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analyse linéaire Acte II, scène 5, extrait du malade imaginaire

Publié le 02/05/2023

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« Introduction : Contexte : Il s’agit d’un extrait de la dernière pièce de Molière, auteur dramatique (= de théâtre) et directeur de troupe (L’Illustre théâtre, avec Madeleine Béjart) et comédien, au XVIIe siècle (1622-1673).

Le Malade imaginaire est sa dernière pièce. Molière est mort à l’issue de la quatrième représentation, le 17 février 1673.

Il y jouait le rôle-titre, celui d’Argan, le malade imaginaire.

Il s’agit d’une comédie-ballet, ou une comédie mêlée de musique et de danses (musique de Marc Antoine Charpentier, après avoir beaucoup travaillé avec Lully, Molière a choisi Charpentier). Comédie ballet, donc « spectacle total » et sur le plan budgétaire, l’équivalent d’une « superproduction » (on récite, mais aussi on chante, on danse, on joue de la musique, le tout coûtant très cher car il y a beaucoup d’intervenants) comme Le Bourgeois Gentilhomme, présenté l’année précédente. Situation : Cet extrait, constitué d’une seule réplique assez longue, se situe dans une scène elle-même très longue qui se déroule au milieu de la pièce : la scène 5 de l’acte II.

Il s’agit de la scène la plus longue de la pièce, qui comporte plus de quatre-vingtdix répliques (sur une vingtaine de pages dans nos éditions).

Cette scène se découpe elle-même en plusieurs saynètes comiques, comme s’il s’agissait d’une petite pièce de théâtre au milieu de la pièce Le Malade Imaginaire : l’échange absurde entre Argan et Mr Diafoirus qui doivent marier leurs enfants (ils parlent en même temps, on ne comprend rien), les compliments appris et récités de façon mécanique par le fils (qui se trompe parfois d’interlocutrice), l’éloge paradoxal du fils par son père (que nous lisons ici), et enfin le bel échange amoureux chanté entre les « vrais » amoureux : Cléante et Angélique, stoppé par le père, Argan. Projet de lecture : Le passage que nous allons étudier est constitué d’une seule réplique assez longue, qui a été « préparée » et même apprise, puisque le père Diafoirus, comme le fils, parlent comme des automates, et récitent des textes appris par cœur.

Il s’agit de l’éloge de Thomas Diafoirus par son père.

On peut parler d’un éloge paradoxal, puisque le père ne dit que des choses assez négatives sur le fils, tout en soulignant qu’il est tel que la Faculté de Médecine le souhaite, ce qui revient à faire la critique de la médecine par un médecin.

(Ce qui est drôle). Nota bene : Il est assez remarquable qu’une didascalie présente le personnage de Thomas au milieu de la scène (ce qui est très rare au XVIIe), juste avant qu’il ne parle, quand son père l’introduit (« Allons, Thomas, avancez, faites vos compliments ») : « THOMAS DIAFOIRUS est un grand benêt, nouvellement sorti des écoles, qui fait toutes choses de mauvaise grâce et à contre-temps ».

Ainsi, on sait à quoi s’attendre. Avec un prénom de « pot de chambre » (on appelait son pot de chambre « Thomas »), un nom qui évoque la même chose (« Diafoirus » entre diarrhée et foirade…) et un physique d’échalas boutonneux, le jeune homme n’est pas fait pour attirer l’amour. Plan : ce texte peut s’analyser de façon chronologique, en deux parties.

Dans une première partie, le père raconte le passé scolaire difficile de son fils.

Dans une seconde partie, il relate sa réussite dans les disputes et autres exercices rhétoriques, au terme d’études longues et laborieuses.

L’humour repose sur la succession présentée comme logique : il est nul depuis l’école, donc c’est un excellent médecin. Le spectateur ou le lecteur y décèle l’ironie de Molière (porté par Toinette, par exemple, qui fait semblant d’admirer les discours de Thomas Diafoirus mais dont on comprend bien qu’elle se moque).

Le père lui-même est très fier de son fils, il n’est pas « au second degré ». Lecture : MONSIEUR DIAFOIRUS. Monsieur, ce n’est pas parce que je suis son père ; mais je puis dire que j’ai sujet d’être content de lui, et que tous ceux qui le voient en parlent comme d’un garçon qui n’a point de méchanceté.

Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns ; mais c'est par là que j’ai toujours bien auguré de sa judiciaire, qualité requise pour l’exercice de notre art.

Lorsqu’il était petit, il n’a jamais été ce qu’on appelle mièvre et éveillé.

On le voyait toujours doux, paisible et taciturne, ne disant jamais mot, et ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l’on nomme enfantins.

On eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire ; et il avait neuf ans, qu’il ne connaissait pas encore ses lettres.

Bon, disais-je en moi-même : les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits.

On grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable ; mais les choses y sont conservées bien plus longtemps ; et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d’imagination, est la marque d’un bon jugement à venir.

Lorsque je l’envoyai au collège, il trouva de la peine ; mais il se raidissait contre les difficultés ; et ses régents se louaient toujours à moi de son assiduité et de son travail.

Enfin, à force de battre le fer, il en est venu glorieusement à avoir ses licences ; et je puis dire, sans vanité, que, depuis deux ans qu’il est sur les bancs, il n’y a point de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes les disputes de notre école.

Il s’y est rendu redoutable ; et il ne s’y passe point d’acte où il n’aille argumenter à outrance pour la proposition contraire.

Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne démord jamais de son opinion, et poursuit un raisonnement jusque dans les derniers recoins de la logique. Mais, sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle, touchant la circulation du sang, et autres opinions de même farine. ANALYSE LINEAIRE, Développement Dans la première partie de la réplique, du début à « jugement à venir », le père raconte l’apprentissage scolaire de son fils, très difficile et laborieux au début.

Le père en parle comme de quelqu’un qui est quasiment encore un enfant (« un garçon qui… ») et avec l’autorité d’un père.

La prétérition (« Ce n’est pas parce que je suis son père, mais ») ne faisant qu’insister sur la fierté du père, qui a produit un fils à son image, et qui vient d’ailleurs de le voir débiter des compliments appris par cœur, tout en donnant son avis (« optime »).

Le père utilise aussi un argument d’autorité (« tous ceux qui le voient en parlent comme….

»).

Son fils semble être son objet, son chef d’œuvre, gravé « dans le marbre.... »

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