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lecture linéaire chap XIX Candide de Voltaire

Publié le 12/02/2024

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« Texte – Candide ou l’optimisme, Voltaire, 1759 Introduction : Voltaire : (vrai nom François-Marie Arouet) / 1694-1778 / écrivain et philosophe des lumières, participe à la réaction de l’Encyclopédie / écrits satiriques qui lui valent quelques disgrâces et des séjours à la Bastille /lutte contre le despotisme, l’obscurantisme religieux… La philosophie de l’optimisme : Doctrine prônée par Leibniz (1646 - 1716), un philosophe allemand, selon laquelle on considère que notre monde est le meilleur des mondes possibles ; cela ne signifie pas que notre monde est parfait mais que parmi tous les mondes possibles, Dieu a nécessairement créé le meilleur, qui contient donc le moindre mal pour un maximum de Bien. Le conte philosophique : Voltaire en est l’inventeur.

Le conte philosophique puise sa source dans le conte traditionnel (=les héros sont souvent réduits à quelques traits de personnalité sommaires, que leur nom emblématique résume (candide, l’ingénu), le merveilleux peut faire quelques apparitions pour distraire et séduire le lecteur et le héros suit des aventures et des mésaventures qui le conduiront vers un dénouement complet qui fixera son sort), il s’agit d’un récit bref à visée didactique, comme la fable, il appartient au grand genre de l’apologue.

On y dénonce des injustices avec les armes de l’argumentation indirecte (sympathie pour les personnages et satire et ironie qui crée le comique et achève de convaincre le lecteur) Candeur = Qualité d'une personne pure et innocente, sans défiance. Situation du passage : Ce chapitre a été ajouté par Voltaire. Ce texte est extrait du chapitre 19.

Candide et son fidèle valet, Cacambo, ont quitté l’Eldorado afin de retrouver Mademoiselle Cunégonde.

Dans cet extrait, Candide arrive à Surinam. - Ce texte est à la fois une critique du colonialisme, une critique de la religion et de la philosophie de l’optimisme, il repose sur un témoignage d’esclave qui décrit le fonctionnement des colonies.

On y blâme à la fois le colonialisme et les européens qui sont les grands gagnants de ce commerce inhumain. Mouvements : 1er mvt de « en approchant de la ville… » à « …la main droite » : Présentation du Nègre. 2e mvt de « eh ! Mon Dieu ! ...

» à « …d’une manière plus horrible » : dialogue entre Candide et le Nègre de Surinam. 3e mvt de « O Pangloss ! ...

» à « …il entra dans Surinam » : Leçon que tire Candide de cette rencontre. Problématique : Comment Voltaire parvient-il non seulement à dénoncer la religion, le colonialisme et les inégalités entre les hommes ? TEXTE En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. ANALYSE - Tout d’abord, cette rencontre relève du hasard, elle n’était pas préméditée ; Candide recherche Cunégonde et son voyage le conduit vers Surinam où il rencontre ce nègre de manière fortuite, ce qui n’est pas sans rappeler les structures des contes où bien souvent les rencontres capitales qui scellent les destins des individus relèvent de la providence.

Ici, la rencontre va se révéler capitale pour Candide qui va ouvrir les yeux sur les tristes réalités du monde et renoncer ainsi à la philosophie de l’optimisme. - Cet homme rencontré au hasard se trouve dans un état déplorable.

En effet, il est « étendu par terre » (l.1) tandis que Candide et ses amis approchent de la ville en marchant : l’un à une position horizontale (couché) et l’autre une position - - verticale (debout), ce qui marque certainement leur différence de droits. Il est à noter également que le nègre se situe à la périphérie de la ville, ce n’est qu’après leur échange que Candide rentrera dans la ville de Surinam (l.

21) : il appartient donc à la catégorie des laissés pour compte, des rejetés, de ceux qu’on ne veut pas voir. L’homme n’a « plus que la moitié de son habit » (l.

1, 2), ce qui laisse penser qu’il n’en a pas toujours été ainsi mais qu’il se trouve aujourd’hui dans une grande misère. Le complément « c’est-à-dire, d’un caleçon de toile bleue » souligne la grande pauvreté de l’homme qui à la base, était déjà maigrement vêtu. Cette « moitié » d’habit fait malheureusement écho à ses membres dont on apprend plus loin, dans une proposition juxtaposée, qu’il n’en a plus que la moitié également ; « il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite » (l.

2, 3) Synthèse : « Eh ! mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon Le deuxième mouvement commence avec le dialogue entre ami, dans l’état horrible où je te vois ? — J’attends mon maître, M.

Candide et le nègre à la ligne 3. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre.

— Est-ce M.

- C’est Candide qui l’interpelle au moyen d’une interjection « eh ! » (l.

3) doublé d’une phrase nominale « mon Dieu ! », toutes deux Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? — Oui, monsieur, sont exclamatives et marquent d’emblée la stupeur de Candide dit le nègre, c’est l’usage.

On nous donne un caleçon de toile pour face à ce qu’il voit et qu’il n’hésite pas à qualifier d’ « horrible » tout vêtement deux fois l’année.

Quand nous travaillons aux (l.

4).

Candide est ému et compatit avec l’homme, en effet, il sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la l’appelle « mon ami », alors que c’est la première fois qu’il le voit. Les premières positions horizontale et verticale sont ainsi main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je effacées, les deux hommes sont maintenant à même hauteur. me suis trouvé dans les deux cas.

C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe.

Cependant, lorsque ma mère me vendit dix Dans une interrogative directe partielle (= à laquelle on ne peut pas répondre par oui ou par non), Candide lui demande ce qu’il écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : « Mon cher fait, mais l’essentiel de la question semble porter davantage sur enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre son état.

Cependant quand le nègre lui répond, il lui dit ce qu’il heureux ; tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, fait.

C’est en réalité la seconde question de Candide qui et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère.

» Hélas ! je ne permettra de connaitre les raisons de son état. sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne.

Les Au moyen d’une phrase simple qui révèle le caractère primitif de chiens, les singes, et les perroquets, sont mille fois moins sa condition, le nègre indique donc à Candide qu’il attend son malheureux que nous ; les fétiches hollandais qui m’ont converti maître, ce qui révèle sa condition d’esclave.

Ce maitre est me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants « fameux » et c’est un « négociant » (l.

4), le caractère d’Adam, blancs et noirs.

Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces économique de la misère du nègre s’en trouve ainsi révélé. prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germain. - Ce maitre porte un nom surprenant, Mr Vanderdendur, et il faut Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents en effet bien entendre « dent dure », dans les contes, les noms d’une manière plus horrible. des personnages sont d’une grande importance, ici, il indique un caractère particulièrement malfaisant, incapable d’empathie (« van der » évoque les sonorités des noms de familles hollandais).

Voltaire invente donc de ce nom ridicule pour railler l’ensemble des esclavagistes. - La deuxième question de Candide est, cette fois-ci, une interrogative directe totale (= à laquelle on ne peut répondre que par oui ou par non) pour laquelle on devine d’emblée la réponse (étant donné le nom du maitre de l’esclave). - La réponse de l’esclave est glaçante : en effet, Mr Vanderdendur est l’homme qui lui a fait couper 2 membres, mais en plus « c’est l’usage » (l.6) (à nouveau l’emploi d’une phrase simple, qui révèle un « usage » clair et simple à comprendre); c’est à dire qu’il en ainsi pour l’ensemble des esclaves. Commence ensuite un véritable discours de l’esclave qui expose grâce à des formulations très simples, les traitements horribles que l’ensemble des esclaves subissent. - Pour évoquer les européens, l’esclave utilise le pronom indéfini « on » tandis que pour évoquer les esclaves il emploie le « nous » : "On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année.

Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ;.... »

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