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Devoir sur La Troade de Garnier

Publié le 29/11/2023

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« LITTÉRATURE FRANÇAISE Dissertation sur La Troade de Robert Garnier. « Le spectacle tragique tend vers ces sommets d’horreur sans pouvoir les montrer, à la fois pour des raisons technique et parce qu’elles seraient insoutenables.

» Si le genre de la tragédie vient de l’Antiquité, il a été repris à partir de la Renaissance puis diffusé dans toute l’Europe.

Le XVIème siècle en France a donc été marqué par la redécouverte de ce genre et ses pièces.

Aussi, si la tragédie et le théâtre étaient très codifiés au XVIIème et avaient des moyens techniques commençant à être avancés, cela n’était pas le cas dans les débuts de la tragédie en France.

Le sujet qu’il nous est proposé d’étudier nous amène à nous interroger sur cette affirmation d’Emmanuel Buron dans un article intitulé « Le pouvoir et ses effets » : « Le spectacle tragique tend vers ces sommets d’horreur sans pouvoir les montrer, à la fois pour des raisons techniques et parce qu’ils seraient insoutenables », à propos de La Troade, une tragédie écrite par Robert Garnier en 1579. Ce sujet sous-entends que l’horreur maximale, le point culminant de l’effroi et de la répulsion, ne peut être montré au théâtre, dans le « spectacle tragique ».

Nous pouvons rappeler l’étymologie du mot spectacle, venant du latin spectare, qui signifie regarder, et qui prends tout son sens pour la représentation théâtrale.

L’idée de tragique, elle, serait une force inexorable menant fatalement vers la mort sans que l’on puisse l’empêcher.

Les raisons de cette incapacité à montrer « ces sommets d’horreur » seraient qu’ils ne pourraient pas être mis en scène, être recrés sur scène, surtout en prenant en compte les moyens du XVIème siècle.

De plus, ils seraient trop durs, psychologiquement, à supporter pour le public.

Aussi, le sujet insinue que le « spectacle tragique » ne peut pas atteindre « ces sommets d’horreur » car il ne ferait que « tendre » vers eux sans les « montrer » pour autant.

Alors, nous pouvons nous demander dans quelles mesures, dans la tragédie de Robert Garnier, l’horreur est mise en scène et représentée si on ne peut pas la faire voir au public ? Dans une première partie, nous verrons qu’en effet, l’horreur est telle dans cette pièce que parfois elle ne peut ni être montrée au public ni mise en scène.

Nous verrons dans une seconde partie que pourtant, l’horreur y est montrée à plusieurs reprises.

Enfin, nous remettrons en cause la nécessité de montrer l’horreur dans « le spectacle tragique », pour en faire une œuvre horrifique. * * * Tout d’abord, certaines scènes de l’intrigue tendent tant vers des « sommet d’horreur » qu’il est bel et bien impossible de les mettre en scène, soit parce qu’elles choqueraient le public, soit parce qu’il est matériellement impossible de les faire apparaître.

Parfois l’horreur est impossible a montrer. Pour commencer, La Troade est une œuvre relatant la fin de la guerre de Troie, et la descente aux enfers des Troyens survivants, en particulier les Troyennes.

C’est une véritable chute aux enfers pour les personnages et l’intrigue s’installe donc sur un fond de guerre.

On se doute que cette tragédie connaîtra beaucoup de barbarie et de meurtres.

Alors, la sauvagerie peut être telle qu’elle ne sera pas montrée dans l’œuvre, mais racontée au moyen d’hypotyposes.

C’est ainsi un moyen d’éviter de montrer quelque chose, pour des « raisons techniques » ou parce qu’elle « serait insoutenable », en faisant raconter la scène par un personnage.

Par exemple, la mort d’Astyanax, le fils d’Hector et d’Andromache, qui n’est alors qu’un enfant, est tout particulièrement horrible, et serait difficile à voir pour un spectateur.

En effet, il est jeté du haut de la dernière tour de la ville, après s’être débattu en vain.

Sa mort est non seulement atroce, mais elle est injuste car il n’est qu’un enfant innocent et que c’est la peur de le voir grandir qui pousse les grecs à le tuer.

Aussi, les « raisons techniques » font qu’il est impossible de jeter un enfant du haut d’une tour sur scène.

Ainsi, ce spectacle tragique serait impossible à mettre en scène tant il est terrible, surtout pour la représentation de son cadavre qui apparaît comme complètement détruit, difforme.

Sa mort est donc racontée à sa mère par un messager grec, Talthybie, au lieu d’être montrée directement, ce qui évite de mettre en scène ce « sommet d’horreur » qui ne serait donc pas réellement atteint. Par la suite, pour éviter de « montrer » dans le « spectacle tragique » ce qui est horrible, il est possible de faire jouer cette horreur hors de scène.

Le public peut alors entendre les personnages, mais il ne les voit pas.

Cela évite alors de représenter visuellement l’horreur.

Ainsi, lorsque les Troyennes se vengent de Polymestor, le traître qui à livré Polydore aux Grecs, elles tuent ses enfants et lui crèvent les yeux, mais dans la tente.

A la fois pour les « raison techniques » et pour que la scène soit supportable pour les spectateur, il est dur de représenter ce personnage se faisant crever les yeux et ses enfants se faire tuer sous le regard du public.

L’horreur est donc hors de scène mais le « spectacle tragique » perdure par ce que le spectateur entends : « Au secours, ô bons Dieux ! / Aux armes, je suis mort, on me crève les yeux » et « Au secours, venez tost, mes deux enfants on tue » (acte V, v.

2467-2468 et 2470).

Nous pouvons rappeler qu’a l’époque de Garnier, le théâtre était surtout une forme orale, avec des décors assez limités, des moyens techniques et mécaniques très faibles, et avec des acteurs qui lisaient leurs textes.

Au théâtre l’idée était plutôt de faire résonner le texte plutôt que représenter les personnages. Mettre en scène l’horreur uniquement de manière orale est donc le meilleur moyen de représenter l’horreur pour les moyens de l’époque. De plus, dans la pièce, montrer les « sommets d’horreur » peut être évité en la suggérant, en insinuant ce qui s’est passé, mais sans vraiment le dire ou le montrer.

Un évènement choquant n’a donc plus à être représenté.

Alors, les Troyennes trouvent le corps de Polydore, mais elles ne l’on pas vu mourir et donc ne le racontent pas.

Sa mort n’est pas racontée, peut être parce qu’elle serait trop choquante, mais il y a tout de même une hypotypose de lorsqu’on trouve son corps : « Sous les plis d’un rocher près nous apercevons / Le corps de cet enfant, qui sur la rive ondoie » (acte IV, v.

2268-2269).

L’horreur de la représentation de sa mort est donc évitée, et même si il est assez violent raconter la trouvaille de son corps, cela reste une hypotypose, le moment de la mort de l’enfant n’est pas montré sur scène. Nous avons vu qu’en apparence, dans le « spectacle tragique », on ne pouvait pas toujours arborer les « sommets d’horreur », car ils n’étaient pas représentables sur scène et seraient trop choquants.

Mais, La Troade est une œuvre particulièrement sanglante, et il serait presque impossible de cacher toutes les scènes choquantes. * * * Ensuite, même si parfois les « sommets d’horreur » ne sont pas complètement montrés sur scène, ils en reste certains qui sont tout de même représentés dans la pièce. Plus précisément, l’horreur dans la pièce n’est pas toujours cachée, et les capacités de l’époque pouvaient suffire à ce que l’on puisse la représenter.

La pièce de Garnier accumule les drames, les trahisons et les malheurs au cours des actes, mais surtout les meurtres sur ce qu’il reste des Troyens. Alors nous pouvons imaginer qu’à la fin de la pièce, la scène soit entièrement remplie de cadavres, et même que les acteurs aient du mal à se déplacer et doivent enjamber les corps pour pouvoir marcher.

Si il n’y a pas d’annotations précises sur ces cadavres, certaines répliques des personnages laissent penser qu’il y a bien des corps sur scène.

L’horreur de cette scène est bien montrée, ce qui amènerait à ce que les « sommets d’horreur » soient montrés et bien atteins.

Par exemple, le chœur, lorsqu’il ramène à Hécube le corps de Polyxène et le corps de Polydore qu’il a trouvé sur les rochers, dit « Nous l’avons apporté pour vos pleurs recevoir, / Et avecques sa sœur mesme sepulchre avoir.

» (acte IV, v.

2275). Même si nous ne savons pas comment cela était représenté à l’époque, il fallait forcément montrer ces cadavres, les « sommets d’horreur » du « spectacle tragique » dépassaient donc les « raisons techniques » et psychologiques dont parlait Emmanuel Buron. Aussi, même si certains élément sont bien cachés au public, il n’en restent pas moins représentés par la suite sur scène.

Certains « sommets d’horreurs » sont donc bien masqués mais d’autres doivent apparaître sur scène et doivent donc être représentés.

Ils dépassent donc eux aussi les moyens techniques et le fait.... »

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