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Alain

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Conscience. C'est le savoir revenant sur lui-même en prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de décider et de se juger. Ce mouvement intérieur est dans toute pensée ; car celui qui ne se dit pas finalement : "Que dois-je penser ?"ne peut pas être dit penser. La conscience est toujours implicitement morale ; et l'immoralité consiste toujours à ne point vouloir penser qu'on pense, et à ajourner le jugement intérieur. On nomme bien inconscients ceux qui ne se posent aucune question d'eux-mêmes à eux-mêmes. Ce qui n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c'est-à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaître et de se juger ; et cela est proprement la conscience. Alain

« C onscience.

C 'est le s avoir revenant s ur lui-même en prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de décider et de se juger.

C e mouvement intérieur est dans toute pensée ; car celui qui ne se dit pas finalement : "Que dois-je penser ?"ne peut pas être dit penser.

La cons cience est toujours implicitement morale ; et l'immoralité consis te toujours à ne point vouloir penser qu'on pense, et à ajourner le jugement intérieur.

O n n o m m e bien inconsc ients ceux qui ne s e posent aucune question d'eux-mêmes à eux-mêmes.

C e qui n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les s avoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c 'es t-à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaître et de s e juger ; et cela est proprement la conscience. Évidence véc ue, nous savons tous ce que c'est que d'être conscient.

P ourtant, malgré cette évidence, la consc ienc e est difficile à définir.

Elle s uppose la pensée et ne peut se décrire que par ses contenus .

Elle implique auss i l'existence d'un travail intérieur, qui prend la forme d'une distance par rapport à soi. Problématique. P our A lain, a consc ience es t e s sentiellement morale, car elle est le siège du moi, de l'identité de l'individu.

L a c o n s c i e n c e est aus si mémoire.

Elle est le fondement de a notion de personne, en ce sens qu'elle es t le lieu de toutes les interac tions du s ujet avec lui-même, les autres, et le monde. Enjeux. La plupart des gens croient s e connaître parce qu'ils disposent d'une conscience d'eux-mêmes mais, en fait, leur perception d'eux-mêmes est déterminée par l'éducation, par les valeurs que les autres leur ont transmis es.

Par exemple : nous croyons être originaux, c'est-à-dire affirmer notre subjectivité, alors que nos attitudes sont le plus souvent le fruit des influences que nous avons subies.

Le mécanisme de l'illusion s'explique par l'absence de dis tance critique du sujet à l'égard de lui-même. Introduction La conscience est fréquemment évoquée comme ce qui différenc ie l'être humain de l'animal.

En soulignant qu'elle est « toujours implic itement morale », A lain renforc e ici c ette idée, puisque la morale est aussi réservée à l'humanité.

Inversement, sont « inconscients », au sens traditionnel, ceux qui ne pratiquent jamais de recul en s oi-même pour s e juger : il y aurait là l'indice d'une véritable lâc heté, puis qu'il suffit de s'interroger, c'est-à-dire d'abord de le vouloir, pour connaître ce qu'on est. I - Le recul en soi-même A .

La réflexion Réflexion = mouvement de recul en s oi-même, qui permet de s e connaître et de se juger.

Elle est donc essentielle à la conscience elle-même, ic i définie comme « savoir revenant sur lui-même ». B.

La pers onne comme centre Le savoir faisant ainsi retour sur lui-même s e recentre sur la personne.

C e fais ant, la personne s e réapproprie en quelque sorte c e qu'elle sait.

U n tel mouvement ne peut être fait sans but.

Le but, c'est de « décider et de s e juger ». C .

U ne consc ience implicitement morale De la s orte, toute conscience présente un versant moral.

M ême s'il n'est pas explicité, il est toujours là, ne s erait-c e que dans le projet initial de se juger. L'auto-analys e et le jugement qui en dépend s'effec tuent relativement à des valeurs (dans leur version extrême : le bien et le mal) qui sont bien morales. II - La conscience est la pensée A .

P enser de manière responsable La pensée elle-même, lorsqu'on prend le terme au sérieux, est orientée par un souc i normatif : on ne pense vraiment qu'en s e demandant : « Q ue dois-je penser ? ».

Il existe en effet une res ponsabilité relative à ce que l'on pense (on ne doit pas penser n'importe quoi, ni n'importe comment). B.

L'immoralité Ne pas vouloir penser qu'on pense, c'est ne pas contrôler la pensée : cela est s upportable (excusable) dans une rêverie sans c onséquence, mais ne le s erait pas dès que la pens ée ainsi développée (et dévoyée) pourrait avoir des applications pratiques (sur les autres , la soc iété...). C .

L'inconscience est immorale Incons cient = celui qui ne s'interroge pas, c'est-à-dire qui ne prend pas s a pensée comme objet de pensée (de jugement).

Font partie de cette inconscience — immorale — les « opinions » (opposition c lass ique à la réflexion, depuis P laton), même appliquées à d'autres opinions, et les savoir-faire s tric tement pratiques (sans équivalents théoriques). III — L'examen de conscience et la volonté A .

M oralité et volonté « C ons cience, cons cience ! instinc t divin » (Rouss eau) : comment un tel instinct pourrait-il se tromper ? Si donc on veut savoir ce que l'on est et ce que l'on vaut, il suffit de s'interroger.

P uisque l a c o n s c i e n c e a immédiatement à voir avec la morale, il n'est pas surprenant qu'A lain fasse confiance à la volonté. Invers ement, ne pas vouloir s'interroger s era lâc he. B.

La cons cience soupçonnée d'impuis s a n c e Lorsque Freud en restreint le domaine au dixième de l'appareil psychique, c 'es t pour laisser place à un inconscient (très différent de ce qu'A lain désigne du même nom) qui, d'après ses théories, détermine amplement la conduite, désigne la vérité du sujet, mais en reste inconnu. C .

C omment sauver la morale ? S'il faut ainsi admettre que ma c onscience n'est pas capable de repérer mes vrais motifs, elle n'en conserve pas moins sa portée morale : Freud considère que la c onscience n'est précis ément rien de plus que le résultat d'une intériorisation des normes morales.

O n aboutit à une situation troublante : je peux juger mes propres actes , mais je ne peux repérer leur origine. Conclusion A lain participe d'une conc eption encore optimis te de la conscience : c elle-ci aurait le pouvoir de voir clair en moi, et son versant moral c onfirme d'abord mes capacités d'auto-analyse.

Si l'on admet la réalité d'une « révolution psychanalytique », on s'oriente vers une version moins souriante : je peux c ontinuer à me juger, mais sans repérer l'origine de ma conduite, ni de mes jugements, et je me trouve condamné à méconnaître ce qui m'importe.. »

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