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Explication linéaire Texte n°4 Extrait du chapitre LVIII, « L’énigme en prophétie »

Publié le 07/11/2022

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« François Rabelais, Gargantua, 1534 Explication linéaire Texte n°4 Extrait du chapitre LVIII, « L’énigme en prophétie » INTRODUCTION Le texte constitue la dernière page du roman de Rabelais, Gargantua. Cette fin a de quoi étonner et intriguer le lecteur. Après la séquence concernant l’abbaye de Thélème, l’œuvre s’achève par un dernier chapitre qui fait se succéder : - un long poème, présenté comme une énigme, dont en réalité une grande partie a été rédigée par un poète de l’époque Mellin de Saint-Gelais. - deux interprétations données par deux protagonistes : Gargantua d’une part, Frère Jean d’autre part. Or, l’intérêt de ce texte réside dans les deux interprétations qui sont très différentes : - Gargantua interprète l’énigme comme une allégorie des persécutions subies par les Évangélistes - Frère Jean l’interprète comme la description d’un jeu. LECTURE Il faut songer à différencier les voix et les intonations des deux protagonistes de ce dialogue. En particulier, marquer la clarté des propos de Gargantua qui est convaincu et mesuré dans son intonation ; et au contraire rendre le caractère enjoué, surjoué des paroles de Frère Jean (on peut aller jusqu’aux gestes). PROJET DE LECTURE ET MOUVEMENTS DU TEXTE Pbm En quoi cette dernière page permet-elle d’ouvrir le récit de manière étonnante ? Mouvements du texte 1.

Lignes 1 à 6 : l’explication théologique de Gargantua 2.

Lignes 7 à la fin : l’explication ludique de Frère Jean 1 EXPLICATION LINEAIRE Premier mouvement Dans le premier mouvement Gargantua livre sa lecture théologique de l’énigme Rappel La lecture de l’énigme est faite par le narrateur.

Cette énigme a été trouvée sur une tablette de bronze dans les fondations de l’abbaye de Thélème. D’emblée, Gargantua est placée dans une position solennelle, importante. - « la lecture de cette inscription achevée », Gargantua prend la parole.

Il le fait comme un prêtre qui viendrait commenter l’Évangile après la lecture, c’est-à-dire dire l’homélie (discours simple qui explique le texte biblique ; sermon). - « soupira profondément » peut être compris de deux manières : à la fois l’idée qu’il prend sa respiration pour parler, mais aussi une forme de lassitude qui indique qu’il a saisi le texte qu’il va commenter. - « aux assistants » : à l’assistance, c’est-à-dire presque aux Fidèles. Gargantua va professer la vérité divine.

En effet, les mots « lecture » et « assistants » appartiennent au vocabulaire de la religion.

Ce vocabulaire se retrouve dans son discours : « croyance évangélique », « Dieu », « vérité divine » (l.

7) Gargantua va même jusqu’à utiliser une tournure tirée des évangiles : « bienheureux celui qui… » (l.

3). Le vocabulaire qui a trait aux croyants donne une image douloureuse : « persécutés », « scandalisés » : scandalisé signifie « détourné de la bonne voie, incité à pécher.

» Gargantua soupire à l’évocation des persécutions. Mais l’évocation de la « vérité divine » et de la « croyance évangélique » par Gargantua leur donne une image de puissance.

La foi peut mobiliser les croyants et elle est le but de tout croyant : - c’est « la cible » dont parle le personnage ligne 3. Croire, c’est être « bienheureux » ; cela protège du mal, comme le montrent les nombreuses négations qui évoque le bonheur du bienheureux : - « il ne sera pas scandalisé », « sans être distrait ou écarté ». La foi est porteuse d’espérance et ouvre des promesses pour l’avenir. 2 Le mot « persécutés » est une allusion aux troubles politiques et religieux de 1530, quand commencent à se mettre en place la surveillance et la répression contre les Réformés et les Évangélistes.

Le texte de Rabelais entre en résonance avec l’actualité. De plus, comme la prophétie a été trouvée dans les fondations de l’abbaye, il faut faire le lien entre les persécutions et la création de Thélème. Explication.

L’utopie de Thélème capte les rêves humanistes et évangéliques.

En effet, Rabelais a placé l’abbaye dans une géographie réelle.

Cet écrivain humaniste est optimiste : l’utopie est possible ici et maintenant selon lui.

À cet égard, Gargantua utilise le futur (« celui qui ne sera pas scandalisé et qui tendra toujours au but ») Le sérieux du propos de Gargantua est troublé par la question de Frère Jean. - par l’allitération en t (« votre tête que montre ») - par la redondance des verbes « montre » et « signifie » - par l’expression comique « dans votre tête ». Ce trouble se ressent aussi dans le « quoy » de Gargantua.

Peut-être n’imagine-t-il pas que quelqu’un puisse comprendre autre chose.

Comme si le Prince chrétien qu’il est, sensible aux idées humanistes, souffrent des persécutions dont il est témoin, et des actes d’intolérance qui se multiplient. Il réaffirme alors la nécessité de suivre la « vérité divine »… sans les artifices qui l’entourent. Deuxième mouvement Dans le deuxième mouvement, incrédule, Frère Jean oppose à Gargantua une autre lecture de l’énigme. Son discours commence par une invocation.

Il invoque un saint bien connu de Rabelais, puisque ce saint est enterré dans l’abbaye franciscaine de Maillezais où l’auteur a été moine et a étudié. À une époque où le culte des saints est très développé, son invocation peut témoigner de la grossièreté d’un Frère Jean qui jure sans cesse.

Manière de prendre le contre-pied de l’explication de Gargantua. En effet, Frère Jean affirme d’emblée qu’il n’interprète pas l’énigme de la même.... »

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