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Alain

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Préjugé. Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit. Le préjugé fait qu'on s'instruit mal. Le préjugé peut venir des passions ; la haine aime à préjuger mal ; il peut venir de l'orgueil, qui conseille de ne point changer d'avis ; ou bien de la coutume qui ramène toujours aux anciennes formules ; ou bien de la paresse, qui n'aime point chercher ni examiner. Mais le principal appui du préjugé est l'idée juste d'après laquelle il n'est point de vérité qui subsiste sans serment à soi ; d'où l'on vient à considérer toute opinion nouvelle comme une manoeuvre contre l'esprit. Le préjugé ainsi appuyé sur de nobles passions, c'est le fanatisme. Alain

« Préjugé.

Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit.

Le préjugé fait qu'on s'instruit mal.

Le préjugé peut venir des passions ; la haine aime à préjuger mal ; il peut venir de l'orgueil, qui conseille de ne point changer d'avis ; ou bien de la coutume qui ramène toujours aux anciennes formules ; ou bien de la paresse, qui n'aime point chercher ni examiner.

Mais le principal appui du préjugé est l'idée juste d'après laquelle il n'est point de vérité qui subsiste sans serment à soi ; d'où l'on vient à considérer toute opinion nouvelle comme une manoeuvre contre l'esprit.

Le préjugé ainsi appuyé sur de nobles passions, c'est le fanatisme. Définition générale du préjugé: Préjuger, c'est tenir une idée vraie, affirmer ou nier une opinion, avant tout examen attentif, avant toute étude réelle. Conséquence: puisque le préjugé se présente à l'esprit comme une idée vraie, il rend difficile la recherche, l'effort pour s'instruire, qui paraissent alors inutile. Origine du préjugé: a) Alain discerne plusieurs causes possibles: * les passions (la haine par exemple fait qu'on juge réellement mauvais celui qu'on hait, parce qu'on le hait; l'amour, à sa façon, rend également aveugle). * l'orgueil (qui rend difficile toute mise en question de ce qu'on croit). * la coutume (l'habitude, les usages, par essence conservateurs et sources d'idées reçues). * la paresse (qui fait qu'on évite l'effort que requiert l'étude attentive). b) Au delà de ces causes psychologiques ou sociologiques, Alain met en évidence une cause majeure du préjugé, qui est d'essence philosophique: une certaine passion de la vérité, source d'intolérance. Toute pensée vraie suppose un "serment à soi", une volonté qui affirme la valeur d'une idée conçue par l'esprit/ Par voie de conséquence, l'amour du vrai peut conduire au fanatisme (s'il manque, par exemple, d'un certain sens du doute, qui anime le véritable désir philosophique du vrai). Éléments d'explication: Le préjugé: l'étymologie de ce mot peut éclairer son sens.

Il y a préjugé avant la réflexion, on porte un jugement qui n'est pas encore fondé.

Alain ne considère pas ici le préjugé dont on est conscient qu'il est préjugé, l'opinion qu'on sait pouvoir n'être que provisoire, mais l'affirmation dont on a l'impression qu'elle est justifiée, alors même qu'on n'a pas engagé de réflexion en ce sens.

C'est pourquoi on dit: "mon opinion, mon idée..." et non "mon préjugé".

Celui qui qualifie une opinion de préjugé invite les autres à ne pas s'en contenter. Parmi les diverses causes du préjugés, l'auteur souligne le rôle des passions.

L'esprit est envahi par des tendances, des inclinations qui troublent son jugement.

On dit de l'amour qu'il rend aveugle, on devrait en dire tout autant de la haine - et de toutes les passions.

Ont le même effet les coutumes, les idées reçues par conséquent plutôt que conquises. Descartes disait déjà: " ...

Pour ce que nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et qu'il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs, qui étaient souvent contraires les uns aux autres, et qui, ni les uns ni les autres, ne nous conseillaient peut être pas toujours le meilleur, il est presque impossible que nos jugements soient si purs, ni si solides qu'ils auraient été, si nous avions eu l'usage entier de notre raison des le point de notre naissance, et que nous n'eussions jamais été conduits que par elle." La cause essentielle du préjugé est cependant plus profonde.

Elle dépend du jugement.

Dans le préjugé, il y a plus qu'un abandon à la passion ou à la coutume.

Déjà on consent à sa passion, on l'entretient, on y tient, on l'approuve. La liberté et la volonté y sont présents.

De même, le préjugé est un jugement libre.

Mais une telle démarche est caractéristique de toute pensée qui cherche le vrai.

Elle peut cependant basculer dans le fanatisme, l'intolérance passionnelle à l'égard d'autres idées que celles qu'on tient pour vraies.. »

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