Aide en Philo

Le sacrifice d’une reine: Sophonisbe

Publié le 03/10/2023

Extrait du document

« Le sacrifice d’une reine 1 – Histoire Née à Carthage en 235 avant J.C, Sophonisbe est une princesse peu connue du grand public.

En effet, nous ne disposons pas à ce jour de suffisamment de sources concernant son parcours.

Ce personnage dont le nom signifie « celle que Baal* protège » est la fille du célèbre et redoutable général carthaginois Hasdrubal Gisco.

Issue de la lignée des Gisconides, cette aristocrate est avant tout renommée pour sa beauté légendaire mais également pour la qualité de l’éducation qu’elle aurait reçue.

Dès son plus jeune âge, elle fut confiée aux mains de précepteurs qui lui auraient inculqué les principes de la Philosophie, des Lettres, des Mathématiques, de l’Astronomie, de l’Histoire et bien évidemment de la Danse et de la Musique.

Comme l’exigeait l’instruction de toute personne de haut rang, on l’initia aux attitudes et bonnes conduites que se devaient de tenir une princesse digne de ce nom au sein d’un grand palais de Carthage.

Sophonisbe devait cet enseignement si soigné à son père qui la prédestinait à un grand avenir. *Baal est la divinité suprême de la civilisation carthaginoise. Nous pouvons affirmer que le destin de Sophonisbe fut tout aussi accablant que tragique.

Pour commencer, la belle vécut au 3ème siècle dans une période troublée et plus précisément au beau milieu de guerres.

Ces guerres surnommées « guerres puniques », que l’on peut diviser en trois conflits s’étalant de 264 à 146 av.

J.-C, opposaient la Rome antique et la civilisation carthaginoise.

Depuis plusieurs décennies, la grande cité africaine Carthage et sa puissante rivale Rome ne cessaient de se quereller afin d’obtenir l’hégémonie économique et politique de la Méditerranée occidentale. À cette période, Rome avait l’avantage : Scipion l’Africain, chef de guerre romain et ses troupes s’étaient emparés de l’Espagne et menaçaient d’accoster sur les terres africaines. C’est pourquoi, Hasdrubal désirait à tout prix trouver des alliés pour faire face à la menace de taille qui pesait sur son territoire.

Ils se rapprocha alors des Numides, un ancien peuple d’Afrique du Nord entretenant des liens commerciaux et politique avec Carthage et notamment de Syphax, vieux roi de Numidie occidentale.

Ils sympathisèrent rapidement et le souverain accepta de se ranger aux côtés des Carthaginois.

En signe de cette alliance, Syphax reçut la sublime Sophonisbe pour épouse.

Tous deux se marièrent vers 205 av.

J.C, pour commencer, dans une visée exclusivement politique puis, finalement, ils ne tardèrent pas à éprouver de réels sentiments l’un pour l’autre.

De nombreux historiens grecs et romains s’accordent à dire que la princesse carthaginoise aurait eu une importante influence sur Syphax : c’est elle qui l’aurait, par exemple, convaincu à prendre les armes et à lutter contre Rome.

La carthaginoise abandonna alors son titre de princesse pour celui de reine de Numidie.

Cependant, il ne s’agirait pas du premier mariage de Sophonisbe.

Appien, historien grec du 2ème siècle, affirma qu’elle fut auparavant fiancée à Massinissa, jeune et valeureux roi de Numidie orientale et rival de Syphax.

Ils étaient épris l’un de l’autre et avaient notamment pour projet de se marier. Alors qu’elle fut la réaction de Massinissa lorsqu’il apprit cette alliance… Jusqu’ici associé aux Carthaginois, ce dernier changea brusquement de camp se sentant trahi et offrit, stratégiquement, son soutien aux Romains et au général Scipion. Comme redouté, les armées de Scipion arrivèrent en Afrique et affrontèrent celles de Syphax et Hasdrubal.

Malgré une supériorité numérique, ces derniers subirent une défaite affligeante lors de la bataille des Grandes Plaines au début de l’année 203 av.

J.C.

Mais Syphax rêvant d’une victoire créa une nouvelle légion (sans aucun doute grâce aux encouragements de Sophonisbe) et continua de lutter.

Or, il fut de nouveau vaincu.

Cette fois-ci, son ennemi Massinissa le captura et le conduit jusqu’aux portes de sa capitale Cirta (cœur historique de Constantine en Algérie). Syphax, humilié, fut forcé de céder sa ville au jeune souverain.

Sophonisbe appris la défaite de son époux et la victoire de son amour de jeunesse.

Le jeune homme retrouva Sophonisbe qui craignait de devenir la propriété du peuple romain et de devoir figurer comme trophée de victoire de Scipion.

Elle redoutait d’être traînée dans les rues de Rome et de devoir subir les insultes d’une foule hystérique.

Elle supplia alors Massinissa de la prendre sous sa protection. Celui-ci décida de l’épouser mais, à leur plus grand dam, le commandant Scipion lui ordonna de renoncer à la jeune reine de peur que cette union ne fragilise leur alliance. Désespérés, les deux amants ne possédaient plus de recours.

Sophonisbe savait que la mort l’attendait et Massinissa, son valeureux chevalier, ne pouvait la sauver de ce sort malheureux.

Pour ne pas perdre sa dignité en s’offrant à l’ennemi, elle fit le choix de se suicider.

Selon la légende, c’est Massinissa, lui-même, qui lui tendit la coupe funeste contenant le poison que la douce Sophonisbe but sans hésitation.

Il lui épargna le supplice de devoir se livrer à Scipion.

Ce sacrifice représentait un grand acte de courage pour une reine.

Elle ferma ainsi les yeux en juin 203 av. J.C à Cirta, dans les bras de son bien-aimé. L’histoire si tragique de cette femme à la fois séductrice et manipulatrice inspira, des siècles durant, grand nombre d’artistes, écrivains, romanciers, poètes, musiciens ou encore auteurs dramatiques dont Corneille, Voltaire ou encore Jean Mairet. 2 – Extraits texte latin Intranti vestibulum1 in ipso limine Sophoniba, uxor Syphacis, filia Hasdrubalis Pœni, occurrit ; et, cum in medio agmine armatorum Masinissam insignem cum armis, tum cetero habitu conspexisset, regem esse, id quod erat, rata, genibus advoluta ejus : « Omnia quidem ut posses, inquit, in nobis di dederunt virtusque et felicitas tua ; sed si captivæ apud dominum vitæ necisque suæ vocem supplicem mittere licet, si genua, si victricem attingere dextram, precor quæsoque per majestatem regiam, in qua paulo ante nos quoque fuimus, per gentis Numidarum nomen, quod tibi cum Syphace commune fuit, per hujusce regiæ deos, qui te melioribus ominibus accipiant quam Syphacem hinc miserunt, hanc veniam supplici des ut ipse quodcumque fert animus de captiva tua statuas neque me in cujusquam Romani superbum et crudele arbitrium venire sinas.

Si nihil aliud quam Syphacis uxor fuissem, tamen Numidæ atque in eadem mecum Africa geniti quam alienigenæ et externi fidem experiri mallem : quid Carthaginiensi ab Romano, quid filiæ Hasdrubalis timendum sit vides.

Si nulla re alia potes, morte me ut vindices ab Romanorum arbitrio oro obtestorque ». Tite-Live, Ab Urbe condita, Livre XXX - Chapitre 12 A l’instant où Masinissa se présenta à l’entrée du palais, Sophonisbe, épouse de Syphax et fille du Carthaginois Hasdrubal, sur le seuil même accourut vers lui ; et, dès qu’elle aperçut au milieu d’un groupe de soldats Masinissa remarquable à ses armes, mais surtout à l’ensemble de sa prestance, elle pensa à juste titre qu’il était le roi, se jeta à ses genoux et lui dit : « Les dieux, ton courage et ta chance t’ont assurément donné tout pouvoir sur nous ; mais s’il est permis à une captive d’adresser une parole suppliante au.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles