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Etude linéaire du texte 2 de MARIVAUX

Publié le 23/01/2024

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« Etude linéaire du texte 2 de MARIVAUX Brève présentation : -extrait de la comédie Les Fausses Confidences (1738) de MARIVAUX (Pierre Carlet de Chamblain) - dans cette pièce s‘entremêlent les thèmes traditionnels de l’amour et de l’argent ; Marivaux met en scène un badinage amoureux, le marivaudage, qui permet de cerner les moindres nuances de l’amour, les variations les plus infimes traduisant le cheminement du sentiment dans les cœurs, menant les personnages de la naissance de l’amour à sa « surprise », prise de conscience intime du sentiment, puis à l’aveu ; ici il faudra les 3 actes pour que la jeune et riche veuve Araminte avoue qu’elle veut épouser son jeune et désargenté intendant Dorante plutôt que son prétendant le comte; -le dramaturge reprend dans cette pièce le duo maître-valet, couple traditionnel de la comédie, mais la frontière entre les maîtres et les domestiques est nettement brouillée : Dubois apparaît comme un véritable stratège décidé à favoriser le projet de mariage de Dorante avec Araminte, et cela lui confère une forme d’autorité sur son jeune maître qui s’en remet à lui ; le titre (initialement au singulier) fait explicitement référence au rôle du langage dans le stratagème savamment orchestré par Dubois puisque le valet utilisera fréquemment les « fausses »confidences, n’hésitant pas à distordre la vérité, pour manipuler Araminte et arriver à ses fins ; -l’acte II se construit autour d’accessoires scéniques, « vraies-fausses » pièces à conviction dont se sert Dubois pour nourrir son stratagème ; alors que les scènes 5 à 9 développent une intrigue secondaire autour d’un portrait mystérieux dont l’énigme est résolue à la scène 9, dans la scène 10 de l’acte II une nouvelle querelle, opposant Dubois à Arlequin, éclate aussitôt pour relancer la progression dramatique ; il n’est plus question d’un portrait miniaturé d’Araminte peint par Dorante, mais cette fois d’un tableau accroché dans les appartements de Dorante, contemplé par ce dernier, constituant dès lors une nouvelle preuve de son amour secret pour la jeune femme. Lecture expressive Projet de lecture nous allons montrer en quoi cette querelle révèle l’art de Dubois, ce dernier intègre ici un nouvel accessoire à son stratagème afin de troubler Araminte. Mouvements : -l.

20 à 35 une querelle savamment mise en scène -l.

36 à 42 la réussite du stratagème. Etude linéaire : Premier mouvement : -on peut noter le double jeu de Dubois dans le passage; d’abord sa justification « c’est par pure colère que j’ai fait cette menace » renvoie à l’image d’un valet offusqué, fidèle et honnête, qui veut défendre sa maîtresse face au valet Arlequin qui représente les intérêts de son maître; stratégiquement il se range du côté de Mme Argante, cachée derrière l’apostrophe « Madame », car il sait très bien qu’elle n’apprécie pas Dorante ; mais aussi il cherche à éprouver les sentiments d’Araminte, l’obligeant à se manifester dans cette querelle rendue volontairement spectaculaire et donc à trahir ses sentiments ; -le second présentatif lui permet d’annoncer le récit de ce qui s’est passé hors scène :« voici la cause de la dispute » ; on peut souligner que le valet montre ici sa parfaite maîtrise de la situation : en bon scénographe, il utilise le décor, car, alors que le premier tableau était « fabriqué « de toutes pièces », ce second tableau existe déjà ; Dubois fait donc preuve d’une adaptabilité remarquable, faisant entrer dans son plan un objet de la maison ; -le récit qu’il fait est précis, circonstancié : le groupe gérondif « en arrangeant l’appartement de monsieur Dorante »renforce le rôle du « hasard »dans la découverte du tableau, alors que la précision apportée par la relative «où Madame est peinte »insiste sur l’enjeu, l’honneur de la jeune femme, puisqu’ainsi son image se trouve dans l’appartement de son intendant ; la conjonction « et » permet alors à Dubois à la suite de ce constat visuel (= la découverte du tableau)de mettre en place une logique argumentative imparable ; d’abord, il expose ses réactions, sa réflexion : par l’enchaînement des trois subordonnées complétives « qu’il fallait l’ôter », « qu’il n’avait que faire là » et « qu’il n’était point décent qu’il y restât », il souligne l’incongruité de l’objet à un tel endroit et la nécessité de mettre fin à l’inconvenance de la situation, rappelant ainsi son dévouement indéfectible à sa maîtresse ; puis, il montre la conséquence de sa réflexion, c’est -à-dire sa décision par l’emploi de la subordonnée consécutive « de sorte que j’ai été pour le détacher » ; la suite du récit renvoie à l’arrivée du valet Arlequin désigné par la périphrase « ce butor »et à la querelle dont ont été témoins les personnages ; la tournure « peu s’en est fallu » insiste sur la violence restée en suspens, ce qui renforce l’image d’un Dubois prêt à tout pour préserver l’honneur de sa maîtresse, autoportrait flatteur destiné à détruire tout soupçon de trahison ; -Arlequin apparaît comme le double inversé de Dubois, pantin manipulé par ce dernier qui l’utilise à son insu pour renforcer son plan, ce qui accentue l’aspect comique de l’affrontement verbal ; le valet revient sur la scène évoquée, la question oratoire montrant son agacement « de quoi t’avises-tu d’ôter ce tableau » ; on peut noter que les précisions apportées par les relatives fournissent une réponse involontaire à sa propre demande : ainsi, le tableau est qualifié de « tout à fait gracieux », la valeur métonymique de l’objet renvoyant au charme d’Araminte , idée renforcée par « que mon maître considérait…avec toute la satisfaction possible », l’attrait exercé sur Dorante par l’image de la jeune femme se trouvant ainsi explicitement mentionné ; en valet ingénu qui ne comprend pas l’inconvenance de la situation, croyant défendre les intérêts de son maître, il ne fait que le desservir ; Arlequin dépeint avec une sincérité et une objectivité dangereuses, une sorte d’extase amoureuse vécue par Dorante« car je l’avais vu qui l’avait contemplé, de tout son coeur » : le jeune homme apparaît comme un amoureux transi, transporté par ce tableau qu’il contemple comme un objet sacré, son cœur est comme envahi d’une joie intérieure par cette contemplation : « qui réjouit cet honnête homme » ; en révélant publiquement le comportement suggestif de Dorante, Arlequin se transforme de facto en un adjuvant involontaire du plan de son valet ; Arlequin utilise un lexique dépréciatif pour désigner Dubois :« ce brutal »ou l’apostrophe « animal » montrent sa colère, mais aussi soulignent son propre attachement à l’égard de Dorante dont il entend défendre les plaisirs ; à ses yeux, Dubois agit de manière injustifiée, par « fantaisie » : le spectateur ne peut que s’amuser de cette analyse d’Arlequin, naïf, totalement dupé par Dubois, bien plus fin que lui, qui l’utilise à son insu pour accélérer son plan ; Arlequin prend à témoin les personnages présents en scène par l’injonction à valeur rhétorique « voyez la malice ! » ; sa colère renforce l’aspect comique de la confrontation en soulignant le contraste de caractères entre les deux valets ; l’impératif à valeur hypothétique qu’il adresse à Dubois : « ôte-lui quelque autre meuble, s’il y en a trop »montre son incapacité d’envisager que la démarche de Dubois puisse être de son initiative, il rabaisse ce dernier au rang de domestique chargé d’aménager les appartements du jeune intendant ; l’importance du tableau pour Dorante est à nouveau soulignée dans l’impératif « laisse- lui cette pièce » : on peut voir une sorte d’imploration derrière cette injonction, Arlequin semble endosser la supplication que son jeune maître ne peut formuler.... »

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