Séquence Rimbaud : les cahiers de Douai + parcours émancipations créatrices.
Publié le 21/05/2025
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Séquence Rimbaud : les cahiers de Douai + parcours
émancipations créatrices.
I)
Biographie de Rimbaud
Arthur Rimbaud est né en 1854 à Charleville dans un milieu
bourgeois : son père Frédéric est un militaire de carrière, officier
dÕinfanterie.
Il a participé à la conquête de lÕAlgérie en 1830.
En garnison
à Mézières, il a épousé une jeune fille issue de la paysannerie, Marie,
avec qui il a eu cinq enfants.
Arthur est le deuxième.
En raison de ses
missions à lÕétranger, le père est plutôt absent et présent surtout lors
de ses permissions.
Le mariage bat de lÕaile et en 1861, Frédéric quitte
définitivement la maison.
Arthur, quant à lui, reçoit une éducation très stricte.
Sa mère est
particulièrement rigide et dévote.
Elle a vraisemblablement des
principes dÕéducation très stricts et nÕest guère affectueuse.
Arthur
est brillant à lÕécole et se montre particulièrement intéressé par la
poésie.
Il obtient plusieurs prix en littérature.
Sa vie est bouleversée
quand il rencontre en 1870 Georges Inzambrard, professeur de
rhétorique au Collège de Charleville.
Grâce à lui, Arthur découvre les
poètes parnassiens et commence à écrire des vers.
La guerre entre la
France et la Prusse éclate en aout 1870.
Arthur fugue plusieurs fois
pour se rendre à Paris.
En septembre 1871, il rencontre Paul Verlaine,
de dix ans son ainé.
Ils vivent alors une histoire dÕamour passionnée et
violente.
Pendant des mois, ils errent tous deux en Angleterre puis en
Belgique.
Leur relation ouvertement homosexuelle fait scandale.
En
juillet 1873, elle sÕachève brutalement à Bruxelles où Verlaine ouvre le
feu sur son amant et le blesse, superficiellement.
Verlaine est alors
incarcéré.
Arthur retourne alors dans la ferme de sa famille à Roche, où il
rédige une saison en enfer.
Puis il retourne à Londres, en compagnie du
poète Germain Nouveau.
Il échappe au service militaire puis se rend à
Stuttgart pour apprendre lÕallemand.
CÕest à cette époque quÕil semble
avoir complètement renoncé à la poésie.
Il retrouve Verlaine durant
quelques jours en Allemagne.
A compter de ce moment, son ancien amant
lÕappelle « lÕhomme aux semelles de vent ».
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Rimbaud cherche par la suite à apprendre lÕitalien puis au terme
dÕun rocambolesque voyage en Italie, retourne de nouveau chez sa mère
à Charleville.
En 1876, il sÕengage dans lÕarmée coloniale néerlandaise.
Il
embarque pour Java où il déserte.
Il rentre en France sur un voilier
écossais ! En 1877, il est de retour à Charleville.
Il voyage encore en
Europe, à Vienne, en Suède et au Danemark puis part pour lÕAfrique à
compter de 1880.
Il y est employé de commerce à Aden, puis à Harar.
On ne sait pas bien ce quÕil y fait.
On parle de trafic dÕarmes en
Abyssinie.
Il est aussi explorateur.
En 1891, il est de retour à Marseille.
Gravement malade, il est atteint dÕune tumeur au genou et on doit
lÕamputer dÕune jambe.
Il meurt le 10 novembre 1891.
II)
Les cahiers de Douai
En 1870, Rimbaud trouve refuge lors de lÕune de ses fugues chez
son professeur de rhétorique, Georges Inzambrard, désormais installé
à Douai.
Encouragé par le poète Paul Demeny, il produit un manuscrit
de vingt-deux poèmes quÕil a écrits auparavant : ce sont les cahiers de
Douai.
LÕannée suivante, Rimbaud se repent de ces œuvres de jeunesse
et demande à Demeny de les détruire.
Le poète qui est aussi éditeur
sÕy refuse et les poèmes seront publiés par la suite deux fois en 1888
et en 1893.
Sans que Rimbaud ne le sache.
Les cahiers témoignent dÕun art pas encore abouti et toujours
très classique sur le plan formel.
On y trouve cependant déjà un
certain nombre de fulgurances et dÕinnovations que le poète
développera dans les années suivantes.
III) Contexte historique
Défaite militaire française de 1870 (Sedan).
Atmosphère donc
très particulière et surtout engagement de Rimbaud en faveur de la
Commune extrêmement important : témoignage évident de son esprit
rebelle mais aussi de sa perception de lÕengagement.
Dès sa prime
jeunesse, Rimbaud sÕéloigne des Parnassiens qui défendent lÕart pour
lÕart et donne à sa poésie une orientation engagée voire
révolutionnaire.
Ce nÕest sûrement pas pour rien dans la légende du
poète maudit quÕincarne Rimbaud.
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IV)
Une révolution poétique ?
Texte 1 : Le dormeur du val (octobre 1870)
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort.
Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille.
Il a deux trous rouges au côté droit.
Étude du poème « Le dormeur du val ».
Lecture du poème + réflexion sur les di icultés de lecture (rejets internes et externes)
S’agit-il d’un poème « à chute » ou bien y avait-il des indices qui auraient permis de deviner la
fin ?
Quelle représentation de la nature avons-nous dans le texte ? [nature vivante /
personnification (« chante » « fière ») ; nature protectrice (« val », « berceau », « nue ») Cf.
alma
mater ; noter aussi les sonorités]
Pourquoi avons-nous l’impression que ce paysage, cette nature est agréable ? [connotations
positives par di érents éléments :
o Les couleurs / la lumière : couleurs chatoyantes qui luisent au soleil « argent » + en
rejet, « luit » couleurs claires « bleu », « vert » (mais ce sont aussi des couleurs froides)
o les mouvements : « accrochant follement », « luit », « mousse », « pleut »
o Mélange des perceptions sensorielles : la vue (couleurs), l’odorat (« les parfums »), le
toucher (« chaudement », « mousse », « frais », l’ouie (« chante »)…]
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Montrer que tout ceci s’oppose à la représentation du soldat [sommeil avec trois fois « dort »
en rejet externe ou interne « tranquille », immobilité emploi de na négation « ne dont pas
frissonner », pâleur liée à la maladie, au pluriel de la nature « les parfums » s’oppose le
singulier du soldat « sa narine », « sa main » etc.]
Comment ce soldat est-il présenté ? [Dès le titre « dormeur » puis « soldat jeune » puis détails
de son corps.
Fonctionne comme un « zoom avant », vision par cercles concentriques du trou
de verdure aux trous rouges des blessures.
Noter aussi ce que sa posture a d’inusité,
d’étrange : « tête nue » = laisser aller pour un soldat, « bouche ouverte » et sourire d’enfant
malade = il a un rictus qui n’est pas logique, même pour un homme abandonné au sommeil.]
Commentaire des deux derniers vers : [« la main sur sa poitrine » = comme un gisant.
Noter
que c’est encore « la » main comme « sa » narine.
Révélation à la fin du 14e vers, après
« tranquille » en rejet.
« au côté droit » résonance biblique ? Pas de révélation brutale cpdt,
c’est encore au lecteur de lire ce qui n’est dit qu’à demi-mot => bcp plus fort.
Seul élément
pluriel pour le soldat « deux trous rouges » là où un seul aurait su i.
Pourquoi ?]
Quel sens, quelle « morale » pour ce texte ? [Une dénonciation de la guerre, de sa stupidité.
Rien n’a de sens.
Dans une nature aimable et indi érente un soldat qui aurait l’âge de profiter
de tous les bonheurs de la terre est étendu mais c’est parce qu’il est mort.]
Rapprochement et comparaison avec « Le Mal ».
[Un poème dans lequel on retrouve les
mêmes termes mais le traitement du sujet par le poète n’est pas du tout le même.
Ce qui est
sous-entendu dans « Le dormeur » est explicité dans « Le Mal ».]
Consignes: vous écrirez l'introduction et la conclusion du
commentaire composé de ce texte.
Les thèmes étudiés peuvent
être une nature apaisante, un sommeil ambigu, et la dénonciation
de la guerre.
I) Une nature apaisante, le locus amoenus (Se dit d'un lieu idyllique.)
- champ lexical de la nature (verdure +herbes) +personnification de la
rivière
- des couleurs extraordinaires mises en valeur par le rejet « dÕargent »
- lumière particulière mise en valeur par le rejet « luit » et repris par
la métaphore qui « mousse de rayons » mélange eau/lumière.
Utilisation
systématique du rejet dans ce poème = un élément de modernité parce que le
rejet fait partie de la tradition poétique mais pas son emploi récurrent.
-Un personnage sympathique apparait : jeune, tête nue, sans doute par
opposition à des....
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