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Lecture linéaire de « Clair de lune » des Fêtes galantes de Verlaine (lecture linéaire suivie du commentaire corresponda

Publié le 05/11/2022

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« Texte 2 du Parcours Lecture linéaire de « Clair de lune » des Fêtes galantes de Verlaine (lecture linéaire suivie du commentaire correspondant) (Introduction) : cf celle du commentaire.

(sauf pas annonce de plan) Lecture Premier quatrain : L’adresse à la femme aimée assimilée à un masque des Fêtes galantes Le premier vers commence par pronom pers « Vous » dc situation d’énonciation : un « Je » s’adresse à un « Vous « sans que jamais le Je destinataire ne s’inscrive en tant que tel ds le poème et sans identification précise de ce « Vous ».

Pour autant, si indices d’énonciation ne peuvent définir avec précision la personne qui est “masquée” grâce à l’emploi de la métonymie initiale “ Votre âme”, le lecteur averti sait que Verlaine compose Les Fêtes galantes en 1869 soit deux ans après la mort d’Elisa, cette cousine dont il s’était épris et qui lui refusa toujours son amour.

Par conséquent, le lecteur identifie ce « Vous » à Elisa et l’énonciateur à Verlaine lui-même adressant un poème d’amour à cette femme.

D’où éloge immédiat puisque le terme « âme » renvoie à la dimension spirituelle de la jeune femme apte à lire et à apprécier le discours construit par le poète.

Eloge en effet aussi avec la forme attributive « âme est un paysage » qui crée donc une équivalence entre « âme » et « paysage » et Verlaine de jouer avec l’association romantique paysage/âme pour l’inverser.

Ce n’est plus le paysage qui est un état d’âme mais l’âme qui est paysage.

Il ajoute en outre « choisi », épithète volontairement vague dans l’optique verlainienne de l’imprécision mais connotant une dimension esthétique en relation avec le terme « âme » (et cf commentaire sur « choisi »). Le 2° vers est construit par le biais de l’enjambement afin de créer une description de ce paysage grâce à quelques touches descriptives là aussi choisies et renvoyant aux fêtes galantes.

En effet, Verlaine emploie « Que vont charmant » marquant l’aspect duratif de l’action à l’instar d’un tableau qui, tt en suggérant le mvt, fixe le moment dépeint.

Le participe présent « charmant » est en outre à noter : le charme renvoie à carmen, l’ensorcellement, l’envoûtement et l’on comprend dès lors que faisant sonner le son /ch/ de « choisi » et « charmant » d’un vers à l’autre, Verlaine crée une analogie entre le charme du « Vous » et celui de la fête galante qu’il décrit.

Fête galante en effet puisque référence aux « masques et bergamasques » dc à une fête costumée à l’instar de celle à laquelle les aristocrates du XVIII° siècle aimaient à se prêter.

D’autre part, Verlaine en créant son « paysage choisi » fait résonner ds l’esprit du lecteur une musique, celle de la danse des « bergamasques » et fait appel en outre au sens de la vue avec le pluriel « masques ». Le 3° vers reprend la construction par enjambement produisant une impression de fluidité telle qu’elle peut mimer celle des danses mais aussi celle de la musique avec la reprise du participe présent pr « Jouant » déterminant là encore une épaisseur temporelle pour associer les deux sens, l’ouïe et la vue avec 1° le cod « du luth, 2° la construction par coordination « dansant ».

Le 3° vers présente alors aussi un rythme ternaire qui peut suggérer les mvts de la danse, à la fois fluide et syncopée coe le suggère « et quasi » qui s’avère un rejet.

Mais l’on peut aussi rendre compte de la dimension harmonieuse et fluctuante de cet univers par le choix des trois quatrains en décasyllabes : harmonie pr quatrain et décasyllabes mais léger déséquilibre puisque trois quatrains et non quatre. Le 4° vers commence grâce au rejet par « Tristes » et renvoient à la métonymie des « masques » dc des personnes aristocrates costumées créant un effet de surprise car l’adjectif alors même qu’il est nuancé par « quasi » (= presque) contredit, s’oppose au sentiment de joie et de légèreté des vers précédents.

Pour autant, fait écho aux personnages de Watteau qui ont ts en effet un air triste, car rêveurs, mélancoliques. D’autre part, le cpt « sous leurs déguisements fantasques » rappelle une nvelle fois la fête galante et renvoie à cet univers de l’oisiveté, de la mondanité, du badinage amoureux, du jeu sur l’être et l’apparence.

De surcroît à noter que le rejet attire alors aussi l’attention sur l’assonance en /i/ qui s’amorce avec “quasi”, et se poursuit avec “Tristes” et déguisements”.

La construction du décasyllabe dans le 1° vers et le 4° vers soulignent cette idée puisque présentant la structure 2/8, et non 5/5 ou 4/6 (décasyllabes canoniques) il place sous l’accent le mot “âme” et “Tristes” qui se font de la sorte écho. Deuxième quatrain : L’univers des Fêtes galantes ou la nostalgie d’un paradis perdu Le 1° vers reprend la forme participiale et de la sorte crée une musicalité qui se fait par la répétition du son /an/ évoquant la danse et le chant des fêtes galantes.

Le thème de l’amour, propre aux représentations des Fêtes galantes de Watteau est de la sorte amorcé puisque le cod qui s’inscrit au vers 2 place le mot « L’amour » en initiale de vers.

Les « masques » chantent dc « L’amour » et celui-ci est mis triplement en valeur par l’effet d’enjambement, par sa place en initiale et par le cpt de manière du vers 1 « sur le mode mineur » puisque cette précision caractérise de manière implicite l’amour qui ne peut qu’être vécu dans la souffrance coe le justifie en outre l’adjec épithète de « amour » = « vainqueur ».

Ms cet adj personnifie l’amour, le place au centre des préoccupations des « masques » et renvoie au badinage amoureux.

D’autre part, le verbe du 1° vers reçoit un 2° Cod coordonné au 1° par « et » qui est « la vie opportune », cod qui implicitement là encore souligne la puissance de l’amour dans cet univers puisque leur existence est propice à jouer, à se divertir et donc à se prêter au badinage amoureux.

Cependant, le quatrain en son entier est empreint d’une tonalité nostalgique qui a été initiée notamment par « Tristes » à la fin du 1° quatrain mais aussi par le mot « âme » du 1° vers.

Il est nourri par « mode mineur », et ds cette fin de quatrain par la forme négative ds « pas l’air de croire à leur bonheur » ainsi que par la référence au « clair de lune », expression qui fait écho au titre et qui lui donne un sens.

Tt un réseau lexical de la tristesse, de la mélancolie parcourt dc ce quatrain qui s’achève sur un vers créant un effet de synesthésie ou plutôt de correspondance à l’instar de Baudelaire ds « Correspondances» puisque « leur chanson se mêlent au clair de lune » donc puisque analogie entre deux sens et sentiment de spiritualité puisque mvt ascensionnel. Verlaine recrée l’univers des Fêtes galantes qui s’avère pr lui une sorte de paradis perdu, à jamais inscrit ds sa mémoire, et le terme « âme » du début du poème le prouve.

Verlaine se donne en quelque sorte la mission de ressusciter par la parole poétique cet univers à la fois de la magie de la parole avec le discours amoureux, le badinage amoureux, et de la recherche constante d’une esthétique de l’imaginaire, du rêve et des jeux sur l’être et le paraître. Troisième quatrain : Un paysage au clair de lune Le 1° vers reprend l’expression quasi similaire de la fin du 2° quatrain avc pr seule variante l’ajout de l’épithète « calme » renforçant la tonalité nostalgique de l’ensemble, le tout permettant d’insister sur la tonalité nostalgique tt en attribuant au décor une luminosité tte particulière celle de la blancheur de l’astre nocturne.

Ms on remarque aussi que la tonalité nostalgique qui concourt au registre élégiaque, est renforcée par les 2 adject épithètes postposés qui sont « triste et beau », adj qui pr l’un fait écho à celui employé à la fin du 1° quatrain et pr l’autre, implicitement à ce décor passé et figé par l’écriture poétique tt coe il l’a été par le talent pictural de Watteau qui cependant n’a pas peint de scène avec un clair de lune.

Les deux épithètes font alors davantage penser à Baudelaire, maître spirituel de Verlaine coe de ts les symbolistes, qui ds son poème « Harmonie du soir » des Fleurs du mal écrit : « Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ».) On renouvellera cette remarque en ce qui concerne l’avant-dernier vers du poème.

En effet, « Et sangloter d’extase les jets d’eau » renvoie là encore à Baudelaire et à son poème « Le jet d’eau » mais aussi à « Rêve parisien ». Quoiqu’il en soit, Verlaine apporte, ds ce dernier quatrain, des notations descriptives concernant le « paysage choisi » qui transporte le lecteur ds l’univers des Fêtes galantes avec le réseau lexical du parc aristocratique de la Fête galante : « les arbres », « les jets d’eau » repris tt coe « au clair de lune » d’un vers sur l’autre, et « parmi les marbres ».

Verlaine associe dès lors la nature sophistiquée du parc à la nature (les oiseaux) à la tonalité mélancolique de la Fête galante et chacun des éléments évoqués peut être lu en tant qu’hypallage.

En effet, ce ne sont pas les « oiseaux » qui rêvent mais bien les amoureux de ces Fêtes et ce ne sont pas les « jets d’eau » qui sanglotent « d’extase » mais bien toujours ces amoureux.

La personnification des « oiseaux « et des « jets d’eau » sert dès lors à l’hypallage.

A noter, en outre, que Verlaine a soin, pr renforcer cette impression d’entendre s’exprimer des sentiments, de pleurs, de créer une assonance insistante du son /é/ avec « clair », « et », « fait », « rêver », « les » (2 fois ds le même vers, vers 10), « Et » (à l’initiale), « sangloter », « les », « jets », « Les » (à l’initiale), « jets », « sveltes » et de nveau « les ». Conclusion : cf celle du commentaire à résumer “ Clair de lune” Introduction : Bio Verlaine en relation avec son amour pour Elisa et sa mort + la Bohème et son influence parnassienne + son attachement pour le XVIII° siècle et notamment pour Watteau, peintre des fêtes galantes : rappeler alors la définition et le contexte de création de ces fêtes galantes au XVIII° siècle ainsi que les motivations pour Verlaine de se replonger dans ce passé. Les Fêtes galantes = 22 pièces et “Clair de lune” = la première.

Voyage nostalgique dans un passé idyllique.

D’où Les Fêtes galantes = réécriture tout comme donc “Clair de lune”, ce charmant madrigal : poème court, élogieux, galant et précieux fort à la mode au 18° siècle. “Clair de lune” se présente alors comme une sorte de condensé du recueil en son entier. Il en annonce les thèmes et il est vrai qu’à l’origine ce poème s’appelait “Fête galante”. C’est pourquoi, nous étudierons tout d’abord en quoi ce poème est une réécriture poétique, par conséquent ce qui est mis en jeu dans le passage de l’oeuvre picturale à l’oeuvre poétique pour nous intéresser ensuite à ce qui relève de l’ambiguïté du sentiment amoureux. I.

De l’oeuvre picturale à l’oeuvre poétique : a.

Les thèmes de la fête galante : La référence au genre pictural des “fêtes galantes” est constante dans le poème et ce dès le 2° vers : “Que vont charmant masques et bergamasques”. En effet, les “fêtes galantes”, genre inauguré au 18° siècle par Watteau est une peinture qui représente des aristocrates se divertissant au son de la musique et souvent accompagnés de personnages déguisés, des comédiens.

Eux-mêmes d’ailleurs peuvent se travestir et notamment en personnages de la Commedia dell’arte ou en bergers de pastorale. Les termes “masques et bergamasques” (avec le sens double de ce dernier mot : habitants de Bergame ( Italie ) ou airs de danses italiens au 18° siècle ) renvoient donc à cet univers pictural inauguré par Watteau, univers qui dans le poème est rappelé en fin de premier quatrain par l’expression : “ leurs déguisements fantasques”. C’est alors en référence à ce deuxième vers que la métaphore initiale prend tout son sens : “Votre âme est un paysage choisi”. En effet, Verlaine, à l’instar de Watteau mais grâce aux mots et à la structure poétique va peindre un paysage : celui comme le précise le mot “choisi” des fêtes galantes avec pour le participe passé employé comme adjectif un sens lui aussi double = - choisi par moi (Verlaine ) = ellipse de la structure syntaxique du passif - choisi : élu, privilégié, aimé. Mais de ce deuxième vers découle aussi le chant lexical de la fête avec 1° les instrument de musique : “ Jouant du luth” (instrument très en vogue au 18° siècle, instrument de musique à corde pincée), “Tout en chantant”, “sur le mode mineur”, “leur chanson” et la référence à danse : “ et dansant”. D’autre part, si l’on considère que ces 2 vers par le jeu d’écho référentiel créé évoquent immédiatement les “fêtes galantes”, ils invitent aussi et notamment grâce au mot “paysage” à considérer le cadre du moment évoqué.

Les mots qui s’y rapportent sont inscrits dans le dernier quatrain par le recours à deux éléments conventionnels du décor qu’utilise maintes fois Watteau pour représenter ces personnages aristocratiques évoluant dans un espace codifié socialement, historiquement et culturellement : le parc. On relèvera donc à ce propos les expressions “les jets d’eau” et “parmi les marbres”(métonymie) En outre, si l’on parle des “fêtes galantes”, on pense aussitôt aussi à l’amour, au badinage amoureux.

Or, cette thématique est présente dans le poème car si l’on ne peut par l’intermédiaire des indices d’énonciation définir avec précision la personne qui est “masquée” grâce à l’emploi de la métonymie initiale “ Votre âme”, le lecteur averti sait que Verlaine a composé Les Fêtes galantes en 1869 soit 2 ans après la mort d’Elisa, cette cousine dont il s’était épris et qui lui refusa toujours son amour. Dans le 2° quatrain, l’amour “ vainqueur” est d’autre part donné comme le motif du chant des masques.

C’est pourquoi aussi, la référence à Watteau et donc aux “fêtes galantes” tient dans l’effet que produit le poème et il n’est pas gratuit à ce propos de constater que Verlaine a commencé ce poème par le mot “âme”.

En effet, les peintures de Watteau de par leur tonalité mélancolique, ce je ne sais quoi de sensible, de léger à la fois et de délicat, traduit la subtilité des sentiments chez les personnages peints qui se disent des mots d’amour.

Or, le poème est lui aussi empreint de mélancolie avec la répétition de l’adjectif “triste” aux vers 4 et 9, la précision “sur le mode mineur “ ( donc triste ) du vers 5, l’assertion au vers 7, “Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur”, l’évocation des rêves des oiseaux, la personnification des jets d’eau ( “Et sangloter d’extase”), enfin bien sûr la référence au clair de lune, titre du poème et moment où se déroule la scène : “ Au calme clair de lune triste et beau.” b.

L’écriture poétique de la fête galante : Verlaine désirant recréer l’univers des “fêtes galantes” utilise alors une écriture poétique apte à les évoquer. On notera à ce propos qu’il opte.... »

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