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CORRIGE Lecture linéaire n°2 : Colette, Sido, « Car j’aimais tant l’aube déjà »

Publié le 08/11/2025

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« CORRIGE Lecture linéaire n°2 : Colette, Sido, « Car j’aimais tant l’aube déjà » Introduction Gabrielle Sidonie Colette (1873-1954) qui choisira comme nom de plume le patronyme1 Colette est une figure majeure de la littérature du XXème siècle. Elle quitte sa bourgogne natale à 20 ans pour épouser Henri Gauthier Villars (dit Willy), un journaliste parisien en vogue.

C’est lui qui poussera Colette à écrire ses premiers cahiers de souvenirs d’enfance qui deviendront une série de romans à succès, les Claudine. Colette ne cessera plus d’écrire : sur l’amour, la désillusion, les animaux, le pays natal…et les absents. Mais c’est seulement une dizaine d’années après la mort de Sido (1912) que Colette ne cessera d’écrire sur sa mère en en faisant selon ses propres mots, « le personnage central de (s)on œuvre ».

Comme si, peut-être, Colette avait eu besoin de s’éloigner de Sido pour y parvenir...

« Il faut du temps à l’absent pour prendre sa vraie forme en nous.

Il meurt, – il mûrit, il se fixe » écrira-t-elle. Le recueil Sido (1930) composé de trois chapitres ressuscite la mère mais aussi le père dans le chapitre Le Capitaine et les frères dans le 3ème chapitre intitulé Les sauvages. Les critiques sont unanimes pour saluer cette œuvre.

Colette comme Proust, « veut suspendre le temps, transmuter le transitoire en éternel.

» écrira un critique. La figure de Sido y est ambiguë puisqu’ a la fois mère et femme aimante et despotique mais aussi déesse de la nature : réalisme et transfiguration construise le portait de cette mère toute puissante qui a transmis à sa fille le culte de la nature. Le passage que nous allons étudier se situe au début du chapitre Sido. Écrit à la première personne et à l’imparfait, le passage oscille entre autobiographie et recréation et évoque en un récit proche de la prose poétique, les promenades à l’aube que sa mère l’autorisait à faire seule, alors qu’elle n’avait qu’une dizaine d’années. Notre fil directeur tentera de montrer comment Colette parvient à célébrer l’aube et Sido dans un même chant de célébration du monde. Mouvements L’aube offerte La naissance du jour La célébration du monde et de Sido 1 Nom de famille du père Étés réverbérés par le gravier jaune et chaud, étés traversant le jonc tressé de mes grands chapeaux, étés presque sans nuits… Le passage s’ouvre sur une phrase sans verbe, au rythme ternaire : le ton se fait incantatoire. Le terme « Etés » repris 3 fois au pluriel évoque une expérience plusieurs fois vécues (mais toujours unique), Le participe passé « réverbérés » insiste sur la lumière, l’éblouissement. Aussitôt viennent d’autres sensations « gravier jaune et chaud » qui renvoie à la sensation visuel et tactile de chaleur La narratrice n’est présente que par la métonymie « mes grands chapeaux » On sait qu’on est au cœur de l’été « étés presque sans nuits » mais il ne s’agit pas ici de donner au lecteur un cadre spatio-temporel précis mais plutôt de retrouver les sensations, les émotions de l’enfance dans cet instant de grâce qu’est l’aube.

Suggère également la durée des journées en été, amplifiant ainsi la perception de la vie intense et lumineuse « réverbérés », « jaune ». Les points de suspension contribuent à la dimension mystérieuse du paysage. Car j’aimais tant l’aube, déjà, que ma mère me l’accordait en récompense. Courte phrase qui met en parallèle la célébration de l’aube et de la mère L’emploi de l’imparfait d’habitude « j’aimais », de l’adverbe « déjà » accompagné de l’adverbe d’intensité « tant » montre une fascination qui n’a pas cessé.

Il y a filiation, continuité entre le « je » de l’enfance et le « je » de l’adulte au moment de l’écriture. Quant à la mère elle apparait ici comme une sorte de divinité offrant « l’aube », donc la naissance du monde à sa fille : « ma mère me l’accordait en récompense ».

On peut donc voir ici célébration du monde mais aussi de la mère. J’obtenais qu’elle m’éveillât à trois heures et demie, et je m’en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues. L’indication « trois heures et demie, » marque le début du récit.

Mais donne aussi une indication sur une éducation atypique, inhabituelle. Le verbe d’action « je m’en allais » à l’imparfait à valeur d’habitude marque la détermination et symboliquement la recherche d’une nourriture pas seulement terrestre :« un panier vide à chaque bras » peut suggérer la recherche de choses inconnues, ignorées qu’on ramènera avec soi de cette « expédition ».Une expérience existentielle. La nature est personnifiée « des terres maraîchères qui se réfugiaient » comme si elle voulait se protéger des hommes. La quête pour « les fraises, les cassis et les groseilles barbues » nous ramène aux sens, « barbues » suggérant ici une sensation gustative.

Elle donne aussi l’image d’une nature bienveillante et nourricière.

Et celle du conte aussi ( image du petit chaperon rouge) Il y a donc dans cette ouverture un lien très fort qui se manifeste entre la figure maternelle et la nature. (2° mouvement) À trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps… « À trois heures et demie » cette précision temporelle produit un effet de réalité mais aussitôt dementi par la suite de la phrase : « tout dormait dans un bleu originel, humide et confus » :les 3 adjectifs magnifient la description de la naissance du jour (pour employer le titre d’une œuvre de Colette) et lui donnent une dimension mythique . En effet, on est avant même l’éclosion du jour « tout dormait » , c’est le monde « originel », la source.. Le « bleu originel » suggère renforce cette impressio et donne une sensation de calme, de sérénité.

C’est paysage onirique (rêve) ;« confus », « brouillard » suggèrent aussi un certain mystère Et cette longue phrase constituée de propositions indépendantes constitue autant d’étapes qui associent la naissance du jour à la naissance de la narratrice qui se dessine peu à peu sous nos yeux « d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines ». Tous les sens sont convoqués à travers les parties du corps : le toucher par « jambes » et « torse »,.... »

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