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Le trouble dissociatif de l’identité : une fabrication sociale ou une réalité psychique ?

Publié le 15/05/2023

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« Le trouble dissociatif de l’identité : une fabrication sociale ou une réalité psychique ? Introduction Le trouble dissociatif de l'identité aussi appelé trouble de la personnalité multiple, est une pathologie mentale qui se caractérise par la présence de plusieurs identités dans un seul corps.

Bien que reconnu par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM5) publié par l'Association américaine de psychiatrie dans les années 2000, ce trouble est très peu connu par le grand public.

Il toucherait pourtant entre 1 et 3% de la population française selon l’Observatoire de la santé.

Associé à tord au personnage principal du film Split qui est un tueur, le TDI est une pathologie injustement stigmatisée.

Les personnes qui en souffrent ont plusieurs alters : "Un alter, c’est un état alternatif de conscience, on est plusieurs identités dans un seul corps", explique notamment Olympe, une YouTubeuse de 21 ans possédant par exemple quant à elle 11 alters.L'expression "alter" est souvent utilisée pour désigner les différentes identités ou personnalités qui co-existent au seins d’un même corps.

Chaque alter peut avoir sa propre façon de parler, de se comporter et de se souvenir des événements, et souvent ces altères ont des noms différents.

[ CIM-10 p143] C’est notamment le cas, de Kevin Wendell Crumb, joué par James McAvoy, dans le film cité cidessus, qui est présenté comme ayant 23 personnalités différentes, ce n’est que pour en citer quelques unes, comme Dennis, une personnalité obsessionnelle qui a enlever les 3 jeunes filles, Patricia, qui est vu comme la gardienne des personnalités de Kevin et qui aide Dennis dans l’enlèvement de ces filles.

Il y a également Heidwig, une des personnalités les plus douces de Kevin, ou encore Heinrich, un homme qui parle couramment l’allemand, Luke, une personnalité qui est vu comme un enfant de 6ans traumatisé.

La bête, une personnalité, qui apparaît seulement dans les moments de stress et d’angoisse, ou à son contraire Kat, qui apparaît seulement dans les moments joyeux… Dans cet essai, je développe la notion du trouble dissociatif de l’identité, qu’on appellera par simplicité tout le long de cet essai « TDI » .

Premièrement, je montre les causes et origines du trouble qui me poussent à dire que les personnes atteintes ont des personnalités distinctes qui co-existent bien en elles(1).

Les fondements empiriques posés, je pourrais caractériser de façon plus ou moins opposé la notion de construction ou de fabrication sociale et non plus de trouble pour expliquer les comportements étranges de personnes atteintes de ce dernier(2).

Enfin, j’exposerais les traitements jusqu’à lors connu pour « soigner » les personnes atteintes de cette maladie(3) 1.

Un trouble réel. Comme dit précédemment, de nombreux chercheurs comme R.

Gillet par exemple, soutiennent la thèse que le trouble dissociatif de l'identité (TDI) est un trouble psychologique caractérisé par la présence de deux ou plusieurs identités distinctes ou états de personnalité dans une même personne, qui prennent le contrôle de son comportement de manière récurrente.

Gillet dans son article « Multiple personality and the concept of a person » va critiquer le célèbre Kant.

En effet, ce dernier avait affirmé jusqu’à lors qu’une personne peut-être vu comme une entité rationnelle et autonome.

Gillet ajoute que la vision d’une personne est incomplète, car elle ne prends pas en compte les différentes facettes de l’Homme et de ses altères.

Si le terme de dissociation semble avoir été utilisé pour la première fois bien avant tout ça, par Moreau de Tours, la première publication d'un cas que l'on classifierait aujourd'hui de TDI semble être celle de Charles Despine.

Ce dernier, décrit le cas d'une patiente nommée Estelle L'Hardy, et établit un lien entre les présentations cliniques hystériques de la patiente ,principalement ce que l'on nommait à l'époque un dédoublement de la conscience , et un traumatisme infantile.

Quelques temps plus tard, un cas célèbre de la littérature francophone nous est donné par Etienne Azam, le cas de Félida X.

Il décrit le phénomène de « double conscience », avec un état au caractère triste et un autre au caractère joyeux , avec amnésie d'un état pour l'autre.

Les causes de ce trouble sont encore mal comprises de nos jours, mais différentes théories ont été proposées pour expliquer ses origines. Différentes théories explicatives (3) - Théorie du traumatisme : Selon cette théorie, le TDI peut être causé par des expériences traumatisantes, en particulier pendant l'enfance.

Ces expériences peuvent inclure des abus physiques, sexuels ou émotionnels, ainsi que des traumatismes comme la guerre ou les catastrophes naturelles.

Cette théorie soutient que la dissociation est une stratégie de survie pour faire face à des situations traumatisantes.

Judith Herman, dans "Trauma and Recovery: The Aftermath of Violence - From Domestic Abuse to Political Terror" (Trauma et guérison : les conséquences de la violence - de la violence domestique au terrorisme politique) a développé une théorie sur les effets du traumatisme sur la psyché humaine.

Elle soutient l’idée que les expériences traumatiques peuvent provoquer une rupture dans l'histoire de vie d'un individu et entraîner une dislocation de l'identité.

Selon elle, les traumatismes peuvent perturber la capacité de l'individu à intégrer et à donner un sens à ses expériences, ce qui peut donc entraîner une dissociation ou une fragmentation de l'identité. - Théorie de la suggestion : Cette théorie suggère que le TDI peut être causé par des pratiques thérapeutiques ou culturelles qui encouragent la création de personnalités multiples.

Selon cette théorie, les patients peuvent être influencés par des personnes de confiance, que ce soit du côté familiale, ou côté soignant, à croire qu'ils ont plusieurs personnalités distinctes en réponse à la suggestion ou à la pression sociale.

C’est ce qu’on appelle l’ "implantations de souvenirs", aussi appelé "memory implantation theory". Selon cette théorie, des souvenirs fictifs peuvent être créés chez des patients vulnérables à la suggestion, souvent lors de séances de psychothérapie ou de récupération de souvenirs.

Cette théorie soutient que certains thérapeutes, parfois inconsciemment, peuvent influencer leurs patients en suggérant des événements traumatiques qui n'ont peut-être jamais eu lieu.

Les patients peuvent ensuite intégrer ces souvenirs fictifs dans leur propre histoire de vie et croire qu'ils ont vécu des événements qui ne se sont jamais produits.

Sybil, un roman de Schreiber, traite, notamment le cas d’une patiente diagnostiquée de ce trouble dans les années 1970.

Sybil a été traitée par un psychiatre nommé Cornelia Wilbur, qui a utilisé des techniques de thérapie régressive pour encourager cette dernière à explorer et à raconter des souvenirs de son enfance.

Au cours de ces séances de thérapie, Wilbur a encouragé Sybil à imaginer des personnalités multiples qui seraient apparues pour faire face aux traumatismes de son enfance.

Sybil a commencé à prétendre qu'elle avait plus de 16 personnalités distinctes, chacune avec sa propre voix, comportement et histoire de vie. - Théorie biologique : Celle-ci suggère que ce trouble peut être causée par des anomalies neurologiques ou des déséquilibres chimiques dans le cerveau. Cette théorie est basée sur l'observation que certaines personnes atteintes de TDI présentent des anomalies cérébrales, telles que des lésions dans certaines zones du cerveau ou une activité cérébrale altérée lors de certaines tâches cognitives.

Plusieurs études grâce à des IRM ( cf image ci-dessous) ont suggéré que les personnes atteintes de TDI ont des altérations dans certaines régions du cerveau qui sont impliquées dans la régulation des émotions, la mémoire et l'identité principalement.

Par exemple, certaines études ont montré que ces personnes présentent une diminution de la densité de matière grise dans l'hippocampe, une région du cerveau impliquée dans la mémoire, ainsi que dans le cortex préfrontal, une région impliquée dans la prise de décision et la régulation des émotions.

Il y a également l’activation de la zone de l’amygdale, qui sert notamment à la régulation des émotions et à la réponse au stress.Cependant, il est important de noter que ces observations sont basées sur un nombre limité de cas, et que la plupart des personnes atteintes de TDI ne présentent pas de telles anomalies cérébrales. ( A gauche, un cerveau sain, à droite, un cerveau d’une personne atteinte de TDI) A partir de ces différentes causes empiriques, de nouveaux concepts font face, c’est notamment le cas de la théorie de Carl Jung, également appelé « théorie de l’ombre du soi ».

Ici, l'ombre est un concept important qui se rapporte à ces aspects refoulés ou réprimés de la psyché qui peuvent se manifester sous forme de personnalités multiples chez une personne atteinte de trouble dissociatif de l'identité.

Par exemple, une personne ayant vécu un traumatisme ou ayant subi des abus peut refouler les souvenirs et les émotions associés à ses expériences traumatisantes, créant ainsi une dissociation entre son moi conscient et son moi inconscient.

Cette fragmentation peut entraîner la formation de différentes identités dissociatives qui cherchent à protéger la personne de la douleur et de la confusion associées à ce traumatisme.

L'ombre se réfère à ces parties de nous-mêmes que nous préférons ne pas voir ou que nous avons refoulées dans notre inconscient.

Elle peut être considérée comme une part d'ombre,.... »

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