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britannicus acte 2 scene 2 - Racine

Publié le 13/12/2023

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« BRITANNICUS EXTRAIT 2 – Acte II, scène 2 Durant la nuit, Néron a fait enlever et conduire au palais Junie, la jeune fille qu'aime Britannicus et qui partage son amour.

Le jeune empereur en devient immédiatement amoureux et en fait l'aveu à son confident, Narcisse. NÉRON V 383 Depuis un moment, mais pour toute ma vie. J'aime (que dis-je, aimer ?) j'idolâtre Junie. NARCISSE Vous l'aimez ? NÉRON Excité d'un désir curieux Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux, Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes, Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes. Belle, sans ornements, dans le simple appareil D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil. Que veux-tu ? Je ne sais si cette négligence, Les ombres, les flambeaux, les cris, et le silence, Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs Relevaient de ses yeux les timides douceurs. Quoi qu'il en soit, ravi d'une si belle vue, J'ai voulu lui parler et ma voix s'est perdue ; Immobile, saisi d'un long étonnement Je l'ai laissé passer dans son appartement. J'ai passé dans le mien.

C'est là que solitaire De son image en vain j'ai voulu me distraire. Trop présente à mes yeux je croyais lui parler. J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler. Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce. J'employais les soupirs, et même la menace. Voilà comme occupé de mon nouvel amour Mes yeux sans se fermer ont attendu le jour. Mais je m'en fais peut-être une trop belle image. Elle m'est apparue avec trop d'avantage, Narcisse, qu'en dis-tu ? Jean Racine, Britannicus, acte II, scène 2, 1669. Héritée de l'Antiquité grecque, la tragédie connaît son âge d'or au XVIIème siècle. Avec Corneille et Molière, Racine est l'un des grands dramaturges français du classicisme (17e).

Ce mouvement artistique et littéraire se développe durant le règne de Louis XIV, « le Roi Soleil ».

Les dramaturges classiques recherchent l’équilibre, la mesure, l’ordre… Unité de temps, de lieu, d’action, bienséance et vraisemblance sont ainsi respectés.

Comme tout classique, défenseur de la Raison, ce poète dramatique, à l’opposé de Corneille, choisit de montrer avec pessimisme les ravages de la passion amoureuse. Deuxième grande tragédie de Racine, Britannicus, pièce en 5 actes et en vers, est représentée pour la première fois en 1669 à l'hôtel de Bourgogne.

Si le thème de prédilection de Racine est la passion amoureuse et ses ravages, avec Britannicus, Racine écrit aussi une pièce politique.

Britannicus, qui reste une des pièces les plus représentées de Racine, met en scène la naissance d’un tyran, Néron, qui convoite Junie amoureuse de son frère Britannicus et n’hésite pas à faire empoisonner ce dernier après avoir arrêté Agrippine sa propre mère. Dans cette scène 2 de l’acte 2, L'empereur Néron révèle à son confident Narcisse qu'il est amoureux de Junie, la femme qu'il a enlevée. En quoi cette scène donne-t-elle une image ambiguë de Néron ? https://www.pimido.com/philosophie-et-litterature/litterature/commentaire-detexte/britannicus-racine-2-2-423554.html 1er mouvement : Néron un homme amoureux NÉRON V 383 Depuis un moment, mais pour toute ma vie. J'aime (que dis-je, aimer ?) j'idolâtre Junie. La réplique « Depuis un moment, mais pour toute ma vie » (v.383) traduit bien le fait que Néron a eu un « coup de foudre ».

"pour toute ma vie " / opposé à "moment": antithèse qui révèle la soudaineté de l'amour Néron est tombé amoureux très rapidement (« un moment ») ; en revanche, c’est un sentiment très fort qui le prend, comme en témoigne ensuite toute la suite de la scène, qui n’est qu’une longue déclaration d’amour.

L’amour profond que ressent Néron est en même temps accentué par l’antithèse entre ces deux idées : face à la brièveté du moment depuis quand Néron est amoureux, il oppose « toute sa vie », comme une promesse d’engagement et une promesse de la solidité de ses sentiments.

Lorsque Néron avoue ses sentiments, il commet un blasphème : « J’aime (que dis-je aimer ?), j’idolâtre Junie.

» Junie est en effet placée au rang d’idole, c’està-dire la représentation d’une divinité sous forme matérielle.

C’est un blasphème dans la mesure où les seules choses qu’on peut idolâtrer (ou dans son sens étymologique adorer), ce sont bien les images pieuses, en accord avec la religion.

La phrase est d’autant plus marquante qu’elle contient une double allitération en « j » et en « i », insistant sur le parallèle entre l’idole et Junie.

c'est un amour excessif et démesuré que Néron éprouve pour Junie, comme le prouve l'hyperbole « je l'idolâtre » NARCISSE Vous l'aimez ? question rhétorique de Narcisse, « Vous l’aimez », force le héros à s’expliquer, se confier, dévoiler ses sentiments Néron domine l’ensemble de la discussion avec des vers 386 à 408 une petite tirade. En un certain sens, on peut donc dire que cet extrait constitue un monologue, dans lequel le personnage de Narcisse s’efface devant Néron.

le personnage est là pour poser des questions, sommes toutes inutiles, mais qui permettent de raviver les émotions de Néron, qui permettent d’entretenir le monologue de Néron. 2me mouvement : Néron décrit à la manière d’un tableau vivant sa vision de l’enlèvement de Junie organisé en 2 temps : le 1er centré sur la scène de son apparition, le second davantage porté sur les sentiments de Néron NÉRON Excité d'un désir curieux Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux, Dès le 1er mot, Néron se place dans l’exces en se disant excité, il n’a plus de contrôle sur lui même Le portrait de Junie est introduit par l'expression « je l'ai vue » La rencontre avec Junie relève de l’apparition : le vocabulaire de la vue est essentiel « je l’ai vue » c’est en la voyant que Néron tombe amoureux de Junie : ce récit est ancré ds un cadre spatio temporel précis « en ces lieux » qui permet au spectateur de savoir que Junie a été amenée au palais tandis que « cette nuit » suggere qu’il s’est écoulé plusieurs heures depuis son arrivée Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes, La terreur de Junie est palpable : Son regard montre sa tristesse ( larmes) , elle implore les dieux « levant au ciel » Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes. Neron peint le décor de sa 1ere rencontre entre « flambeaux » et les « armes ». Néron utilise un imparfait avec une valeur de description : « ses yeux brillaient » ; « ses fiers ravisseurs relevaient Belle, sans ornements, dans le simple appareil D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil. ces qualités morales sont doublées de qualités physiques.

Ainsi, Junie est décrite comme « belle, sans ornements, dans le simple appareil, d’une beauté qu’on vient d’arracher ai sommeil ».

Ces deux vers très riches témoignent notamment du fait que la modestie dont fait preuve Junie se retrouve aussi dans son apparence : elle est sans ornements, c’est-à-dire sans décorations superflues, dans le « simple appareil ». L’antithèse entre « belle » et « sans ornement » est d’ailleurs bien là pour montrer que Junie n’a pas besoin d’ornements pour être belle.

Sa beauté naturelle, presque virginale, lui suffit à être désirable.

L’expression de « simple appareil » peut désigner aussi bien le fait que Junie soit habillée de manière simple que renvoyer à l’idée que, tout comme Ève qui rappelons-le vivait « dans le plus simple appareil », Junie est une créature divine qui n’a pas besoin de fioritures (représentation du mal, de l’hypocrisie) pour être belle. La beauté de Junie est soulignée par un polyptote « Belle (…) d’une beauté… ». L'arrivée de Junie se déroule lors d'une scène de terreur : Junie est enlevée en pleine nuit par des gardes sans connaître la raison de son enlèvement.

La violence, la brutalité de cette situation se traduit par le fait que Junie ait été « arrachée » à son sommeil.

L’emploi du pronom indéfini « on » permet à Néron de se camoufler, puisque c’est lui-même et personne d’autre qui est responsable de ce cruel enlévement Que veux-tu ? Je ne sais.... »

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