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Alain

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L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de l'inconscient: là se trouve logée la faute capitale. Un autre Moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. "Voilà mon père qui se réveille ; voilà celui qui me conduit. Je suis par lui possédé". Tel est le texte des affreux remords de l'enfance: de l'enfance qui ne peut porter ce fardeau : de l'enfance. qui ne peut jurer ni promettre; de l'enfance, qui n'a pas foi en soi, mais au contraire terreur de soi. On s'amuse à faire le fou. Tel est ce jeu dangereux. On voit que toute l'erreur ici consiste à gonfler un terme technique, qui n'est qu'un genre de folie. La vertu de l'enfance est une simplicité qui fuit de telles pensées, qui se fie à l'ange gardien, à l'esprit du père ; le génie de l'enfance, c'est de se fier à l'esprit du père par une piété rétrospective. "Qu'aurait fait le père ? Qu'aurait-il dit ?"Telle est la prière de l'enfance. Encore faut-il apprendre à ne pas trop croire à cette hérédité, qui est un type d'idée creuse: c'est croire qu'une même vie va recommencer. Au contraire, vertu, c'est se dépouiller de cette vie prétendue, c'est partir de zéro. "Rien ne m'engage" ; "Rien ne me force". "je pense, donc je suis". Cette démarche est un recommencement. Je veux ce que je pense et rien de plus. La plus ancienne forme d'idolâtrie, nous la tenons ici : c'est le culte de l'ancêtre, mais non purifié par l'amour. "Ce qu'il méritait d'être. moi je le serai."Telle est la piété filiale. Alain

« "L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps.

On a peur de l'inconscient: là se trouve logée la faute capitale.

Un autre Moi me conduit qui me connaît et que je connais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre.

"Voilà mon père qui se réveille ; voilà celui qui me conduit.

Je suis par lui possédé".

Tel est le texte des affreux remords de l'enfance: de l'enfance qui ne peut porter ce fardeau : de l'enfance.

qui ne peut jurer ni promettre; de l'enfance, qui n'a pas foi en soi, mais au contraire terreur de soi.

On s’amuse à faire le fou.

Tel est ce jeu dangereux.

On voit que toute l'erreur ici consiste à gonfler un terme technique, qui n’est qu'un genre de folie.

La vertu de l'enfance est une simplicité qui fuit de telles pensées, qui se fie à l'ange gardien, à l'esprit du père ; le génie de l'enfance, c'est de se fier à l'esprit du père par une piété rétrospective.

"Qu'aurait fait le père ? Qu’aurait-il dit ?"Telle est la prière de l'enfance.

Encore faut-il apprendre à ne pas trop croire à cette hérédité, qui est un type d'idée creuse: c'est croire qu'une même vie va recommencer.

Au contraire, vertu, c'est se dépouiller de cette vie prétendue, c’est partir de zéro. "Rien ne m'engage" ; "Rien ne me force".

"je pense, donc je suis".

Cette démarche est un recommencement.

Je veux ce que je pense et rien de plus.

La plus ancienne forme d'idolâtrie, nous la tenons ici : c'est le culte de l'ancêtre, mais non purifié par l'amour. "Ce qu'il méritait d'être.

moi je le serai." Telle est la piété filiale.

" Alain DIRECTIONS DE RECHERCHE • Est-ce Alain qui pense que « un autre Moi me conduit qui me connaît et que je connais mal » ? (Cf.

L'hérédité est un fantôme du même genre » ). • Comment comprendre « L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps » ? • Quel rapport entre ces affirmations et les assertions « Je pense donc Je suis » « Je veux ce que Je pense et rien de plus » ? • Qu'est-ce qu'être idolâtre ? Pourquoi ces rapprochements entre la croyance en l'inconscient (conçu comment, ayant quel rôle), la croyance en l'hérédité et l'idolâtrie la plus ancienne : Le culte de l'ancêtre ? • Quelles réflexions vous inspire le rapprochement entre « La vertu de l'enfance est une simplicité ...

qui se fie à l'ange gardien, à l'esprit du père » et « Au contraire, vertu, c'est se dépouiller de cette vie prétendue, c'est partir de zéro » ? Sur quel plan se place ici Alain pour juger ce qu'il a entre¬pris de juger ? Sur un « plan scientifique » ou sur un « plan moral » ? • Comment comprendre « On voit que toute l'erreur ici consiste à gonfler un terme technique qui n'est qu'un genre de folie » ? Quel est ce terme technique ? Comment peut-on dire qu'un terme technique n'est qu'un genre de folie ? (!) Que signifie « gonfler » ? Qui « s'amuse à faire le fou » Qui « joue ce jeu dangereux » ? En quoi est-ce « dangereux » pour Alain ? Introduction Ce texte d’Alain peut apparaître après une première lecture comme curieux dans la mesure où il se présente tout d’abord comme une critique de la croyance en l’inconscient pour développer ensuite une remise en question de la croyance en l’hérédité; y-aurait-il une analogie entre chacune d’elle? ne procède-t-elle pas toutes deux d’un même foi, qui serait peut-être mauvaise foi? En effet Alain nous présente ici l’inconscient comme un mythe, une erreur et une faute; croire en lui serait donc pécher contre la vérité, mais aussi le bien; la croyance supposant une adhésion volontaire. Selon Alain l’inconscient psychique n’existerait pas, il ne s’agirait que d’un hypothèse commode permettant la soumission de l’âme au corps et l’excusant, rendant possible l’abandon de toute responsabilité au nom d’un déterminisme psychologique, qui comme le déterminisme biologique présidant à la foi en l’hérédité, fait de moi une chose, m’enferme dans une nature contre laquelle je ne puis rien. Or pour notre auteur l’homme n’est pas une chose parmi les choses, il est avant tout sujet, c’est-à-dire un être doué de pensée, et la véritable pensée, qui ne peut être que consciente, est plus forte que le corps et peut et doit le soumettre à sa volonté. L’enjeu est donc ici d’affirmer la liberté, et la responsabilité morale qui en découle, pour l’homme considéré essentiellement comme sujet pensant. Cependant la thèse d’Alain repose sur une conception qui peut sembler discutable de l’inconscient, car si l’inconscient est pur mécanisme, comment expliquer qu’il puisse expliquer certains phénomènes psychologiques et psychopathologiques en comblant les lacunes de la conscience et en proposant des interprétations dont la pertinence est parfois troublante? Mais si l’hypothèse est défendable doit-elle pour autant conduire à l’abandon morale de soi? C’est toute la question que pose ce texte. Si la conception du moi; comme sujet pensant et autonome, indépendant de toute détermination lui étant extérieure; est une illusion; peut-être s’agit-il d’une illusion bienfaisante permettant au moi d’advenir, de passer de l’illusion à une. »

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