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A quelles conditions une autorité est-elle juste ?

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« ANALYSE DU SUJET Il n 'est pas question ici de savoir s'il existe ou non des autorités légitimes et lesquelles.

Il s'agit de savoir « quelles conditions » doivent être remplies pour qu'on puisse dire qu'une autorité (quelconque) « est légitime ».

Il convient de s'interroger sur ce qui peut fonder la légitimité d'une autorité et conjointement déterminer ses conditions d'exercice « légitimes ». L'homme vit en société depuis son plus jeune age et doit se soumettre à des diverses autorités, qu'il s'agisse des parents, de l'institution scolaire, du patron, plus tard, ou de l'état par exemple.

Ces autorités imposent des règles et des façons de penser aux individus.

Pour les professeurs, tout ce qu'ils enseignent doit être considéré comme vrai et l'Etat affirme que l'idéologie politique dominante est préférable à toute autre par exemple.

Pour imposer ses règles, l'Etat use même de violence dite « légitime », tout comme les parents adoptent des sanctions lorsque l'enfant n'obéit pas, il n'est en effet pas aisé d'imposer des idées et des règles, comme le souligne Baruch Spinoza : « s'il était aussi facile de commander aux esprits qu'aux langues, aucun gouvernement ne se trouverait jamais en péril et aucune autorité n'aurait besoin de s'exercer par des moyens violents.

» Qu'est-ce que l'autorité ? Il s'agit de ce qui exerce un pouvoir, ce qui commande à des sujets, mais sans abus de force ou de violence; si c'était le cas, il s'agirait d'autoritarisme ou de domination.

L'autorité s'exerce donc sur une personne libre.

Or, et paradoxalement, l'exercice d'une autorité sur quelqu'un est parfois jugé injuste par cette personne, c'est-à-dire jugé non-fondé, illégitime.

Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à obéir à une autorité ? Une hiérarchie peut-elle être conforme à la justice et donc conforme à la raison ? A quelle condition une autorité est-elle juste ? Y a-t-il un facteur qui rende toute autorité nécessairement juste ? Quelle est la nature du pouvoir autoritaire et quels rapports y a-t-il entre ce pouvoir et le juste ? I. L'autorité s'appuie sur une argumentation, elle s'adresse à des esprits libres et non à des esprits soumis, aliénés.

Par conséquent, il semble que le fondement de l'autorité soit juste, conforme à la raison. II. Or, le discours de celui qui veut faire autorité s'adresse, certes à la raison, mais aussi au sentiment.

C'est pourquoi la teneur de ce discours n'est pas forcément juste.

Il est donc du ressort de chacun d'estimer si cette argumentation est juste ou non; rien n'en garantit jamais absolument le caractère juste. III. Dans sa nature-même, l'autorité, en-soi, est juste, conforme à la raison, puisqu'elle réclame le consentement de celui qui lui obéit, idée qui est en accord de la définition du juste d'Emmanuel Kant, (Doctrine du droit, 1797) : « Toute action est juste qui peut faire coexister le libre arbitre de chacun avec la liberté de tout autre selon une loi universelle.

» La seule chose qui puisse être injuste, c'est-à-dire ici incorrect, c'est le choix de ce à quoi il se soumet par celui qui se soumet. L'autorité semble être au premier abord un agir, que ce dernier soit, dans son fondement ou dans son origine, juste ou injuste.

Cet agir s'exerce en vertu d'un mandat, d'une permission, ou même d'une position naturelle (qu'on pense à l'autorité du père de famille).

En première instance, on peut donc voir l'autorité comme quelque chose qui s'exerce, sans que la modalité de cet « faire » ne soit encore établit.

Pourtant, il nous faut envisager la nature de ce faire afin de comprendre la dimension fondamentale vers laquelle nous porte la notion même d'autorité.

En effet, ce « faire » doit être compris non pas comme puissance (potentia), soit comme capacité de faire, mais bien comme pouvoir (potestas), c'est-à-dire permission de faire.

L'autorité, c'est donc un pouvoir qui s'exerce certes, mais un pouvoir offert par un autre.

On comprend ainsi que le concept d'autorité nous place d'emblée sous le regard de l'autre.

Ce point est essentiel puisqu'on peut songer naturellement à l'autorité comme quelque chose qui met avant tout en avant son détenteur, ce dernier exerçant sa puissance envers et contre tout, envers et contre tous.

Or, c'est cette vision d'une force capricieuse qui ne se soucie de rien d'autre si ce n'est d'elle-même qui est déjà remise en question par la simple analyse du terme.

L'autorité exprime déjà dans sa plus simple signification cette mise sous contrôle du pouvoir, cet encadrement sous la tutelle de l'autre, celui qui permet que le pouvoir du détenteur de l'autorité s'exerce.

Mais on peut encore pousser plus loin cette analyse strictement étymologique.

En somme, l'autorité s'exerce en vertu d'une permission, celle de celui à qui appartient ce droit.

L'autorité est donc une action qui s'exerce « sous les yeux de », et « à la place de »quelqu'un, de l'autre.

L'autorité est donc un pouvoir, un agir qui s'exerce sous la modalité de la représentation.

En effet, l'auctoritas c'est être l'acteur de paroles et d'actes qui ne viennent pas de soi mais bien d'un auteur ou d'auteurs.

L'action d'autorité exige donc en amont et précisément que quelqu'un l'autorise.

Dans la dimension politique, c'est la pacte sociale qui constitue cette autorisation.

Or, nous nous trouvons ici rapidement en bien mauvaise posture pour répondre au sujet si nous persistons dans cette vision politique.

En effet, l'autorité se fonde, nous l'avons dis, à partir d'un pacte, c'est-à-dire d'une convention.

Or, le propre de ce pacte c'est qu'il crée sa propre validité, il s'auto-fonde pour ainsi dire.

Les choses sont donc envisagées en termes de légalité et non de légitimité.

Un chose est approuvée en fonction de son adhésion au pacte, sans qu'il soit forcément nécessaire que ce pacte soit légitime, c'est-à-dire juste en soi.

L'autorité est mise en rapport avec un corpus de textes qui scellent le pacte, non avec une notion de juste qui figurerait hypothétiquement en amont.

L'autorité est en relation avec le légal, et toute la question est de savoir s'il y a pertinence ou non d'envisager cette modalité du pouvoir comme légitime.. »

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