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A-t-on besoin de certitude pour agir ?

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« Analyse du sujet · Trois éléments doivent être analysés : le besoin, la certitude et l'agir. · Le besoin : renvoie ici à ce qui est requis, ce qui est une condition nécessaire (mais pas forcément suffisante). · La certitude : état psychologique qui exclut le doute.

S'oppose à l'incertitude.

La certitude peut porter sur une vérité mais, si elle n'est pas justifiée, également sur une erreur.

Se distingue du probable.

Dans la problématique de l'action, la certitude peut porter sur la réussite de l'action, sur les moyens d'atteindre la fin, ou encore sur la fin elle-même.

La certitude a d'abord rapport à une connaissance avant de se rapporter à l'action, et en ce sens elle réfère au nécessaire. · Agir : notion qui se dédouble en praxis (action qui a sa fin en elle-même) et en poiesis (action qui produit un objet, l'action technique).

L'agir suppose dans les deux cas une certaine connaissance de ce qu'il faut faire, dans le premier cas le bien, dans la seconde la règle technique.

C'est ici que joue la notion de certitude.

La question est donc celle du rapport entre connaissance et action, et l'on se demande dans quelle mesure un certain type de connaissance est requis pour agir.

Ceci peut signifier deux chose : quel type de connaissance est requis pour que l'action soit une action (et pas un simple mouvement, donc, une action volontaire), mais aussi quel type de connaissance est requis pour que l'on passe à l'action.

Le sujet nous oriente plutôt vers la seconde acception mais il ne faut pas négliger la première. Problématique L'action n'est possible que si nous supposons une certaine contingence dans le monde.

Si tout est nécessaire, alors nous n'agissons jamais, mais sommes toujours des effets de causes antécédentes.

Dès lors, c'est l'incertitude qui paraît être la condition de l'action, car il faut admettre que nous ne pouvons connaître avec certitude ce qui ne se produit que par hasard.

Mais d'un autre côté, sans aucune certitude, l'action prend la figure d'un pari, elle ne peut alors jamais être rationnelle.

Dans ce cadre, à quoi bon agir ? En effet, pourquoi ne pas laisser, si la raison n'est pas susceptible de fournir une quelconque certitude quant à l'issue de l'action, la Fortune nous guider ? Le problème est donc le suivant : la certitude impliquant la nécessité, la nécessité excluant l'action, l'action doit admettre de l'incertitude. Mais l'incertitude s'oppose alors à la possibilité de choisir ce qu'il faut faire et partant, fragilise la détermination de l'action.

Si nous n'avons aucune certitude, toute action devient hasardeuse. Proposition de Plan 1.

L'action suppose une certitude sans quoi la volonté est faible. · Tout d'abord, comme le remarquait Descartes, l'action est d'autant plus résolue qu'elle repose sur une connaissance solide.

On agit d'autant plus volontiers que notre connaissance est plus certaine : "d'une grande lumière dans l'entendement suit une grande proposion dans la volonté" ( Lettre à Mesland du 2 mai 1644).

En ce sens, la faiblesse de la volonté, ce qui fait que nous sommes indécis, provient d'un manque de lumière de l'entendement, donc d'un manque de certitude. · Dans cette logique, Aristote avait remarqué ( Ethique à Nicomaque livre VII) que le problème de la "faiblesse de la volonté", selon lequel "je vois le meilleur et fait le pire" était lié à une perturbation momentanée du jugement liée à un évènement pathologique qui vient troubler le raisonnement.

En ce sens, ce serait l'absence d'un jugement certain qui conduirait à ne pas agir (mais simplement à subir une affection d'une disposition corporelle).

En effet, l'incontinent connait avec certitude ce qu'il faut faire (par exemple ne pas s'enivrer), mais dans le cas particulier, la règle est momentanément oubliée en raison d'un désir irrationnel. · Transition : néanmoins, cela présuppose que je peux connaître avec certitude ce que je dois faire.

Or, comme le remarque déjà Descartes, la certitude n'est pas possible en morale car je ne peux savoir dans tous les cas ce qu'il faut faire certainement. L'action certaine paraît donc n'être qu'un cas particulier de l'action mais pas un cas général.

En outre, cela n'interroge pas la question de l'issu de l'action mais seulement celle du passage à l'acte. 2.

Néanmoins, l'action suppose la contingence, donc de l'incertitude. · Dans l'Ethique à Nicomaque, Aristote étudie les condition de l'action ( praxis et poiesis).

Agir, c'est s'insérer dans le monde et le modifier.

Cela suppose donc qu'il est inachevé (dans la Physique II, il écrit que l' "art en partie imite la nature, en partie la parachève"), qu'il y a donc de la contingence.

Or, il n'y a de certitude possible que pour le nécessaire.

Il faut donc admettre que l'action soit elle-même, en son essence, contingente, dans la mesure où elle est dans le monde. · Mais alors, si le monde est contingent, des actions maladroites peuvent réussir et des actions avisées échouer.

La contingence que le monde requiert pour que nous puissions agir en lui se transmet à notre action elle-même.

Comme le remarque Montaigne dans les Essais I, 47, nous ne pouvons jamais avoir la certitude que nous sommes bien les auteurs de l'acte qui a réussi.

Nous ne pouvons savoir dans quelle mesure les exploits d'Alexandre sont dus à son génie ou à la Fortune (II, 26).

Notre raison est donc impuissante.

Il ne faut donc pas choisir, la Fortune peut décider à notre place.

La sagesse sceptique consiste donc ici dans l'acceptation aveugle des évènements car nous ignorons tant les causes que les fins.

La seule certitude que nous avons est celle notre incertitude par laquelle aucune résolution n'est possible. · Transisition : néanmoins, on présuppose ici que c'est la Fortune qui gouverne le monde, que nous n'avons aucune connaissance des causes et effets dans le monde ou encore que ce hasard n'est pas rationalisable par des règles. 3.

Entre la certitude et l'incertitude, le probable. · Dans le fragment 577 des Pensées Pascal écrit : "Quand on travaille pour demain et pour l'incertain on agit avec raison, car on doit travailler pour l'incertain par la règle des partis qui est démontrée".

Le problème des "partis" est la question de savoir, si on arrête un jeu de hasard, comment on doit répartir la somme entre les deux adversaires.

Il s'agit d'évaluer un espoir de gain.

Dans le Traité du triange arithmétique, il explique qu'il faut répartir en fonction de ce que chacun est en droit d'espérer s'il continue le jeu. Cela peut donc être étendu à l'ensemble de nos actions.

La certitude ne porte jamais sur une issue, mais sur sa probabilité.

On a donc besoin d'une certitude qui est liée à la probabilité de la réussite de l'action. Conclusion : une certitude est donc nécessaire pour le passage à l'acte, mais cette certitude psychologique doit en même temps reconnaître une incertitude quant à l'issue de l'action.

Cette incertitude de l'issue ne doit néanmoins pas nous conduire à l'inaction, car on peut la rationaliser (le calcul des probabilités).

Dès lors, l'issue reste incertaine, mais sa possibilité doit demeurer une certitude.. »

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