hommes qui mettent enjeu leur propre vie, et sans espérer aucun avantage ; car nous ne sommes point fiers de faire si peu et de risquer si peu pour ce que nous croyons juste ou vrai. Certes je découvre ici des vertus rares, qui veulent respect, et une partie au moins de la volonté. Mais c'est à la pensée qu'il faut regarder. Cette pensée raidie qui se limite, qui ne voit qu'un côté, qui ne comprend point la pensée des autres, ce n'est point la pensée ; c'est une sorte de lieu commun qui revient toujours le même ; lieu commun qui a du vrai, quelquefois même qui est vrai, mais qui n'est pas tout le vrai. Il y a quelque chose de mécanique dans une pensée fanatique, car elle revient toujours par les mêmes chemins. Elle ne cherche plus, elle n'invente plus. Le dogmatisme est comme un délire récitant. Il y manque cette pointe de diamant, le doute, qui creuse toujours. Ces pensées gouvernent admirablement les peurs et les désirs, mais elles ne se gouvernent pas elles-mêmes. Elles ne cherchent pas ces vues de plusieurs points, ces perspectives sur l'adversaire, enfin cette libre réflexion qui ouvre les chemins de persuader, et qui détourne en même temps de forcer. Bref, il y a un emportement de pensée, et une passion de penser qui ressemble aux autres passions. Alain

« ALAIN : UNE PENSÉE QUI NE DOUTE PLUS, LE FANATISME Il ne suffit pas de condamner le fanatisme.

Il faut chercher à le comprendre.

Il faut s'interroger sur les manières de penser qu'il met en oeuvre, pour mieux différencier ses idées et jugements de ceux qu'exige la démarche philosophique. « Il y a un fond d'estime, et même quelquefois une secrète admiration, pour des hommes qui mettent enjeu leur propre vie, et sans espérer aucun avantage ; car nous ne sommes point fiers de faire si peu et de risquer si peu pour ce que nous croyons juste ou vrai.

Certes je découvre ici des vertus rares, qui veulent respect, et une partie au moins de la volonté.

Mais c'est à la pensée qu'il faut regarder.

Cette pensée raidie qui se limite, qui ne voit qu'un côté, qui ne comprend point la pensée des autres, ce n'est point la pensée ; c'est une sorte de lieu commun qui revient toujours le même ; lieu commun qui a du vrai, quelquefois même qui est vrai, mais qui n'est pas tout le vrai.

Il y a quelque chose de mécanique dans une pensée fanatique, car elle revient toujours par les mêmes chemins.

Elle ne cherche plus, elle n'invente plus.

Le dogmatisme est comme un délire récitant.

Il y manque cette pointe de diamant, le doute, qui creuse toujours. Ces pensées gouvernent admirablement les peurs et les désirs, mais elles ne se gouvernent pas elles-mêmes. Elles ne cherchent pas ces vues de plusieurs points, ces perspectives sur l'adversaire, enfin cette libre réflexion qui ouvre les chemins de persuader, et qui détourne en même temps de forcer.

Bref, il y a un emportement de pensée, et une passion de penser qui ressemble aux autres passions.

» ALAIN ordre des idées 1) Raisons de reconnaître une certaine valeur au fanatique - son désintéressement : il peut sacrifier jusqu'à sa vie pour une cause, ce qui peut inspirer le respect ; - le sentiment de notre infériorité, sur ce plan et par contraste : nous faisons peu pour les valeurs auxquelles nous croyons. 2) Raisons de rejeter l'idée fanatique - ses limites intellectuelles : elle est unilatérale, égocentrique (incapable de se décentrer pour comprendre la pensée d'autrui), répétitive sur le plan du contenu et des méthodes ; -sa stérilité : elle est sans valeur euristique (elle ne découvre rien), car elle exclut le doute, moteur de toute recherche, et s'enferme donc dans son dogmatisme (affirmation autoritaire d'idées posées comme absolument vraies, sans discussion possible). - ses conséquences pratiques : l'idée fanatique n'est pas une pensée libre qui chercherait l'approbation d'autres pensées libres ; elle cherche à contraindre par la force. - sa nature passionnelle : l'idée fanatique ne se maîtrise plus, est aliénée, passive comme toute passion, emportée par sa croyance en "la" vérité. Il y a un fond d'estime, et même quelquefois une secrète admiration, pour des hommes qui mettent en jeu leur propre vie, et sans espérer aucun avantage ; car nous ne sommes point fiers de faire si peu et de risquer si peu pour ce que nous croyons juste ou vrai.

Certes je découvre ici des vertus rares, qui veulent respect, et une partie au moins de la volonté.

Mais c'est à la pensée qu'il faut regarder.

Cette pensée raidie qui se limite, qui ne voit qu'un côté, qui ne comprend point la pensée des autres, ce n'est point la pensée ; c'est une sorte de lieu commun qui revient toujours le même ; lieu commun qui a du vrai, quelquefois même qui est vrai, mais qui n'est pas tout le vrai.

Il y a quelque chose de mécanique dans une pensée fanatique, car elle revient toujours par les mêmes chemins.

Elle ne cherche plus, elle n'invente plus.

Le dogmatisme est comme un délire récitant.

Il y manque cette pointe de diamant, le doute, qui creuse toujours.

Ces pensées gouvernent admirablement les peurs et les désirs, mais elles ne se gouvernent pas elles-mêmes.

Elles ne cherchent pas ces vues de plusieurs points, ces perspectives sur l'adversaire, enfin cette libre réflexion qui ouvre les chemins de persuader, et qui détourne en même temps de forcer.

Bref, il y a un emportement de pensée, et une passion de penser qui ressemble aux autres passions. Alain Le texte a pour objet l’opposition de la pensée fanatique à la pensée rationnelle, philosophique.

Ce contraste est explicité tant par les méthodes par lesquelles elles se déploient (intransigeance pour l’une, entreprise du doute pour l’autre) que par la mise en évidence de l’impossibilité de leur dialogue. Ce qui pose problème, ce n’est pas tant le radicalisme de certains hommes dans leurs actions en vertu de leur. »

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