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Alain

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La route en lacet qui monte. Belle image du progrès. Mais pourtant elle ne me semble pas bonne. Ce que je vois de faux, dans cette image, c'est cette route tracée d'avance et qui monte toujours ; cela veut dire que l'empire des sots et des violents nous pousse encore vers une plus grande perfection, quelles que soient les apparences ; et qu'en bref l'humanité marche à son destin par tous moyens, et souvent fouettée et humiliée, mais avançant toujours. Le bon et le méchant, le sage et le fou poussent dans le même sens, qu'ils le veuillent ou non, qu'ils le sachent ou non. Je reconnais ici le grand jeu des dieux supérieurs, qui font que tout serve leurs desseins. Mais grand merci. Je n'aimerais point cette mécanique, si j'y croyais. Tolstoï aime aussi à se connaître lui-même comme un faible atome en de grands tourbillons. Et Pangloss, avant ceux-là, louait la Providence, de ce qu'elle fait sortir un petit bien de tant de maux. Pour moi, je ne puis croire à un progrès fatal ; je ne m'y fierais point. Alain

« La route en lacet qui monte.

Belle image du progrès.

Mais pourtant elle ne me semble pas bonne.

Ce que je vois de faux, dans cette image, c'est cette route tracée d'avance et qui monte toujours ; cela veut dire que l'empire des sots et des violents nous pousse encore vers une plus grande perfection, quelles que soient les apparences ; et qu'en bref l'humanité marche à son destin par tous moyens, et souvent fouettée et humiliée, mais avançant toujours.

Le bon et le méchant, le sage et le fou poussent dans le même sens, qu'ils le veuillent ou non, qu'ils le sachent ou non.

Je reconnais ici le grand jeu des dieux supérieurs, qui font que tout serve leurs desseins.

Mais grand merci.

Je n'aimerais point cette mécanique, si j'y croyais.

Tolstoï aime aussi à se connaître lui-même comme un faible atome en de grands tourbillons.

Et Pangloss, avant ceux-là, louait la Providence, de ce qu'elle fait sortir un petit bien de tant de maux. Pour moi, je ne puis croire à un progrès fatal ; je ne m'y fierais point. Questions 1.

Quelle est l'idée directrice du texte ? Quelles sont les étapes de l'argumentation ? 2.

Expliquez : a) « Ce que je vois de faux, dans cette image, c'est cette route tracée d'avance et qui monte toujours » ; b) « progrès fatal ». 3.

À quelles conditions l'idée de progrès est-elle acceptable ? Les enjeux du sujet Dans sa Préface à un traité du vide, Pascal note que les abeilles font leur ruche de la même manière qu'il y a cinq mille ans et il oppose la permanence des opérations animales à l'évolution de l'histoire humaine.

Nous savons aujourd'hui que les animaux ont, eux aussi, une histoire.

Il n'en demeure pas moins vrai qu'ils l'ignorent quand l'homme en est conscient.

La mémoire nous permet de savoir que nous avons un passé, dont nous différons tout en lui étant lié.

La conscience est aussi la cause de notre projection dans l'avenir.

Cette façon de vivre le temps entraîne nécessairement un questionnement quant au sens de notre présence et de nos actions.

« L'humanité, écrit Raymond Aron, a une histoire parce qu'elle se cherche une vocation.

» Ce texte d'Alain intervient dans le débat pour réfuter l'idée d'un progrès mécanique, c'est-à-dire d'un processus qui s'accomplirait notamment à travers la violence et quelle que soit la volonté de ses acteurs.

Il faut examiner les raisons de ce rejet, qui nous oblige à prendre position relativement à l'idée de progrès.

S'agit-il de refuser tout crédit à cette notion ou de lui concéder une réalité sous certaines conditions ? - Question 1 L'idée directrice de ce texte est la critique de la thèse d'un progrès inéluctable de l'histoire humaine.

Alain la développe en l'illustrant par une image dont il va montrer la fausseté à ses yeux.

Il faut souligner ici la présence insistante d'un vocabulaire d'origine religieuse.

Destin et fatalité proviennent des conceptions antiques du cours de la vie humaine.

Ce thème apparaît en pleine lumière au milieu du passage lorsque Alain affirme reconnaître « le grand jeu des dieux supérieurs » dans l'affirmation d'un progrès inéluctable.

Ainsi, nous pouvons dire que les pensées qui soutiennent une telle idée sont des formes déguisées de croyances très anciennes.

Les philosophies modernes de l'histoire ne seraient donc que des religions transposées. L'argumentation est divisée en trois moments d'ampleur inégale.

Dans un premier temps, Alain présente la thèse du progrès par la métaphore de la route en lacet qui monte indéfiniment.

Puis il s'emploie à en montrer la fausseté en dépit de son caractère séduisant.

Ceci le conduit à en dénoncer l'aspect religieux.

Enfin, il refuse ce qu'il nomme cette « mécanique » et fait deux références dont il se démarque.

La première à un écrivain, Tolstoï, dont certains personnages trouvent un apaisement à leurs tourments en pensant qu'une Providence nous gouverne, la seconde au célèbre Pangloss du Candide de Voltaire.

Celui-ci illustre parfaitement l'aspect tragique de notre extrait.

En effet, l'expérience de l'histoire montre vite l'omniprésence des guerres et des maux.

Peut-on sauver l'idée d'un progrès général à la vue de la somme des souffrances que les hommes s'infligent entre eux ? Alain juge cette possibilité incroyable. - Question 2 a) Cette phrase est capitale car son explication conduit au coeur du texte.

La métaphore contient plusieurs aspects. L'histoire humaine est comparée à une route.

Nous avons ainsi l'idée d'un processus qui se développe continûment en franchissant des étapes.

Cependant, ce n'est pas cette dernière dimension qui compte mais le fait que le tracé de la voie soit déjà effectué.

Il en ressort que les hommes ne peuvent aller que dans une seule direction, quelle que soit la qualité de leurs intentions et de leurs actes.

La destination est inéluctable.

L'histoire est par avance normée, finalisée. Il est dit ensuite que cette route « monte toujours » et le début du texte ajoutait l'image d'un parcours en lacet.

Ceci signifie deux choses.

Premièrement que notre histoire n'avance pas dans la joie et le bonheur.

Le chemin est malaisé. On reconnaît sans peine l'allusion aux guerres et, d'une façon générale, à la difficulté des rapports humains.

Kant les résume sous le concept d'insociable sociabilité car les hommes ont besoin les uns des autres mais sont rivaux, se. »

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